L'arrosage des greens de golf, en pleine sécheresse, fait polémique

Publié le par Notre Terre

Alors que les agriculteurs doivent réduire leur utilisation d'eau, les greens des 70 golfs de la région PACA sont toujours arrosés, même s'ils ont dû aussi revoir les volumes d'eau à la baisse. Une situation dénoncée par plusieurs élus. Les propriétaires de golf rappellent de leur côté que, sans green, ils devront fermer boutique et mettre à la porte leurs salariés.

arrosage golf

Alors que la région fait face à une période de sécheresse exceptionnelle, les golfs bénéficient d'une exception et peuvent continuer à arroser, au moins les greens - la zone où se trouve le trou - et terrains d'honneur.

Un "deux poids deux mesures" inacceptable pour certains élus de la région.

"On ne peut pas demander aux agriculteurs de restreindre leur arrosage et voir que le golf, un sport qui, en plus, n'est réservé qu'à une certaine élite, continue d'arroser ses greens", dénonce Juliette Chesnel-Le Roux, élue d'opposition, présidente du groupe EELV à la métropole.

À Marseille, le député LFI Hendrik Lavi est également monté au créneau.
Concrètement, l'arrêté préfectoral impose différents types de restrictions aux golfs en fonction du niveau de sécheresse de la zone concernée.

Pour les communes en alerte renforcée : l'arrosage est interdit de 9 h à 19 h et les volumes d'eau utilisés doivent être réduits de 40%. Pour les endroits classés "en crise" - comme Saint-Raphaël, Antibes ou Biot - l'arrosage est uniquement autorisé sur les greens et terrains d'honneur, à hauteur de 30% des volumes d'eau habituels. Mais au même niveau "crise", l'arrosage des potagers est totalement interdit et les agriculteurs doivent diminuer de 40% leur consommation d'eau, ce qui ne manque pas de faire réagir sur les réseaux sociaux.

Juliette Chesnel-Le Roux abonde : "Vous vous rendez compte qu'on culpabilise le citoyen qui ne coupe pas son robinet en se lavant les dents et pendant ce temps-là, il y a ce type de dérogation ? Tout le monde doit prendre sa part".

    On ne peut plus se permettre de réserver à la distraction une ressource qui est essentielle à la vie
    Juliette Chesnel-Le Roux, élue écologiste à la mairie de Nic
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Du côte des propriétaires de golf, on comprend l'enjeu, moins la polémique. "90% de l'eau utilisée dans les golfs est de l'eau non-potable", assure Jean-Yves Ortega, président de la ligue régionale de golf pour la région PACA. Dans les territoires en crise sécheresse, "on ne maintient l'arrosage que sur 1 à 1,5% du parcours pour éviter de perdre le green", ajoute-t-il.

Cette partie particulièrement sensible du terrain - là où est situé le trou - est "le cœur du golf", précise Armand Gadea, directeur du golf Bleugreen l'Estérel à Saint-Raphaël. "Si demain, je dois arrêter de l'arroser, je ne pourrais pas recevoir de clients, je devrais fermer. Il faudra attendre qu'il se mette à pleuvoir ou que les restrictions cessent, puis il faut compter environ six à sept mois pour qu'un green repousse", ajoute le directeur du golf, qui emploie 32 salariés.

15.000 postes menacés

Cette menace sur l'emploi est l'un des arguments avancés par le ministère de la Transition écologique, interrogé par FranceInfo, pour maintenir un arrosage minimum sur les golfs. Environ 15 000 salariés seraient concernés en France.

Selon un rapport du Sénat de 2003, la consommation totale de tous les golfs représentait en 2002 l'équivalent de la consommation annuelle d'une ville de 500 000 habitants (36 millions de mètres cubes). Une étude publiée par la Fédération française de golf (PDF) évalue, de son côté, cette consommation à 29 millions de mètres cubes d'eau en 2010.

"Mais, depuis 20 ans, on s'est énormément amélioré, assure le responsable de terrain d'un golf des Alpes-Maritimes, qui préfère rester anonyme. Les techniciens, on est tous conscients et prêts à voir nos outils de travail se dégrader. Actuellement, on fait mourir nos gazons".

En suspens, reste la question de la soutenabilité à long terme de l'activité des golfs, avec le réchauffement climatique dans la région. "C'est un sport qui vient du Royaume-Uni, un pays où il pleut régulièrement", rappelle l'élue écologiste Juliette Chesnel-Le Roux.

Publié dans Nature

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