L'arche de Noé verte de Svalbard
En Norvège, sur l’archipel arctique de Svalbard, il existe un lieu énigmatique et unique au monde : la plus importante banque de semences de la planète. Une véritable « Arche de Noé verte » destinée à conserver le patrimoine végétal de la Terre.
Selon la Bible, l’Arche de Noé était une grande embarcation construite sur ordre de Dieu pour sauver Noé, sa famille, et l’ensemble des espèces animales du Déluge. C’est ce qui vaut le surnom « d’Arche de Noé Verte » au Svalbard Global Seed Vault : cette chambre forte a pour but de stocker et de protéger la biodiversité végétale (les graines de l’ensemble des cultures vivrières) menacée par le réchauffement climatique, les catastrophes naturelles, ou encore les guerres.
Inaugurée en février 2008 sur l’île du Spitzberg (après deux ans de travaux), l’installation très sécurisée totalise un volume de stockage de près de 1 500 m3. Pour la construire, il a fallu creuser dans le flanc d’une montagne de grès sur une centaine de mètres. Le choix du lieu (situé à environ 1 000 kilomètres du pôle Nord) n’est pas anodin : l’activité tectonique est y absente et le permafrost (ou pergélisol : sous-sol gelé en permanence) peut aider à la conservation des échantillons (en cas de panne du système de réfrigération, il assurera naturellement des températures inférieures à 0°C pendant plusieurs semaines).
Autre avantage : construite à 130 mètres au-dessus du niveau de la mer, la banque de graines ne sera pas submergée en cas de fonte des glaces et de hausse du niveau des océans. Gérée par un accord tripartite entre le gouvernement norvégien, l’organisation onusienne Global crop diversity trust, et la banque génétique nordique, elle a coûté quelque 8 millions de dollars (les financements proviennent de divers gouvernements du monde, de plusieurs organismes privés, et de différentes fondations, comme la Fondation Rockefeller ou Bill Gates).
Déjà 500 000 variétés de graines mises à l’abri
En mars 2010, le Svalbard Global Seed Vault comptait 500 000 variétés, soit un tiers des espèces végétales de la planète : c’est désormais la collection de graines la plus importante au monde (le site peut accueillir jusqu’à 4,5 millions d’échantillons dont les propriétaires restent les donateurs)... Mais pourquoi une telle infrastructure, totalement isolée et capable de résister à une attaque nucléaire ?
Outre le fait que les semences soient mises en péril par le réchauffement climatique, les 1 400 banques génétiques existantes sont exposées à des risques de perte ou de disparition : mauvaises gestions, accidents, catastrophes naturelles, guerres. De tels établissements ont par exemple été détruits en Irak, en Afghanistan, ou inondés aux Philippines (typhon en 2006).
Il est en fait question de préparer l’avenir : grâce à cette banque, les chercheurs disposent d’une grande diversité pour mettre au point des cultures plus résistantes, éventuellement adaptées aux changements climatiques, et plus productives, sachant que la Terre pourrait compter 9 milliards d’individus en 2050.