Climat : la moitié des poissons de haute mer a fui les eaux équatoriales
En quarante ans, de nombreuses espèces se sont s’éloignées de la zone équatoriale, devenue invivable. C’est ce que conclut une nouvelle étude publiée dans la revue «Pnas».
Dans les océans, l’exil climatique est bien en marche. Selon une étude inédite publiée dans la revue Pnas, les eaux équatoriales sont les plus touchées par la perte de richesse en espèces. La moitié des poissons de haute mer qui y nageaient ont déserté en quarante ans. Et ce, «en réponse directe au changement climatique», parce que leur milieu de vie est devenu trop chaud.
Cela «montre que la biodiversité équatoriale est menacée par le changement climatique et qu’elle y réagit actuellement», commente l’étude. Ce qui pourrait avoir des répercussions tant pour les écosystèmes que pour les activités qui en dépendent : la pêche et le tourisme.
L’étude a réuni des chercheurs de prestigieuses universités en Australie, Nouvelle-Zélande, à Hongkong et en Afrique du Sud. Comme attendu, ils constatent que «le nombre d’espèces a diminué à l’équateur» et a augmenté dans les zones subtropicales depuis les années 50. Les zones riches en espèces se sont donc déplacées et remontent vers les pôles.
Trop chaud sous les tropiques
Les travaux, pilotés par Chhaya Chaudhary, ont été menés pour la première fois à l’échelle mondiale et pour tous les types d’espèce. L’objectif était d’évaluer s’il y avait bien une baisse constante de la richesse des espèces à l’équateur sur tout le globe. Les chercheurs ont donc examiné la répartition de 48 661 espèces d’animaux marins depuis 1955. Et ce grâce au Système d’information sur la biodiversité océanique (Obis), une base de données mondiale accessible en ligne, dont la création a été dirigée par le professeur de l’Université d’Auckland Mark Costello, co-auteur de l’étude.
Plus les eaux se réchauffent autour de l’équateur, plus les espèces se raréfient, observent les chercheurs. La majorité des espèces stagne ou fuit lorsque la température moyenne annuelle de la mer est supérieure à 20°C. Dans l’hémisphère nord, les poissons de haute mer (sardines, anchois, maquereaux, éperlans, harengs, bonites, thons, espadons, requins…) ont davantage déménagé vers les pôles que les espèces des fonds marins (coraux, huîtres, algues…).
Ce changement est observé dans une moindre mesure pour l’hémisphère sud, où le réchauffement océanique est moins marqué.
«Nous réalisons que les tropiques ne sont pas si stables et sont trop chauds pour de nombreuses espèces», explique dans un communiqué l’Université d’Auckland. «Nos travaux montrent que les changements climatiques causés par l’homme ont déjà affecté la biodiversité marine à l’échelle mondiale pour toutes sortes d’espèces. Le changement climatique est avec nous maintenant, et son rythme s’accélère», avertit le biologiste Mark Costello. Ce qui n’augure rien de bon pour la suite.