Avec la 5G, la consommation d'énergie va exploser
La 5G sera-t-elle un gouffre énergétique ? Pour Anne-Cécile Orgerie, chercheuse au CNRS, seule une prise de conscience des utilisateurs de la nouvelle génération de réseaux de téléphonie mobile permettrait d'éviter un autre fiasco environnemental.
Si le vaisseau qu'est la 5G pourrait s'avérer plus économe, que dire des usages qu'elle va induire ?
Avec l'augmentation de la bande passante par utilisateur, nous allons très probablement assister à une explosion des usages, et donc de la consommation de ressources. On le voit déjà depuis plusieurs années avec le streaming. La tendance devrait s'accentuer : l'imagination des concepteurs d'objets connectés mène à des services toujours plus nombreux, qui deviennent ensuite des besoins pour une part de plus en plus grande d'utilisateurs. Tout cela contribue à ce que l'on appelle l'effet rebond du numérique (NDLR : son impact environnemental direct et indirect au regard d'une utilisation de plus en plus intensive).
Un statu quo à la 4G, moins performante, ne serait pas une solution pour autant…
Si les usages continuent d'augmenter, non. Prenons l'exemple de l'émergence des véhicules connectés : il serait encore plus coûteux sur le plan énergétique de multiplier les antennes 4G nécessaires pour garantir un niveau de service acceptable.
Les acteurs de la 5G suivent aussi l'essor de l'Internet des objets.
L'engouement est réel. Ces objets vont à présent de la brosse à dents au frigo, aux ampoules ou aux chaussettes connectées. Ils ne sont pas nécessairement conçus pour être économes en énergie. Et leur utilité peut sembler pour le moins questionnable. Tous vont pourtant émettre des ondes, utiliser des ressources et se connecter à des services hébergés dans le cloud. Une étude d'une entreprise américaine épingle entre autres les thermostats connectés dans les maisons : le nombre de connexions de ces objets devient aujourd'hui très conséquent, à tel point qu'une antenne gérant ce type d'équipements ne pourrait pas se mettre en veille. En plus, ces équipements font appel à de l'intelligence artificielle, et donc à des machines tournant en permanence dans le cloud.
Les acteurs du numérique vous semblent-ils demandeurs d'une transition technologique soucieuse de préserver les ressources énergétiques ?
Le principal incitant au changement est le coût de l'électricité. Avec l'explosion de l'utilisation des réseaux et des clouds, les opérateurs ont un besoin de plus en plus urgent de réduire le coût lié à ces infrastructures complexes, et notamment celui de l'électricité. Aujourd'hui, je les trouve beaucoup plus demandeurs de solutions, ne serait-ce que pour évaluer la consommation énergétique d'un service. Une condition indispensable pour tenter, ensuite, de le rendre plus économe.