Le président du Brésil Jair Bolsonaro accusé de crime contre l’humanité
Une ONG autrichienne a déposé une plainte auprès de la Cour pénale internationale. Elle accuse le président brésilien d’accélérer la déforestation de l’Amazonie, ce qui affecte le climat.
Et de quatre contre Jair Bolsonaro ! L’ONG autrichienne AllRise, spécialisée dans les litiges environnementaux, va déposer ce mardi une plainte pour crime contre l’humanité auprès de la Cour pénale internationale (CPI). Elle accuse l’actuel président brésilien d’avoir accéléré la déforestation de l’Amazonie, depuis son élection, en octobre 2018.
« La population mondiale affectée »
La forêt tropicale, déjà affectée par une sécheresse historique, ne jouerait plus son rôle de piège naturel à carbone, selon plusieurs études récentes. "La destruction des poumons de notre planète affecte toute la population mondiale" , affirme Johannes Wesemann, fondateur de cette ONG. Il impute directement à l’administration Bolsonaro les conséquences du changement climatique, comme les vagues de chaleur ou les inondations extrêmes.
Cette plainte s’ajoute à trois actions intentées par des Brésiliens, les premiers à s’engouffrer dans la nouvelle politique de la CPI, présentée en 2016 par la Procureure générale Fatou Bensouda : "Les destructions de l’environnement et les accaparements de terres seront traités comme des crimes contre l’humanité."
"La forêt tropicale « proche du point de basculement"
En septembre 2021, au sommet de l’Onu, Jair Bolsonaro a promis de mettre fin à la déforestation de l’Amazonie en 2030 et son administration a annoncé pour cette année une baisse de 5 % des surfaces déboisées pour l’exploitation agricole et minière. Des chiffres contestés par des environnementalistes brésiliens : le défrichage illégal serait au contraire en hausse ces deux derniers mois. Ce qui a été réduit, en revanche, c’est le nombre d’agents chargés de le contrôler (- 27 %) et les sanctions qui en découlent (- 42 %). La plupart des scientifiques estiment qu’en 2030, il sera sans doute trop tard pour sauver la forêt tropicale, déjà "proche du point de basculement" , ce seuil à partir duquel elle ne pourra plus maintenir son écosystème humide.
« Nécessité d’une enquête immédiate »
"Il existe des motifs clairs et convaincants de croire que des crimes contre l’humanité sont commis au Brésil, ce qui nécessite une enquête immédiate et, en dernier ressort, des poursuites", estime l’avocate française Maud Sarlieve, habituée des tribunaux de la CPI et consultée par l’ONG AllRise.
Celle-ci vise le "procès historique" . Et sait communiquer. Les journalistes ont reçu les informations, lundi 11 octobre 2021, le jour même de l’ouverture du sommet mondial sur la biodiversité en Chine. L’objectif de cette Cop15 est justement que les États adoptent, au printemps, des mesures de protection et de restauration de la nature, "notre meilleure arme" contre le dérèglement climatique.