La marche anti-pesticides à Bordeaux : merci Cash Investigation

Publié le par Notre Terre

La marche anti-pesticides à Bordeaux : merci Cash Investigation
La marche anti-pesticides à Bordeaux : merci Cash InvestigationLa marche anti-pesticides à Bordeaux : merci Cash Investigation

 

 

En préambule de cet article de "Reporterre", je tenais à signaler mon étonnement face à cette vague de consternation, de colère et de peur suscitée par le reportage d'Elise Lucet. Oui je suis étonné que la France se réveille un beau matin en se rendant compte que notre nourriture est contaminée....depuis des décennies. A croire que la majorité d'entre nous vivait dans le déni le plus total, bercée par les jolis discours de la publicité et des experts en neuro marketing tout ceci saupoudré de téléréalité et de séries débiles proposées par TF1.

 

A croire que maintenir son peuple dans l'ignorance en le détournant des vrais réalités par le divertissement est chose aisée car il suffisait simplement de faire quelques recherches sur google accompagnée des étiquettes d'ingrédients des produits qu'on achète en supermarché pour s'apercevoir que notre industrie et notre agriculture nous empoisonnent depuis plus de 60 ans!

 

Suite à la diffusion d’un documentaire télévisé sur les pesticides, les militants pour l’interdiction de ces molécules ont rassemblé un millier de personnes à Bordeaux. En Gironde, l’inquiétude se répand au sujet d’écoles installées au bord des vignes et du danger pour les enfants ainsi exposés.

 

L’appel à marcher dans les rues de Bordeaux n’avait été lancé que le 6 février, sur les réseaux sociaux. Pourtant, en à peine plus d’une semaine, l’invitation des associations locales (Confédération paysanne Gironde, Générations futures Bordeaux, Vigilance OGM33, Allassac ONGF, les Amis de la Terre Gironde, Collectif Alerte Léognan et Info Médoc Pesticides) a bien été reçue. Et dimanche 14 février, tout le monde a été surpris par le nombre de personnes venues réclamer l’arrêt de l’utilisation des pesticides dans l’agriculture.

 

Sous la pluie et dans le froid, environ 600 manifestants (1.000 à 1.500 selon les organisateurs) ont déambulé de l’hôtel de ville à la préfecture de la Gironde, en passant par le Conseil départemental. Dans le cortège, des militants écologistes, mais aussi beaucoup de parents inquiets pour la santé de leurs enfants.

Cette marche blanche faisait suite à la diffusion sur France 2, le 2 février dernier, du documentaire Cash investigation, « Produits chimiques, nos enfants en danger » (toujours consultable en ligne, où la Gironde est décrite comme premier consommateur de pesticides cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR) de France.

À l’initiative, deux femmes qui se battent pour faire reconnaître la responsabilité des pesticides dans la mort de leurs proches et demandent leur interdiction : Valérie Murat (qui avait participé à la Rencontre de Reporterre sur les pesticides donc le père viticulteur est décédé en 2012 d’un cancer lié à l’arsénite de sodium, et Marie-Lys Bibeyran, dont le frère est mort d’un cancer rare en 2009.

« Cela faisait longtemps qu’on voulait organiser une manifestation à Bordeaux. Là, après Cash Investigation, c’était l’occasion de profiter de l’émotion suscitée », explique à Reporterre Valérie Murat. « Car, si beaucoup de gens étaient déjà informés, l’émission a créé un électrochoc dans le grand public. »

 

Mais pourquoi la mobilisation prend-elle particulièrement en Gironde ? À cause de l’omerta, selon les deux femmes : « Il y a un déni profond entretenu par les institutions. Dès le lendemain de la diffusion du documentaire, Bernard Farges, président du Comité interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB), ainsi que la Chambre d’agriculture, ont lancé la machine à désinformer, avec un discours cosmétique » rappelle Valérie Murat.

 

Grosse inquiétude sur les enfants

 

C’est principalement la mise en danger des enfants, par le biais des écoles, qui fait réagir. Dans le département, pas moins de 130 écoles sont exposées aux pesticides car enclavées dans les vignes. Or, si des études épidémiologiques commencent à pointer la corrélation entre ces zones et des cancers pédiatriques, notamment des leucémies, aucune étude toxicologique ne permet pour l’instant d’établir de causalité directe.

« Arriver à rassembler autant, c’est pas anodin. Cela fait trois ans que je sollicite le CIVB, la Chambre d’agriculture, le président de région Alain Rousset, en leur disant : ’Attention, ça va vous péter à la gueule’. Ce soir, ils font moins les malins. Car quand les gens descendent dans la rue, c’est bon pour le rapport de force » assure Valérie Murat. « Et je crois que ça va essaimer » poursuit-elle.

 

Marie-Lys Bibeyran fait également preuve d’optimisme : « Je pense qu’il y aura un avant et un après 14 février, au niveau local. Les gens ont montré qu’ils étaient informés et capables de se mobiliser. Maintenant je ne vois pas comment les institutions pourraient ne pas bouger. »

Dimanche, par la voix de Dominique Techer de la Confédération Paysanne Gironde, les manifestants ont d’abord demandé la protection des écoles. « Nous voulons que les vignes situées à proximité des établissements scolaires soient obligées de passer en bio, dès maintenant » explique Marie-Lys Bibeyran. « On ne peut pas imaginer une nouvelle saison comme ça, avec des épandages autour des écoles. »

 

Ensuite, se donner les moyens de comprendre les effets des pesticides : « On veut des études toxicologiques pour quantifier et caractériser l’exposition aux pesticides » dit Valérie Murat. « Mais pour cela, il faut une volonté politique. La région pourrait se saisir de cette question. Car quand tout le monde à l’étranger saura que le vin a intoxiqué des gens voire les a conduit à la mort, ils ne voudront plus en boire. »

 

Les deux femmes, qui se battent depuis plusieurs années déjà, ne manquent pas d’idées. « On sait qu’il faut occuper le terrain » avertit Marie-Lys Bibeyran. « J’ai rendez-vous avec le préfet le 1er mars pour lui remettre une pétition pour la réduction de l’exposition des salariés de l’agriculture et des industries agro-alimentaires aux pesticides, qui est rendue à 6.800 signatures. » Valérie Murat, elle, poursuit des procédures judiciaires pour faire reconnaître son père comme victime de l’industrie chimique.

 

Source : Baptiste Giraud pour Reporterre

 

 

 

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