L’« Atlas de la France toxique » dresse l’inventaire des sites les plus pollués

Publié le par Notre Terre

L’« Atlas de la France toxique » dresse l’inventaire des sites les plus pollués

Des pesticides à la pollution de l’air, en passant par les déchets de marées noires, les boues de dragage ou encore les PCB : à travers 36 cartes, Atlas de la France toxique, publié le 4 mai par l’association Robin des bois aux Editions Arthaud, dresse un inventaire des pollutions et des risques qui menacent l’environnement et la santé sur notre territoire.

L’association se défend de seulement dénoncer les pollueurs et veut avant tout faire réagir : « C’est un atlas violent mais réaliste, pédagogique, explique Jacky Bonnemains, son président. Il s’agit d’informer et d’inciter le public, les riverains, les victimes à s’organiser pour interpeller les responsables. »

Cette compilation, réalisée à partir des enquêtes de l’association et des données institutionnelles et publiques, ressemble néanmoins quelque peu à un pot-pourri dont l’odeur donne le tournis : le résultat en devient presque indigeste. Toutefois, ce livre a le mérite de rappeler que toute activité humaine génère des risques et des pollutions, dont on prend trop souvent tardivement la pleine mesure.

 

  • Usage massif de pesticides

Ainsi, la conscience des risques que représentent les pesticides pour la santé et l’environnement a beau grandir, leur usage dans les campagnes françaises ne cesse de croître. Bien que nombre de ces substances chimiques soient classées CMR – cancérogènes, mutagènes (toxique pour l’ADN) ou reprotoxiques (nocifs pour la fertilité) –, le secteur agricole en consomme de plus en plus, avec une hausse annuelle de 5,8 % entre 2011 et 2014, qui s’est même accélérée ces dernières années (+ 9,4 % entre 2013 et 2014), selon les derniers chiffres officiels publiés début mars. La carte des CMR, dressée par Robin des bois à partir des données de l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques, vient ainsi rappeler les volumes toujours plus importants vendus annuellement dans chaque département français.

 

  • Une amiante toujours présente

Autre exemple de produit toxique, l’amiante, qui a envahi hôpitaux, écoles, usines... Très tôt déclaré cancérogène mais interdit seulement en 1997, l’amiante a été si longtemps exploité en France qu’on est loin encore d’en être libéré. « Vingt millions de tonnes de produits amiantés sont encore en place sur le territoire national », selon Charlotte Nithart, de Robin des bois, qui regrette le manque de communication sur ce matériau. Selon l’atlas, il tuera entre 100 000 et 200 000 personnes en France dans les quarante prochaines années. Le percement du tunnel Lyon-Turin dans les Alpes risquerait même de révéler des gisements jusque-là inconnus. Il faudra alors traiter les déblais comme des déchets toxiques et protéger les ouvriers.

 

  • Une pollution cachée : les déchets de guerre

L’ouvrage évoque également les pollutions que l’on a oubliées, comme les munitions tirées lors des trois grandes guerres qu’a connues la France (1870, 1914-1918, 1939-1945), mais non explosées, qui dorment dans les forêts, les champs et autres lacs, grottes et gouffres. Ou les perchlorates utilisés comme propulseur et comme explosif dans les bombes et les munitions d’artillerie, et qui se sont répandus dans les sols, sous-sols et eaux souterraines et refont surface. Sur plus d’un milliard d’obus tirés lors de la première guerre mondiale, 25 % n’ont pas explosé.

 

En 2012, dans plusieurs communes du Nord et du Pas-de-Calais, des sels de perchlorate ont été découverts dans l’eau potable, à des niveaux supérieurs aux seuils réglementaires. Depuis, plus de 500 communes du nord et de l’est de la France recommandent aux femmes enceintes de ne pas boire l’eau du robinet, rappelle l’Atlas. Car, affectant la glande thyroïde, ces perturbateurs endocriniens retardent le développement des enfants.

 

Les côtes françaises ne sont pas épargnées. Des millions d’armes chimiques et conventionnelles ont été, après chacune des deux guerres mondiales, immergées dans l’océan. La vitesse de corrosion de ces munitions est d’environ 1 mm par an. A ce rythme, les poisons qu’elles dégagent ont le temps de contaminer sans entrave la faune et la flore des fonds marins.

 

 

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