Les abeilles victimes d'un cocktail mortel... de médicaments

Publié le par Gerome

Censés protéger les colonies d'abeilles domestiques contre leurs parasites, un antibiotique et des acaricides constituent, lorsqu'ils sont associés, un cocktail mortel. C'est ce que montre une étude américaine, confirmant l'idée que le mal qui frappe les abeilles partout dans le monde est le résultat d'une combinaison de facteurs. Une nouvelle étape dans la résolution de ce mystère, comme l'explique Yves Le Conte, spécialiste des abeilles.


Le mystère de la disparition des abeilles (Apis mellifera) – connu sous le nom de syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles – n’est toujours pas résolu et les scientifiques continuent de chercher les coupables. Peu de chances qu’un unique insecticide, acaricide, pathogène ou tout autre ennemi de la ruche soit responsable à lui seul. Les chercheurs se prononcent de plus en plus en faveur d’une combinaison de facteurs et, comme nous le concède Yves Le Conte, directeur de l’UMR Abeille et environnement, « les mécanismes ne sont pas simples ».

 

abeille ruche



Une récente étude menée aux États-Unis par des scientifiques de l’université du Maryland rend compte de la nocivité engendrée par l’action combinée d’un antibiotique et d’acaricides utilisés pour protéger les colonies. Le premier est l’oxytétracycline. Quant aux seconds, les auteurs en ont testé plusieurs parmi lesquels le fluvalinate (l’agent actif de l’Apistan) et le coumaphos (interdit en France), deux des principaux traitements utilisés pour lutter contre le varroa, un acarien qui porte très bien son nom – Varroa destructor – et qui ravage les colonies d’abeilles en s’attaquant aux larves et aux femelles.



Un antiobiotique et des acaricides

L’oxytétracycline est censée protéger les abeilles contre les virus, les bactéries et autres microbes présents à l'intérieur de la ruche, mais particulièrement contre la loque américaine, « une bactérie très contagieuse et prise très au sérieux par les apiculteurs », explique Yves Le Conte.

En Europe, aucune trace de cet antibiotique n’est tolérée dans le miel. « Lorsqu’une ruche est contaminée, les apiculteurs ont deux choix. Soit ils brûlent la ruche et la colonie infectées, soit ils brûlent uniquement la ruche et transfèrent la colonie, qu’ils traitent avec l’antibiotique, dans une nouvelle ruche », indique le chercheur. Quoi qu’il en soit, le miel alors produit par ces abeilles durant l’année qui suit devra être détruit.
Mais aux États-Unis, cette molécule est communément utilisée chaque année, en prévention. Son efficacité, comme tout antibiotique utilisé à tour de bras, devrait néanmoins finir par s’estomper. Et au regard des résultats de l’étude de David Hawthorne et Galen Dively, son interdiction ne serait pas surprenante.



Une forte augmentation de la mortalité

Car son action combinée avec des acaricides est désastreuse, comme l’affirment les auteurs des expériences dans la revue Plos One. Ils ont en effet montré que couplé avec l’antibiotique, le coumaphos fait passer la mortalité des abeilles de 7 % à 51 % et le fluvalinate de 5,6 % à 39 %.

Par quel mécanisme ? Au niveau des parois cellulaires, une majeure partie des animaux possède des protéines capables de se débarrasser des toxines ou tout autre élément xénobiotique présent au sein de la cellule, afin de les diriger vers les voies d’excrétion. On les appelle – et il ne s’agit pas d’une blague – les transporteurs MDR (pour Multi-Drug Resistance). Le plus connu d’entre eux est le p-glycoprotéine et c’est sur celui-ci que les chercheurs américains ont travaillé. Selon eux, la mortalité accrue des abeilles lors de l’action couplée de l’antibiotique et de l’acaricide vient du fait que le premier est pris en charge par le p-glycoprotéine qui ne peut donc plus s’occuper d’évacuer le second vers l’extérieur de la cellule.

« Un stress pour affaiblir, un autre pour tuer »

Une nouvelle preuve que la mort des abeilles est la conséquence de phénomènes aussi multiples que complexes. « Les interactions entre différents facteurs sont quelque chose de très important », explique encore Yves Le Conte qui a déjà mis en évidence l’effet dévastateur de l’action combinée d’un insecticide et d’une bactérie. « Lorsque les abeilles sont confrontées à plusieurs stress, l’un d'eux affaiblit la colonie tandis qu’un autre la tue ».



La nouveauté, ici, c’est que les produits qui entrent en synergie sont tous les deux introduits volontairement par l’apiculteur au sein de la ruche. Pourtant, si les traitements antivarroa semblent pour l’instant indispensables, l’exemple de l’Europe prouve que le traitement en prévention de la loque américaine ne l’est pas. Quand on vous dit que les antibiotiques, ce n’est pas automatique !

 

 


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Le monde se détourne des ampoules à incandescence

Publié le par Gerome

L’accroissement démographique va évidemment de pair avec une augmentation tout aussi préoccupante des besoins énergétiques. Face à ce constat, tous les moyens sont bons pour éviter une catastrophe, comprenez de trop puiser dans les ressources naturelles disponibles. On l’a évoqué à maintes reprises dans ces colonnes, la part des technologies renouvelables dans les bouquets énergétiques nationaux tend globalement à progresser mais l’accent doit aussi être porté sur les économies d’électricité. Le retrait progressif des rayons des ampoules à incandescence participe de cette logique.

 

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Celles-ci seront définitivement proscrites dans les frontières de l’Union Européenne (UE) d’ici le 31 décembre 2012, ce qui permettra une économie annuelle d’énergie équivalant à la consommation électrique de la Roumanie (!) Le processus n’est cependant pas « que » continental puisque les représentants de vingt-six pays d’Amérique latine et de la région des Caraïbes se sont réunis début août sous l’égide des Nations Unies en vue de jeter à leur tour les bases d’une généralisation des lampes fluorescentes compactes.

 

Peu réputés pour leur volontarisme environnemental, les États-Unis sont toutefois eux aussi dans la boucle, avec un retrait progressif amorcé dès l’année prochaine et qui devrait devenir définitif en 2014. Une vraie révolution et des économies substantielles en perspective dans la mesure où quelque deux milliards quatre cent quarante-et-un millions d’ampoules à incandescence éclairent actuellement les foyers et les bureaux américains, soit grosso modo six cents millions de plus que dans toute l’UE !

 

Pionnier en la matière, le voisin cubain a proscrit quant à lui lesdites ampoules dès 2005, soit deux ans avant la Thaïlande, tandis que le Parlement argentin a adopté une législation en ce sens en 2008. Les autorités vénézuéliennes, elles, n’ont pas hésité à employer avoir recours à l’armée pour verdir l’éclairage dans les foyers, un processus entamé en 2006.


Tout est « carré » en Australie et aux Philippines depuis l’an passé mais s’il n’y a pas de petites économies dans ce domaine, force est d’admettre que ces deux pays ne feront pas la différence à l’échelle mondiale. D’où l’intérêt et même la nécessité que la Chine et l’Inde, les deux États les plus peuplés de la planète, s’engagent eux aussi. C’est chose faite depuis deux ans en Inde, un programme visant à remplacer quatre cents millions d’ampoules à incandescence à l’horizon 2012 ayant été lancé il y a deux ans. L’Empire du Milieu, lui, a annoncé vendredi que leur vente sera interdite à partir de 2016. Le pays en comptant près de deux milliards huit cents millions et ce chiffre n’ayant pas vocation à diminuer, il était plus que temps…

 

 


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Limiter le réchauffement climatique à +2°C n'est plus possible

Publié le par Gerome

Les accords internationaux, qui seront rediscutés au sommet de Durban dans un mois, seraient largement insuffisants pour ne pas franchir ce seuil fatidique...

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C’est le seuil que les climatologues espéraient ne pas franchir: au-delà d’un réchauffement global de la planète de +2°C par rapport à l’ère pré-industrielle, le climat pourrait devenir imprévisible. Or, selon une étude parue dans la revue scientifique Nature fin octobre, il serait déjà trop tard pour contenir le réchauffement en dessous de cette limite.


Des records d’émissions de CO2 et des objectifs insuffisants


L’équipe de scientifiques a étudié les émissions de gaz à effet de serre et leur impact sur le climat dans plusieurs cas de figure. «Parmi les scénarios qui permettraient de rester en-dessous de 2°C avec une probabilité supérieure à 66%, les émissions devraient connaître un pic entre 2010 et 2020 et descendre à 44 gigatonnes d’équivalent CO2 en 2020 (alors que l’on était à environ 48 gigatonnes en 2010).» Il faudrait donc trouver un moyen de faire baisser les émissions de CO2 de 8,5% par rapport à 2010.


Or, actuellement, les émissions de gaz à effet de serre continuent de croître d’année en année: entre 2009 et 2010, une augmentation record de 500 millions de tonnes de CO2 a été enregistrée par le ministère américain de l'Energie. Le 30 mai dernier, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) annonçait un niveau record d’émissions en 2010 dans les secteurs de l'énergie, de l'industrie et des transports et un record de concentration de CO2 dans l'atmosphère avait été mesuré à Mauna Loa (Hawaï) en mai. Alors que la science préconise un niveau maximum de 450 ppm (partie par million) pour contenir un réchauffement de l'ordre de 2°C, la concentration était alors d’environ 395 ppm. 


Malgré les accords internationaux, notamment ceux de Cancun en décembre 2010, dont l’objectif était de limiter le réchauffement climatique à +2°C, les engagements pris par les Etats ne permettent pas, même s’ils étaient réalisés, de descendre à un niveau d’émissions permettant de rester sous ce seuil. L’augmentation des émissions de CO2 en 2010 est due majoritairement aux Etats-Unis, à la Chine et à l’Inde, mais d'importantes augmentations ont également été notées en Arabie Saoudite, Turquie, Russie, Pologne et Kazakhstan. La plupart des pays européens ont connu une augmentation modérée, mais seuls une poignée de pays a réussi à diminuer ces émissions, parmi lesquels la Suisse, l'Azerbaïdjan, la Slovaquie, l'Espagne, la Nouvelle-Zélande et le Pakistan.

 

 

 

 

 


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Le grand projet solaire Desertec va débuter l'an prochain au Maroc

Publié le par Gerome

Il est tellement pharaonique et implique de telles sommes, alors que la conjoncture économique ne cesse de se dégrader, qu’il y avait tout lieu de penser qu’il s’agit, sinon d’un fantasme, d’un serpent de mer. « Trop gros pour être vrai ? », nous interrogions-nous d’ailleurs en avril 2010, à une époque où le projet Desertec peinait à passer la vitesse supérieure.

 

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Il faut dire qu’il vise à la fois à fournir de l’électricité aux États du Maghreb et à couvrir 15 % des besoins énergétiques du Vieux Continent à l’horizon 2050 – en plus de se traduire, sur le plan écologique, par une économie annuelle de trois millions sept cent mille tonnes de dioxyde de carbone, d’où une réelle contribution à la lutte contre le réchauffement climatique. Un immense défi qui, outre des investissements colossaux – deux milliards d’euros rien que pour la première tranche, quatre cents au total (!) -, suppose aussi l’assentiment des pays qui doivent abriter cette gigastructure solaire et éolienne. Aux contraintes financières mais aussi logistiques s’ajoutent donc des obstacles politiques qui, pour l’heure, n’ont pas tous été surmontés, même si Berlin et l’Observatoire méditerranéen de l’Énergie (OME) ont déjà, entre autres, apporté leur soutien officiel au projet.


 

La donne vient toutefois de changer et, d’abord prévu pour 2015, le lancement de Desertec devrait finalement intervenir… l’an prochain, rapportent des médias d’outre-Rhin. Le consortium allemand DII (Desertec Industrial Initiative) a indiqué la semaine dernière que le premier chantier, dans le désert marocain, couvrira douze kilomètres carrés de panneaux solaires pour une capacité de production évaluée à cinq cents mégawatts (MW), soit la moitié de celle d’une centrale nucléaire moderne [NDLR : la production globale, elle, doit atteindre deux gigawatts (GW) à l'horizon 2020]. Ce vaste « champ de miroirs » doit permettre de mettre de l’eau en ébullition pour ensuite actionner des turbines qui fourniront de l’énergie au réseau. L’électricité, elle, devrait commencer à circuler en 2014 au plus tôt et en 2016 au plus tard.


Rappelons que les électriciens allemands E.ON et RWE, la Deutshe Bank et le réassureur Munich Re, rassemblés au sein de DII, sont tous partis prenantes du projet, tout comme Saint-Gobain, les Italiens Enel et Terna et le groupe espagnol Red Electrica. La société suisse Airlight Energy pourrait les rejoindre.

Du beau monde pour une entreprise à laquelle la Libye, l’Égypte, la Turquie, la Syrie et l’Arabie Saoudite doivent aussi être associées. Subsiste néanmoins l’accusation formulée par certaines ONG de l’appropriation des ressources locales, une forme de « néo-colonialisme vert » que réfutent les promoteurs du projet, selon lesquels l’énergie produite profitera d’abord aux populations d’Afrique du Nord avant d’être exportée.


Il faudra encore attendre quelques années avant de pouvoir juger sur pièces.

 

 


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Les catastrophes naturelles pourraient se multiplier, selon le Giec

Publié le par Gerome

Les scientifiques du Groupement intergouvernemental d'experts sur le climat (Giec) ne sont pas optimistes pour l'avenir. Dans un rapport qui sera publié dans quelques semaines et dont l'agence Associated Press a eu connaissance, les climatologues alertent sur la possibilité de voir des événements climatiques extrêmes, comme des ouragans ou des pluies diluviennes, se multiplier avec le changement climatique.

 

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Tempêtes et moussons deviendront plus violentes


Les événements inhabituels, comme les tempêtes de neige qui se sont abattues sur le nord des Etats-Unis la semaine dernière, pourraient devenir monnaie courante. Les ouragans et les pluies de mousson pourraient également devenir plus violents et difficilement prévisibles. Les inondations actuelles en Thaïlande seraient un premier signe de ce dérèglement climatique. Mais à l'opposé, les sécheresses seraient aussi plus fréquentes dans d'autres régions du monde. Selon ce rapport, certaines zones, non précisées par les auteurs, pourraient devenir difficilement habitables.


Les auteurs du rapport ont refusé de le commenter avant relecture et validation par le panel de scientifiques. Toutefois, ils sont certains que le monde connaîtra des pics de chaleur pouvant atteindre 5°C supplémentaires à la moitié du 21ème siècle et 9°C en 2100.

 

 

Publié dans Nature

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