Les ministres de l'Environnement et délégués de plus de 200 pays sont parvenus à un accord vendredi fixant de nouveaux objectifs à l'horizon 2020 pour garantir une meilleure protection des écosystèmes et lutter contre l'extinction de certaines espèces animales et végétales.
Les représentants se sont également accordés sur un partage entre gouvernements et entreprises privées des bénéfices liés aux ressources génétiques naturelles, sujet délicat car ayant trait à la propriété intellectuelle et aux échanges commerciaux. Ces bénéfices représentent des milliards de dollars qui pourraient servir de fonds en faveur des pays en voie de développement.
Les négociations, parfois intenses, sur certains pans de cet accord ont pris plusieurs années et les discussions qui se déroulaient à Nagoya depuis deux semaines n'ont trouvé une issue que vendredi soir.
"Ce sommet a apporté un changement dans la compréhension mondiale de l'importance de la biodiversité des forêts, des marécages et d'autres écosystèmes dont la valeur se compte en milliers de milliards", a déclaré Achim Steiner, chef du Programme de l'Onu pour l'environnement, dans un communiqué.
"Les objectifs fixés reconnaissent la valeur des bénéfices irremplaçables que la nature fournit à l'homme sous forme de nourriture, de combustible, de fibre ou d'eau potable dont chacun dépend", a expliqué Andrew Deutz, responsable de l'organisation américaine Nature Conservancy.
Les délégués ont tenu à préciser que le résultat de ce sommet va envoyer un signal positif en direction des négociations sur le climat qui se trouvent dans l'impasse en raison des divergences de positions entre pays riches et pays pauvres sur le partage du coût de la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Les négociations sur le climat doivent se tenir du 29 novembre au 10 décembre à Cancun au Mexique après l'échec de la conférence mondiale de Copenhague.
PARTAGE DES RESSOURCES
Selon les experts, le rythme actuel d'extinction des espèces est sans précédent depuis la disparition des dinosaures il y a 65 millions d'années.
Ce sommet avait pour but d'inciter les gouvernements et les entreprises à prendre des mesures drastiques pour protéger les écosystèmes dont l'exploitation à des fins d'alimentation, industrielles ou touristiques a longtemps été pratiquée sans modération.
Les délégués se sont mis d'accord sur un plan en vingt points sur la protection des stocks de poissons, la lutte contre la disparition ou la dégradation des habitats naturels et la conservation de vastes zones marines ou terrestres.
Ils ont également décidé d'instaurer une mission plus large à l'horizon 2020 pour mener une action urgente de protection de la biodiversité afin que les écosystèmes continuent de fournir les éléments essentiels aux besoins humains.
L'accord porte sur 17% des terres et des lacs et 10% des zones côtières et maritimes en 2020. Actuellement, seuls 13% des terres et 1% des océans sont l'objet de mesures de conservation.
"Les gouvernements ont envoyé un message fort affirmant que la protection de la santé de notre planète a une place dans la politique internationale", a dit Jim Leape, directeur général de l'organisation écologiste World Wide Fund for Nature.
La troisième partie de l'accord, dit protocole de Nagoya sur les ressources génétiques, a pris 20 ans pour être conclue. Le protocole fixe les règles de gestion et de partage des bénéfices provenant de la fabrication de médicaments, de cosmétiques ou de ressources vivrières.
Ce protocole pourrait rapporter plusieurs milliards de dollars aux pays en voie de développement disposant d'importantes ressources naturelles.
"Ce protocole est une très très grande victoire", s'est enthousiasmée la ministre brésilienne de l'Environnement, Izabella Teixeira, devant la presse.
"Il ne s'agit pas d'un protocole sans importance. Il va permettre de réguler des milliards de dollars pour l'industrie pharmaceutique", a dit Tove Ryding, spécialiste des questions de biodiversité et des changements climatiques à Greenpeace.
"Nous avons enfin quelque chose qui va donner de grands résultats pour l'environnement, pour les pauvres" qui vont enfin pouvoir gagner de l'argent en échange d'un accès à des matériaux génétiques, a dit Karl Falkenberg, directeur général du département de l'environnement à la Commission européenne.