MERCOSUR : la France rejette l'accord. Une victoire pour la planète!
La France s’est à nouveau prononcée contre le projet d’accord commercial de l’Union européenne avec le Mercosur, qui regroupe quatre pays d’Amérique latine. De l’Argentine au Brésil, les raisons de l’opposition de plusieurs pays de l’UE à cet accord sont parfois vues comme un mauvais prétexte.
Vendredi 18 septembre, le premier ministre français Jean Castex a réitéré l’opposition du gouvernement à l’accord entre l’Union européenne et le Mercosur, l’organisation commerciale qui regroupe le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay.
“L’accord prend l’eau” s’était déjà inquiété voici quelques jours le ministre brésilien de l’économie, Hamilton Mourão cité par Deutsche Welle face aux doutes alors émis par la chancelière Angela Merkel sur ce texte signé en juin 2019 entre l’UE et le Mercosur et qui doit être ratifié par chacun des pays membres.
Le Mercosur la plus grande ouverture des marchés européens à la viande sud-américaine, alors que l'élevage est responsable de 80% de la déforestation en Amazonie, selon l'organisation WWF.
Un rapport sur l’impact environnemental de ce projet d’accord, remis au premier ministre ces derniers jours, alertait à nouveau sur les lourdes conséquences que pourraient entraîner des échanges commerciaux accrus sur la déforestation et l’agriculture intensive dans les pays du Mercosur, et notamment en Amazonie.
“L’accord représente une occasion manquée pour l’UE d’utiliser son pouvoir de négociation pour obtenir des garanties solides” permettant notamment de répondre aux attentes “environnementales” des citoyens, rapporte le journal argentin Perfil, citant les experts du rapport français.
Cette année encore, les incendies dévastent au Brésil des pans entiers de forêt amazonienne, où les zones déboisées seront ensuite investies pour de l’élevage de bovins et des cultures intensives. Une autre région humide du Brésil aux confins du Paraguay et de la Bolivie, le Pantanal, est en flammes depuis des jours.
La France entend donc poser de nouvelles exigences qui contraindraient les pays du Mercosur à s’engager sur la protection de l’environnement, alors qu’au Brésil, Jair Bolsonaro ne fait pas mystère de son scepticisme sur le changement climatique et nie toute politique de destruction environnementale.
Le ministère brésilien des Affaires étrangères, Itamary, a fait savoir au journal O Globo le 18 septembre qu’“il n’est pas exact que le traité stimulerait la vente de produits liés à la destruction de l’environnement.”
Le gouvernement brésilien, ajoute le ministère, “est prêt à fournir des données factuelles qui démontrent son engagement fort dans la protection de l’environnement “et “la lutte contre les changements climatiques. “
Vu d’Uruguay, la réticence française est également une réminiscence de “vieux protectionnismes européens” dont il est temps que l’UE se débarrasse, comme l’écrit un éditorialiste de El Pais Uruguay.
L’auteur partage l’avis brésilien selon lequel la “thématique agricole” est bien plus pressante pour la France que son “argument écologique”.
Et il est fort regrettable que l’Europe envisage de renoncer à cet accord, estime-t-il, car les pays du Mercosur “sont en passe de devenir la réserve d’alimentation et d’eau douce la plus importante de la planète.”
Au Mexique, où la signature d’un accord commercial de principe avec l’UE a été actée en avril dernier, la mauvaise tournure que prend l’accord avec le Mercosur “constituerait, si le projet devait échouer, un échec politique pour l’UE”, analyse le site d’El Periódico de Mexico.
Car la rivalité entre les États-Unis et la Chine pousse “d’autres pays à se tourner vers l’Europe, à la recherche d’un équilibre.” Ils sont en quête, comme c’est le cas de plusieurs pays d’Amérique latine, “d’un monde multipolaire […] plus attractif” que celui de la lutte d’influence entre deux adversaires “assis sur la force.”