Alors que la troisième édition des Journées de la mer se poursuit jusqu'au 13 juin, 20 minutes fait le point sur une énergie renouvelable au fort potentiel, mais encore peu développée: l'énergie de la mer. Ou plutôt les énergies de la mer…
Vent, courant, énergie thermique, vagues… La mer offre un très vaste potentiel énergétique. Elles pourraient prendre une part significative dans les années à venir, alors que la plupart des pays cherchent à réduire leur dépendance aux énergies fossiles, et que le nucléaire fait débat. Mais elle n’est pas sans poser problème, puisqu’elle peut parfois entrer en conflit avec des activités marines plus traditionnelles.
Les technologies sont également souvent très coûteuses, notamment en raison de la nécessité de transporter vers la terre l’énergie produite. La France s’apprête à se lancer dans l’éolien off-shore, le premier appel d’offres portant sur cinq sites et 3.000 MW (soit 600 éoliennes) sera lancé cet été. Un second appel d’offres devrait être lancé avant la Présidentielle de 2012, portant sur 3.000 MW également. Pour les autres énergies les industriels français en sont essentiellement au stade de l’expérimentation.
Pour «accélérer la mise en place de ces technologies et développer une filière porteuse d’innovations et créatrice d’emplois», dixit l’Ifremer (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer), un projet, nommé France Energies Marines, est actuellement candidat pour être retenu dans l’appel à projets de l’Etat pour un Institut d’excellence des énergies décarbonées (IEED). Le soutien financier serait alors de 43 millions d’euros sur un budget total de 142 millions d’euros sur dix ans. Basé à Brest, France Energies Marines aurait alors pour mission de «contribuer à la mise sur le marché par les industriels français d’une palette de technologies répondant aux besoins d’un secteur en forte croissance.»
Plusieurs projets en cours pourraient alors bénéficier d’un coup d’accélérateur. Tour d'horizon.
Hydroliennes
EDF travaille sur une «première mondiale» : une ferme hydrolienne à Paimpol-Bréhat.
s’agit d’un parc de démonstration de quatre hydroliennes, des turbines géantes de 20 mètres de haut placées au fond de la mer pour capter l’énergie des courants de marée.
Une des quatre turbines géantes:
Ce projet, doté d’un budget de 24 millions d’euros, doit être livré à l’été 2012. Frédéric Le Lidec, Directeur du développement des énergies marines renouvelables chez DCNS, leader mondial du naval de défense et innovateur dans le domaine des énergies marines, explique que «la première de ces hydroliennes sera mise à l’eau dès cet été.» EDF a retenu la technologie d’Open Hydro, société irlandaise dont DCNS détient 8% du capital. Cette ferme doit fournir à terme 2 MW.
«L’étape d’après se situe au Raz-Blanchard, sur un site très énergétique, le deuxième au monde derrière un autre au Canada, poursuit Frédéric Le Lidec. Ce projet, qui devrait voir le jour en 2014, est de plus grande taille puisqu’il devrait délivrer 20 MW.» Un autre projet existe sur l’île d’Ouessant. L’hydrolienne Sabella D10 doit être installée début 2012, par l’entreprise Sabella.
Eoliennes flottantes
Winflo est un projet d’éoliennes flottantes qui regroupe divers acteurs, comme l’Ifremer et DCNS. Il s’agit de «la deuxième génération des éoliennes off-shore » explique Frédéric Le Lidec.
Le projet WINFLO:
«Elles sont censées régler les problèmes que pose la première génération: situées près de la côte et implantées au fond de la mer, elles sont souvent en conflit avec d’autres usagers de la mer, pêcheurs, militaires… Les éoliennes flottantes seraient, elles, installées plus au large, ce qui devrait leur permettre de développer davantage d’énergie. Le premier prototype devrait être mis à l’eau début 2013, sur un site qui reste à déterminer.» Elles seront implantées dans eux relativement profondes (50 mètres).
L’énergie houlomotrice
Pour exploiter l’énergie des vagues, on peut installer des bouées sous-marines en mouvement, des colonnes d’eau oscillantes, ou des caissons flottants… DCNS dispose d’un démonstrateur au large de La Réunion qui consiste en un flotteur, dont le mouvement généré par les vagues actionne une pompe. Ce prototype est d’une puissance de 100 KW. «C’est une énergie compliquée, et encore très coûteuse pour le moment, mais il faut garder en tête que l’énergie des vagues représente un potentiel énorme. C’est un marché qui arrivera un peu plus tard que les autres, à horizon 2020.»
L’énergie thermique des mers
«C’est un marché de niche pour l’instant, qui ne concerne que le secteur des tropiques, Martinique, Tahiti, Réunion...» explique Frédéric Le Lidec.
Projet de centrale thermique à La Martinique:
«Il s’agit d’aller pomper de l’eau en très grande quantité au fond de la mer, avec des tuyaux de 1.000 mètres et de 5 mètres de diamètre, et de l’eau chaude en surface, afin d’alimenter une turbine.»