Planète Terre : le « jour du dépassement » est arrivé
Quoi de neuf ce lundi 8 août ? Juste que la planète est en état de faillite environnementale. À ce jour, la planète a consommé, depuis le 1er janvier, toutes les ressources naturelles renouvelables dont elle aurait besoin sur une année.
C’est comme un ménage qui aurait dépensé en vingt-neuf semaines douze mois de revenus. Une analogie qui n’est, hélas, pas si invraisemblable, et dont la conséquence est le surendettement puisqu’il faut bien emprunter pour tenir jusqu’au bout.
En matière d’environnement, le surendettement c’est puiser dans les réserves de la planète en reportant aux générations futures les conséquences de la dilapidation du patrimoine naturel.
L’expression « générations futures » n’est d’ailleurs plus de mise. L’impact est déjà à l’échelle de nos vies. Et ça ne date pas de cette année, même si en 2015 on a enregistré, du fait de l’activité humaine, l’année la plus chaude depuis… 1861, selon le rapport annuel de l’agence américaine (NOAA) qui observe en permanence l’atmosphère et les océans.
Les effets ne sont pas seulement des sécheresses de plus en plus longues, mais la montée du niveau des mers, la multiplication d’événements climatiques extrêmes (inondations, incendies, tempêtes…) et un air vicié par les émissions de dioxyde de carbone, pour ne citer que les phénomènes les plus perceptibles.
Alors il ne faut pas s’étonner que l’on batte encore cette année le triste record de la date la plus précoce où l’homme consomme la nature à crédit. L’étude qui situe chaque année cette échéance sur le calendrier provient des travaux d’un institut international d’experts, le Global Footprint Network, qui s’appuie sur les données fournies par les Nations unies. Elle ne garantit pas sa « date » au jour près. Mais depuis une vingtaine d’années, le « jour du dépassement » n’a cessé d’être avancé, en retenant les mêmes critères, de trois jours par an en moyenne ; en 2015, c’était même le… 13 août.
Dans le contexte du moment, il est probable que l’on retiendra plus dans l’opinion l’annulation de la braderie de Lille, la plus grande brocante d’Europe, pour cause de risque terroriste, ce terrorisme qui a encore frappé en Belgique avec l’agression à la machette de deux policières par un suppôt de Daech. Il n’y a bien sûr aucune mesure comparable du niveau de peur diffuse des tueurs fanatiques et du degré d’angoisse face à nos désordres climatiques, mais si un lien doit être quand même établi, c’est que ceci et cela nous renvoie à cette question devenue fondamentale : mais dans quelle société allons-nous et voulons-nous vivre ?
La présidentielle se jouera-t-elle autour de cet enjeu ? C’est ce que François Hollande veut croire, comme il l’a confié à des journalistes au retour de Rio. Vaste programme, comme disait l’autre.
Jean-Michel Helvig, la république des Pyrénées