«Le soja qui nous prive de nos terres sert à nourrir vos bœufs», explique un Indien du Brésil
- Un Indien venu du Brésil est à Lille pour dénoncer l’expropriation des terres dont son peuple est victime.
- Les terres sont utilisées pour des grandes cultures de canne à sucre ou de maïs et soja transgéniques.
- Les droits des peuples indiens sont inscrits dans la constitution brésilienne.
Il dénonce la perte de territoire que subit son peuple au Brésil. Pendant trois jours de conférences et d’animation à Lille*, Ladio Veron est le porte-parole de l’ethnie Guarani Kaïowa installée dans le sud du Mato Grosso, près de la frontière paraguayenne. Ce chef explique à 20 Minutes les raisons de son combat et de sa venue en Europe.
Quel problème rencontre votre peuple ?
En 1988, la constitution brésilienne a garanti des droits aux peuples autochtones, dont la délimitation des terres ancestrales. Mais cela n’a toujours pas été mis en place. Nous voyons des grandes entreprises agricoles s’approprier les terres pour y cultiver de la canne à sucre, du soja ou du maïs transgénique et nous ne sommes même pas sûrs de pouvoir garder les petites parcelles qui nous restent au milieu de cette mer de cannes à sucre.
Qu’attendez-vous de votre séjour à Lille et en Europe ?
C’est la première fois que je quitte le Brésil. Nous voulons mobiliser l’opinion internationale. Nous craignons de voir de nouvelles terres privatisées pour exploiter une importante nappe phréatique. En 1953, quand la division administrative des terres a été effectuée, nous avions 600 peuplements sur notre territoire : 300 ont été détruits, les 300 autres ont été déplacés. Il ne reste que 45.000 Kaïowas à garder les croyances, la langue et les rites.
Existe-t-il une mobilisation des peuples indiens au Brésil ?
Pas seulement au Brésil. Les Guaranis sont représentés dans plusieurs pays d’Amérique du Sud. Du 22 août au 1er septembre, nous organisons une assemblée guarani baptisée Aty Guasu où nous évoquerons la possibilité de reprendre possession de nos terres, y compris par la force. Mon père, Marcos a été assassiné en 2003 pour avoir réoccupé une partie du territoire ancestral. Depuis 2014, 380 chefs ont été tués.
Qui vous soutient en Europe ?
Trois sénateurs anglais, irlandais et espagnol et quatre parlementaires espagnols et italiens. Nous avons fait une demande auprès de sénateurs et parlementaires français mais personne ne nous a répondu. A la mairie de Lille, nous devons rencontrer la responsable des relations internationales, mais j’ai oublié son nom. Nous voulons faire comprendre que les problèmes que nous rencontrons ont un lien avec vous. Le soja qui nous prive de nos terres sert à nourrir vos bœufs.
* - Ce samedi 27 mai : à 12h, rencontre familiale à la barraca Zem, 38, rue d’Anvers ; à 14h, jeux d’enfants en langue brésilienne, musique et vidéo Guarani à la gare Saint-Sauveur ; à 16h30, marche festive et rendez-vous à 17h, à la ferme urbaine de la gare Saint-Sauveur, 17, rue Jean-Baptiste-Lebas.
- Dimanche 28 mai, à 17h, au ciné Saint-So de la gare Saint-Sauveur, 17, rue Jean-Baptiste Lebas.
- Lundi 29 mai : entre 14h et 17h, conférences et débat, puis, à 18h, projection du documentaire Martirio sur 30 ans de vie chez les Guaranis kaïowa, à l’Espace Culture de l’université de Lille-1 (M° Cité Scientifique) à Villeneuve d’Ascq.
Du 27 au 29 mai, exposition photo au Café citoyen, 7, place du Vieux Marché aux Chevaux.