Tricastin : Tout va bien , il y a juste eut une fuite de 30kg d’oxyde d’uranium radioactifs

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Et ça continue ! EDF et Areva rivalisent de semaine en semaine pour décrocher la timbale du meilleur initiateur d’une catastrophe nucléaire. Ce jeudi 31 octobre dans la matinée, alors que des fuites radioactives se poursuivent dans la centrale nucléaire d’EDF, c’est une nouvelle rupture de confinement de tuyauterie qui entraîne la dispersion de près de 30 kilos d’oxyde d’uranium dans une installation de Areva NC. L’exploitation de l’atelier est suspendue, la zone est contaminée et des salariés ont été conduit vers le contrôle radiologique pour des examens médicaux.


Alors que toute la presse unanime* vient de reprendre d’une seule voix les propos mensongers de la direction d’Areva, le nouvel incident nucléaire qui vient de se produire ce 31 octobre au matin dans une installation d’Areva au Tricastin (TU5) est de toute autre nature. Non il ne s’agit pas d’une « légère fuite » mais bien de la fuite de 30kg d’oxyde d’uranium radioactifs (U308) propulsés dans les airs et dont une partie s’est retrouvé au sol après la rupture de confinement d’une tuyauterie aérienne.

C’est par hasard qu’un salarié a constaté la présence de poudre d’oxyde d’uranium radioactifs sur le sol, à l’extérieur de l’atelier W de transformation de l’hexafluorure d’uranium (UF6), atelier exploité par AREVA NC et situé dans le périmètre de l’INB n°155 (dite installation TU5)

La poudre radioactive provient d’une rupture de confinement d’une tuyauterie aérienne

La poudre radioactive provient d’une rupture de confinement d’une tuyauterie aérienne de transfert entre deux ateliers. Cette rupture a engendré la fuite de poudre radioactive et l’accumulation d’une trentaine de kilogrammes de poudre dans la partie basse du coffrage de protection des tuyauteries. Et comme ce coffrage n’est pas étanche, une dispersion dans l’air et une cascade au sol se sont produites, la valeur de près de 1 kilo de produits radioactifs mortels.

Areva a alors été contraint immédiatement de mettre à l’arrêt le fonctionnement de l’atelier puis de délimiter un périmètre de sécurité et de mener dans l’urgence des contrôles radiologiques à proximité de la tuyauterie défaillante et plus largement autour. Des intervenants ont alors du tenter de récupérer la matière radioactive dispersée. Plus d’une quinzaine de personnes travaillant à proximité a du être conduit au service médical afin d’examens médicaux. La zone contaminée est actuellement en cours de tentative d’assainissement.


De premiers contrôles radiologiques dans l’environnement montre une contamination à l’intérieur du périmètre autour de la tuyauterie. Les personnels contrôlés ne présenteraient pas de contamination externe ou interne. Et comme à l’accoutumé la direction déclame : « Cet événement n’a pas conduit à des rejets à l’extérieur du site et n’a pas eu d’impact sur la santé des travailleurs ». Mais la dispersion d’uranium en poudre est nettement plus dangereuse pour les travailleurs qu’en bloc : elle peut être inhalée et une contamination interne est ce qu’il y a de encore plus dangereux. Alors la direction, relayée béatement par les médias affirme que la poudre d’oxyde d’uranium est trois fois moins radioactive que l’uranium « naturel ». Qu’est-ce qui justifie cette affirmation ? rien ! un pur bluff et mensonge.


En fait c’est la défaillance de la dernière barrière de confinement de matière radioactive qui a conduit à la dispersion de poudre à l’extérieur du bâtiment. Un défaut d’étanchéité au niveau du transfert pneumatique d’une des conduites circulant à l’extérieur entre deux bâtiments de l’atelier de défluoration de l’uranium naturel appauvri, Ce n’est pas anodin car le sens et la puissance du vent a pu entraîner les particules radioactives autant sur d’autres espaces du site nucléaire que bien au-delà de l’enceinte du site. Le fait que l’U308 sont incombustible ne retire rien à sa dangerosité et à sa toxicité mortelle.

L’incident nucléaire a été classé au niveau 1 de l’échelle INES par Areva mais l’ASN va instruire cette demande de classement au vu des éléments qui auront été recueillis. (http://www.asn.fr/index.php/content/view/full/150815)

Une dizaine d’entreprises proches du site ont été mises en alerte et chez Gerflor à Saint-Paul les Trois Châteaux, les salariés présents au moment des faits ont été mis à l’abri à l’intérieur du bâtiment, dont les issues ont été fermées, pendant plus une partie de la matinée.

De difficultés en défaillances, d’incidents en accidents qui annoncent la catastrophe
L’usine W transforme l’hexafluorure d’uranium appauvri en provenance de l’établissement d’Eurodif (mis à l’arrêt depuis plus d’un an), en oxyde d’uranium stable permettant un entreposage radioactif de longue durée. Longue durée tant que cela ne fuit pas. L’atelier TU5 traite, quant à lui, le nitrate d’uranyle en provenance de la Cogema de la Hague. Le nitrate d’uranyle, un des produits résultant du retraitement des combustibles usées des centrales électronucléaires, est converti en tétrafluorure d’uranium ou en oxyde d’uranium. 

 

Cet uranium de retraitement est, pour une part, entreposé sur le parc P18, l’autre part étant expédiée à l’étranger pour enrichissement. Plus de 2220 000 tonnes d’uranium appauvri (en masse d’uranium) sont entreposée, essentiellement au Tricastin, sous forme d’U3O8. Cet uranium « appauvri » qui peut être incorporé dans l’armement militaire.

Cette fuite d’oxyde d’uranium fait suite à une série d’incidents qui touchent le site nucléaire du Tricastin depuis plusieurs semaines tant chez Areva que chez EDF. Le 7 octobre, trois salariés de la centrale nucléaire du site avaient été touchés par des effluents liquides radioactifs lors de l’explosion d’une pompe hydraulique. Le 16 septembre, l’ASN avait annoncé avoir demandé à EDF une surveillance renforcée des eaux souterraines de la centrale nucléaire et d’identifier la cause d’une « présence anormale » de tritium depuis début juillet. Fuite toujours en cours. Les autres incidents et défaillances de TU5 sont répertoriés – dans un jargon bien aseptisé et à décrypté – par l’ASN  (http://www.asn.fr/index.php/L-ASN-en-region/Division-de-Lyon/Cycle-du-combustible/Installation-TU-5-usine-AREVA-NC/Avis-d-incidents )


L’ASN mentionnait d’ailleurs dans son « appréciation 2012″ que l’exploitant Areva rencontrait des « difficultés à maîtriser la quantité d’hydrogène présente dans le procédé de l’usine W  » depuis 2011 et que des travaux de modernisation de la zone d’entreposage de l’acide fluorhydrique (cuves et structures) de l’usine W devraient commencer courant 2013. La mise en évidence, en 2011, d’une dose cumulée supérieure à 1mSv sur deux des dosimètres de surveillance placés à la clôture de l’établissement ont contraint à entreprendre des déplacements d’entreposages. 

 

Mais l’ASN constatait que « ces actions n’ont pas encore permis d’améliorer notablement la situation et des investigations complémentaires sont en cours« . Doutant de la bonne volonté d’Areva à respecter les prescriptions l’Autorité de Sûreté Nucléaire a demandé une tierce-expertise de l’étude de dangers de la nouvelle unité d’entreposage. Et pour enfoncer le clou du danger :  » AREVA NC doit améliorer la rigueur de réalisation des rondes de surveillance sur l’installation ». (http://www.asn.fr/index.php/content/view/full/831)

Le « patron » du site Areva est plus prompte à ordonner à ses troupes de pourchasser les citoyens antinucléaires qu’à assumer ses responsabilités de sécurité. Un peu à l’image de son alter-égo de EDF qui vient d’être débarqué en une soirée de la direction de la centrale nucléaire du Tricastin.

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* http://provence-alpes.france3.fr/2013/10/31/legere-fuite-de-poudre-d-oxyde-d-uranium-tricastin-349247.html
http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2013/10/31/97002-20131031FILWWW00523-legere-fuite-chez-areva-a-tricastin.php
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/environnement/legere-fuite-radioactive-a-la-centrale-nucleaire-de-tricastin_1295837.html
http://radioprotection.unblog.fr/2013/11/01/fuite-d%E2%80%99oxyde-d%E2%80%99uranium-a-la-centrale-areva-du-tricastin-les-salaries-de-gerflor-ont-ete-confines/
http://www.ledauphine.com/drome/2013/10/31/fuite-d-oxyde-d-uranium-a-areva-tricastin-les-salaries-de-gerflor-ont-ete-confines

 

 


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SeaOrbiter, le vaisseau des océans

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85% de la biodiversité marine sont encore inconnus et 95 % de la plaine abyssale océanique sont encore inexplorés selon l’Ifremer. Comment mettre fin à cette ignorance ? L’idée a germé dans la tête de Jacques Rougerie, architecte de renommée internationale et président fondateur du SeaOrbiter. Découvrez son vaisseau des océans, mise à l’eau en 2015 !

 

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SeaOrbiter est vaisseau qui arpentera les mers pour des missions longues supérieures à 6 mois. Du haut de ses 58 m, dont 27 mètres sont émergés et 31 mètres sont immergés, et de ses 550 tonnes, ce vaisseau construit en aluminium recyclable fonctionnera intégralement à l’aide d’énergies renouvelables. Il pourra accueillir de 18 à 22 personnes sur 12 niveaux.

Pour commencer la construction du vaisseau, une campagne de crowdfunding vient d’ouvrir sur KissKiss BankBank. Les 325 000 € récoltés serviront à construire l’Oeil du SeaOrbiter. L’Oeil du SeaOrbiter d’une hauteur de 18 mètres, constitue la partie supérieure du vaisseau. Il accueillera le poste de vigie et l’ensemble des systèmes de communication qui permettront de suivre en direct l’aventure. Ce chantier marquera le début de la construction du SeaOrbiter en France en juin 2014. L’intégralité du vaisseau devrait être mis à l’eau en Décembre 2015. Après 4 mois d’essais, SeaOrbiter devrait faire sa première mission en Méditerranée, explorant les abysses et les vestiges engloutis des civilisations disparues.

Jacques Rougerie, fondateur du projet, rêve déjà d’« un réseau planétaire d’une dizaine de vaisseaux ». Ceux-ci permettraient de couvrir les cinq grands océans, et les principales mers intérieures. « Le prix de construction du premier vaisseau, équipements compris, est estimé à environ 35 millions d’euros », confie-t-il.
SeaOrbiter, un point de départ vers les abysses

L’originalité principale de ce projet réside dans la richesse des possibilités offertes. « SeaOrbiter est le seul véhicule au monde qui permet d’observer en continu l’océan et ses abysses. SeaOrbiter permet de mettre à jour de nouvelles espèces, de nouveaux paysages, de nouvelles potentialités », prévoit Sylvia Earle, exploratrice National Geographic.

Equipé d’un accès sous-marin direct à 12 m de fond, SeaOrbiter constituera une base pour les plongeurs et le point de départ des explorations vers les abysses. Scaphandre autonome, sous-marin ou autres engins robotisés d’exploration permettront de conduire des missions sous-marines et de collecter des données sur de très longues périodes, jusqu’à 6 000 m de profondeur !
SeaOrbiter, une recherche de pointe

Le vaisseau accueillera des scientifiques à des fins de recherches et d’innovation. Les domaines sont particulièrement variés : énergies marines nouvelles et renouvelables, climatologie, pharmacologie et santé, équipements et systèmes d’analyse, surveillance de l’écosystème marin, alimentation de demain, ressources minérales ou encore exploration des milieux marins à travers l’exploration des monts sous-marins et des grands fonds.

Ainsi, SeaOrbiter permettra de mieux comprendre les relations entre océan et atmosphère, la modification des équilibres planctoniques, la diminution de la biodiversité et les conséquences du réchauffement climatique sur le milieu marin et ses organismes. SeaOrbiter permettra également de suivre et comprendre le  comportement et les phénomènes de migrations de nombreux organismes, depuis le plancton jusqu’aux grands mammifères marins. Il  mesurera les paramètres d’acidification de l’océan et cartographiera les zones mortes ou en voie d’acidification.

La pollution marine pourra être surveillée. Notamment, l’impact sur les communautés pélagiques, la composition et la qualité du plancton, l’ensemble des chaînes trophiques et la ressource halieutique pourront être étudiées. Le rendez-vous avec l’océan est pris !

La campagne de crowdfunding s’ouvre aux dons à partir de 10 euros. Pour 55 €, votre nom sera inscrit à l’intérieur de l’Oeil. Pour les plus charitables, un don de 15 000 € permettra de passer 48h à bord, avec une nuit passée sous la mer (5 places disponibles). A partir de 40 000 €, le don donne droit à une plongée en sous-marin biplace (3 places disponibles) !

 

 

 

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Un autre maïs OGM bientôt cultivé en Europe ?

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Pour l'heure, seul le MON810 de Monsanto y est cultivé. Mais la Commission et les Etats membres doivent prochainement tenter de s'entendre sur la demande d'un groupe américain.

Un deuxième maïs transgénique pourrait être autorisé prochainement à la culture dans l’UE, si la Commission et les Etats membres ne parviennent pas à s’entendre pour l’interdire, a-t-on indiqué jeudi de sources européennes. La condamnation de la Commission européenne le 26 septembre par la Cour de Justice de l’UE pour «retard injustifié» dans la procédure d’examen d’une demande d’autorisation de culture, a précipité les événements.
Le groupe Pionner, filiale de l’américain DuPont de Nemour, demande depuis 2001 une autorisation pour faire cultiver dans les champs de l’UE son maïs OGM TC1507 résistant à plusieurs herbicides dont le principe actif est le glufosonate d’amonium, très toxique, dénoncent les écologistes.

A ce jour, un seul OGM, le maïs MON810 de Monsanto, est cultivé en Europe. Le groupe allemand BASF a renoncé à produire dans l’UE sa pomme de terre Amflora. Autorisée à la culture en 2010, elle a été un échec commercial.

L’arrêt du tribunal européen a exhumé le dossier du TC1507, oublié depuis 12 ans, et a contraint la Commission européenne à reprendre la procédure en soumettant cette demande d’autorisation de culture au vote des ministres de l’Environnement de l’UE.

La prochaine réunion des ministres est prévue le 13 décembre. Une majorité qualifiée sera nécessaire pour rejeter ou approuver la demande d’autorisation de culture pour le TC1507. Si les Etats ne parviennent pas à s’entendre, la Commission européenne sera obligée d’autoriser la culture sous peine de condamnation pour manquement par la Cour européenne.

La procédure a été modifiée récemment pour supprimer cette obligation imposée à la Commission européenne, mais la demande d’autorisation de Pionner est antérieure à cette réforme, et c’est donc l’ancienne procédure qui s’applique. «Les Etats membres vont être mis face à leurs responsabilités», a commenté jeudi une source européenne proche du dossier.

Mais la Commission européenne peut aussi agir en modifiant sa recommandation, a soutenu Greenpeace. «L’arrêt du tribunal dénonce l’interruption de la procédure, mais il n’empêche pas la Commission européenne de reconsidérer sa position et de décider de ne pas recommander l’autorisation de culture pour tenir compte des études qui démontrent les risques liés à l’utilisation du glufosinate», a expliqué l’organisation environnementaliste.

«La Commission européenne va décider la semaine prochaine quelle suite juridique donner à la décision du tribunal», a déclaré jeudi lors d’un point de presse Frédéric Vincent, porte-parole du Commissaire à la Santé Tonio Borg, en charge du dossier OGM. «Elle ne va rien adopter en terme d’autorisation de culture», a-t-il insisté. «La Commission doit décider vers qui se tourner pour que l’Union européenne se prononce sur la demande d’autorisation du maïs 1507».

Le porte-parole ne s’est pas prononcé sur l’éventualité d’une modification de la recommandation de la Commission européenne, mais il a insisté sur le fait que «l’EFSA (agence européenne pour la sécurité des aliments) a confirmé que l’OGM répond à tous les critères en matière de santé et d’environnement de l’UE».

L’UE ne s’est toujours pas prononcée sur la demande de renouvellement de l’autorisation de culture pour le MON810. Faute de décision, ce maïs OGM continue d’être cultivé en Espagne et au Portugal, mais des clauses de sauvegarde ont été adoptées en 2008 pour interdire sa culture en France, en Autriche, en Hongrie, en Grèce, en Roumanie, en Bulgarie et au Luxembourg.

 

 

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Nitrates : la pollution des eaux va se poursuivre des décennies

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PESTICIDES

 

Que deviennent les nitrates issus de l’épandage d’engrais azotés de synthèse sur nos cultures ? Une étude menée sur 30 ans vient de fournir des chiffres qui interpellent. Par exemple, un fertilisant épandu en 1982 devrait encore participer à la contamination des systèmes aquatiques durant cinq décennies. Visiblement, la capacité de rétention des sols a été sous-estimée.


Pour améliorer la croissance des plantes, et donc le rendement et la qualité des cultures, les agriculteurs enrichissent notamment leurs sols avec des engrais azotés de synthèse, et ce depuis des décennies. Le problème, c’est qu’une bonne partie des nitrates dérivés de ces produits s’infiltre dans les sous-sols, où elle participe alors à la contamination des eaux souterraines (y compris parfois des nappes phréatiques exploitées pour alimenter la population en eau potable). En France, la pollution des eaux continentales par les nitrates serait à 66 % due à l’agriculture (chiffre du CNRS).

De nombreux efforts sont faits pour réduire cette pollution, tant par les agriculteurs que par les autorités. Cependant, il reste des zones d’ombre sur le devenir des produits épandus sur nos champs. Par exemple, que deviennent précisément, et en quelles quantités, les engrais et leurs résidus au cours du temps, à l’échelle de plusieurs décennies ? De nouveaux éléments de réponse viennent de nous être fournis dans une étude présentée dans la revue Pnas, par Mathieu Sebilo de l’université Pierre et Marie Curie (Paris) comme principal auteur.

Voici 30 ans, en 1982, 2 parcelles de 2 m² ont été enrichies avec un engrais azoté de synthèse, mais pas n’importe lequel. Il avait au préalable été marqué avec un isotope stable de l’azote : le 15N. Depuis, des cultures de betteraves sucrières (en été) et de blé (en hiver) se sont succédé sur ces terres, tandis que des mesures isotopiques ont régulièrement été prises. Grâce à elles, les chercheurs ont suivi le pourcentage de nitrates qui a été absorbé par les plantes au cours du temps, et donc celui qui s’est infiltré dans les sous-sols ou qui est resté dans la matière organique du sol. Conclusion : la pollution aux nitrates va se poursuivre bien plus longtemps qu’on ne le prévoyait !


Environ 15 % des nitrates finiront dans les systèmes aquatiques

Ainsi, au bout de trois décennies, 61 à 65 % de l’engrais marqué a été absorbé par les végétaux. Et le reste ? Des mesures ont également été réalisées sur des eaux d’infiltration prélevées à deux mètres de profondeur. Grâce à elles, la fraction de nitrates emportée vers les eaux souterraines a été évaluée. Par déduction, il a donc été possible de quantifier la présence des nitrates marqués dans le sol, où ils sont toujours accessibles aux végétaux. Trois ans après le début de l’expérience, en 1985, les sols contenaient encore 32 à 37 % du fertilisant tracé, contre 12 à 15 % de nos jours. C’est dire s’il subsiste longtemps !

Entre 8 et 12 % des résidus de l’engrais marqué se seraient infiltrés dans le sous-sol durant ces 30 dernières années, et ont donc pu participer à la contamination de ressources hydriques. Selon l’étude, cet écoulement progressif devrait se poursuivre dans les décennies à venir. En effet, les chercheurs estiment que les nitrates vont encore s’écouler à faible dose durant plus de 50 ans, soit plus longtemps que ce que l’on croyait jusqu’alors. D’ici 2082, environ 15 % de l’engrais marqué en 1982 aura pénétré l’hydrosphère, selon les estimations.

Ces chiffres sont loin d’être négligeables. Ils démontrent que la capacité de rétention des sols, qui ont reçu d’importantes quantités d’engrais en quelques décennies, a été sous-estimée. Dès lors, il faudrait mieux en tenir compte dans les efforts entrepris pour réduire la contamination des systèmes aquatiques par les fertilisants agricoles.

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