Pesticides : la France bat des records en matière de dérogations
Avec 58 demandes de dérogations aux restrictions d’usage des pesticides, en 2016, la France dépasse de loin les autres pays de l’Union Européenne.
Le député européen Eric Andrieu, président de la commission parlementaire spéciale sur la procédure d’autorisation des pesticides dans l’Union Européenne fustige la France. Selon lui, le pays dépasse les autres Etats de l’UE en matière de dérogations aux restrictions d’usage des pesticides.
« Avec 58 demandes, contre une moyenne de moins de 10 dans l’UE, la France est championne des dérogations en Europe », a tweeté l’élu socialiste, se basant sur des chiffres européens de 2016, les derniers disponibles, communiqués selon lui par la Commission européenne. Selon ce même tableau, l’Espagne, désormais premier consommateur de pesticides en Europe, était à 30 dérogations en 2016 et l’Allemagne à 25.
La réglementation européenne permet des dérogations à des interdictions de produits phytosanitaires, pour une période maximum de 120 jours. Selon Eric Andrieu « la diversité agricole (française) explique mais ne justifie pas un tel niveau ».
La France doit être plus vigilante
De passage à Paris, M. Andrieu a rencontré le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, avec qui il a notamment évoqué les travaux de la commission parlementaire qu’il préside ainsi que la réforme de la PAC. « J’ai aussi voulu l’informer du niveau de dérogation sur les pesticides (en France). Il faut que la France soit vigilante pour que les dérogations ne soient pas la règle mais l’exception, a-t-il expliqué à l’AFP. La France doit donner l’exemple, pas seulement en parole. »
PEST créée par le Parlement européen en janvier 2018, à la suite de la saga de la ré-autorisation du glyphosate. Forte de 30 membres, cette « commission spéciale sur la procédure d’autorisation des pesticides » dans l’Union doit déterminer notamment s’il y a eu des failles dans le processus ayant conduit à ré-autoriser pour cinq ans le célèbre herbicide. Son rapport est attendu en décembre 2018. Elle doit notamment entendre mardi 15 mai 2018 à Bruxelles les représentants de l’industrie chimique.