Maltraitance animale : les caméras de vidéosurveillance dans les abattoirs dès 2018
Peu garnie, l'Assemblée nationale a adopté contre toute attente cette mesure soutenue par les radicaux de gauche.
Des caméras de surveillance dans tous les abattoirs de France. À la surprise générale, l'Assemblée nationale a adopté un amendement, porté par Olivier Falorni et les radicaux de gauche, ordonnant leur installation obligatoire, et ce dès le 1er janvier 2018. Une réponse aux vidéos chocs diffusées par l'association L214, qui avaient suscité beaucoup de réactions. Ces dernières montraient la torture que pouvaient subir certaines bêtes mal étourdies ou accrochées vivantes avant d'être abattues.
La disposition, finalement soutenue par les socialistes et le gouvernement garantit que "des caméras (seront) installées dans tous les lieux d'acheminement, d'hébergement, d'immobilisation, d'étourdissement, d'abattage et de mise à mort des animaux". Précision de taille : les directions des abattoirs ne pourront par avoir accès aux images enregistrées, à la différence des responsables de protection animale désignés dans les établissements ainsi que des services de l'État de contrôle vétérinaire.
Dans un courrier commun, dix ONG de protection animale, dont les fondations 30 millions d'amis et Brigitte Bardot, CIWF et L214, avaient mis la pression sur les députés pour qu'ils soutiennent le contrôle vidéo obligatoire afin que la proposition de loi ne soit pas vidée de "toute substance".
Le syndicat des abatteurs et découpeurs industriels, Culture viande (70 adhérents, 35.000 salariés), avait objecté que "la protection animale à l'abattoir n'est pas une affaire de caméras", mais "avant tout une question d'hommes, de formation et de bon sens". Un comité national d'éthique des abattoirs sera créé au sein du Conseil national de l'alimentation.
Si elle a été votée dans un palais Bourbon avec peu de monde sur les bancs (28 votes pour, 4 contre), débat de la primaire oblige, l'adoption définitive de la mesure est loin d'être garantie sous cette législature : les parlementaires clôtureront en effet la session dans six petites semaines. "Nous sommes déjà dans des discussions pour des expérimentations (...) Actons le fait que ça va se généraliser", a plaidé le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll après une interruption de séance, alors qu'il s'était montré prudent jusqu'alors, invoquant "la crise de l'élevage" et le "respect des travailleurs" dans les abattoirs.