Gulf Stream : des premiers signes alarmants d’un effondrement du courant marin
Une étude, publiée dans la revue scientifique Nature, a révélé le 5 août que le courant régulateur du climat, le Gulf Stream, montrait des signes alarmants de faiblesse. Cela laisse penser que nous nous approchons d'un seuil critique. Son arrêt est l'un des points de bascule identifié par les scientifiques, qui pourrait entraîner des réactions en chaîne. Le réchauffement climatique est directement pointé du doigt.
Ce serait un point de bascule. Le Gulf Stream, courant marin qui joue un rôle majeur dans l'équilibre du climat, montre des signes alarmants de perte de stabilité, alerte une étude publiée le 5 août dans la revue scientifique Nature Climate Change.
Le Gulf Stream appartient à un ensemble plus large de courants, surnommé AMOC, ou circulation méridienne de retournement atlantique. Le courant transporte des masses d'eau chaude des tropiques vers le nord à la surface et de l'eau froide vers le sud au fond de l'océan. En acheminant ainsi la chaleur du soleil, il régule le climat, et permet d’avoir des températures douces en Europe. Un effondrement potentiel de ce système de courants océaniques pourrait donc avoir de graves conséquences et entraînerait des réactions en chaîne.
Si une précédente étude, publiée dans Nature en 2018, avait déjà démontré que le Gulf Stream était à son plus faible niveau depuis 1 600 ans, ces nouveaux travaux soulignent qu’on pourrait être bien plus proche du seuil de rupture qu’escompté. "Les résultats soutiennent l'évaluation selon laquelle le déclin de l'AMOC n'est pas seulement une fluctuation ou une réponse linéaire à l'augmentation des températures, mais signifie probablement l'approche d'un seuil critique au-delà duquel le système de circulation pourrait s'effondrer", s’est inquiété l’auteur de l’étude, Niklas Boers de l’Institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact climatique, l’Université d’Exeter, et l’Université libre de Berlin.
Le réchauffement climatique pointé du doigt
Le réchauffement climatique est directement mis en cause. L’apport d’eau douce provenant de la fonte de la calotte glaciaire du Groenland et des glaces de mer, ainsi que l’augmentation des précipitations et du ruissellement des rivières perturbent le fonctionnement du processus. L’eau douce, plus légère que l’eau salée empêche le courant de s’enfoncer vers les profondeurs. "Je ne me serais pas attendu à ce que les quantités excessives d'eau douce ajoutées au cours du siècle dernier produisent déjà une telle réponse ", souligne l’auteur. "Nous devons de toute urgence adapter nos modèles aux observations présentées pour évaluer à quelle distance de son seuil critique l'AMOC se trouve réellement."
Le seuil d’émission de CO2 menant à l’effondrement du Gulf Stream n’est pas connu, a précisé l’auteur de l’étude au Guardian : "La seule chose à faire est donc de maintenir les émissions à leur plus bas niveau. La probabilité que cet évènement, qui aurait un impact très important, se produise augmente avec chaque gramme de CO2 que nous émettons dans l’atmosphère".