Les orangers de Floride décimés par une bactérie, le prix du jus s'envole

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La «maladie du dragon jaune» sévit plus que jamais dans les vergers d'agrumes en Floride. Résultat: la récolte d'oranges devrait chuter à son plus bas niveau depuis 29 ans et le prix du jus est à son plus haut depuis deux ans à New York.

 

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«J'ai l'impression qu'on est en train de perdre la bataille» face au «huanglongbing», autre nom de cette bactérie venue d'Asie qui rend les fruits amers et les fait tomber de l'arbre prématurément, se désole Ellis Hunt.

Ce chef d'une grosse exploitation familiale à Lake Wales, dans le centre de l'Etat, cultive des agrumes sur 2.000 hectares. A cause du microbe, sa production d'agrumes est passée en quelques années de 1 million à 750.000 caisses.

La propagation de cette maladie transmise par un insecte est telle cette année que les autorités ont abaissé par quatre fois leurs prévisions pour la récolte à venir.


Au dernier comptage diffusé début avril, le ministère de l'Agriculture (USDA) estimait qu'elle devrait atteindre 110 millions de caisses de fruits, ou 4,95 millions de tonnes. C'est 18% de moins que l'an dernier et le plus faible niveau depuis 1985, quand les vergers avaient été frappés de plein fouet par le gel. Et bien loin de la récolte record de 244 millions de caisses collectées en 1998.

Ces estimations «ont surpris les investisseurs qui ne s'attendaient pas à une telle révision à la baisse», remarque Joe Nikruto, stratège pour la maison de courtage RJO Futures.


Dans la foulée du rapport de l'USDA, le cours du jus d'orange congelé est monté à un niveau plus vu depuis fin mars 2012 sur la plateforme Inter Continental Exchange à New York: le contrat pour livraison en mai, le plus échangé, a pris 7% en trois séances pour grimper à 1,6680 dollars la livre.

Bien sûr cette hausse des cours est aussi alimentée par la sécheresse qui frappe le Brésil, premier producteur mondial de jus d'orange devant la Floride. «Mais les chiffres de l'USDA ont jeté de l'huile sur le feu», assure Joe Nikruto.

 

Dans ses vergers, Ellis Hunt passe désormais de l'insecticide une fois toutes les quatre semaines. Mais «même en ajoutant des engrais, des nutriments, des minéraux pour tenter de renforcer l'arbre, cela ne suffit pas à enrayer la dissémination», ajoute-t-il.


Certains petits agriculteurs ont, de dépit, carrément abandonné leurs vergers car la hausse des cours ne suffit pas à compenser les pertes de production.

Les autorités se démènent pour aider l'industrie des agrumes, qui représente en Floride 9 milliards de dollars et 76.000 emplois, à garder la tête hors de l'eau.

Des millions de dollars sont consacrés à des recherches sur les façons de vaincre la bactérie. Tout en gardant à l'esprit qu'épandre des produits phytosanitaires sur les quelque 210.000 hectares et 70 millions d'arbres des vergers d'agrumes de Floride sera une tâche ardue.

«Nous verrons les gens commencer à replanter et accroitre la production dans les trois à cinq ans», assure pourtant Daniel Sleep, responsable au ministère de l'Agriculture de la Floride. «Avec l'éventail de ressources déployées, il n'y a pas d'autres issues possibles».


Mais une fois cette calamité surmontée, les exploitants devront s'atteler à une autre gageure: redonner aux Américains le goût du jus d'orange.

Les Etats-Unis restent de loin le premier consommateur mondial de la boisson mais sa consommation a baissé de 30% depuis 2003.

En cause: la multiplication de bouteilles en tous genres dans les rayons, dont l'eau et les sodas allégés, moins caloriques.

«Et puis le jus d'orange est étroitement associé au petit-déjeuner, et avec l'accélération du rythme de vie, nous avons tendance à sauter ce repas», souligne Daniel Sleep.


Cet aspect retient d'ailleurs les cours du jus d'orange de monter trop haut, relève Joe Nikruto. «Il est difficile de demander aux gens de payer plus pour un produit qu'ils consomment de moins en moins».

 

 


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Une nouvelle loi en Chine fera de l'environnement une priorité

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La Chine est sur le point d'adopter une nouvelle législation environnementale qui renforcera les moyens de sanctions contre les industries polluantes et leurs dirigeants et préservera les zones protégées du développement industriel, a déclaré à Reuters un universitaire au fait du dossier.

La révision de la loi de 1989 sur la protection de l'environnement, dont les derniers détails sont en cours de discussion, fera passer l'environnement avant le développement économique, a-t-il dit.

 

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"Le fait d'ériger la protection de l'environnement au rang de principe fondamental est un changement considérable qui montre que l'environnement est une priorité", a dit Cao Mingde, un professeur de droit qui a participé à la rédaction du texte.

La nouvelle loi permettra aux autorités de Pékin de mener avec davantage d'efficacité la "guerre" contre la pollution qu'elles ont décrétée après des décennies de négligence au profit d'une croissance économique échevelée.

Elle les autorisera notamment à fermer des usines et à les confisquer alors qu'elles ne pouvaient jusqu'à présent imposer que des amendes, a précisé Cao Mingde.


L'éventail des sanctions sera élargi grâce à l'abandon du système "d'amende maximale" qui permettait aux usines de continuer à polluer en s'acquittant d'une somme nettement inférieure au coût d'une mise aux normes.

Selon Cao Mingde, la loi devrait fixer une "ligne rouge écologique" qui permettra d'interdire l'implantation d'industries polluantes à proximité des zones protégées et généraliser les nouvelles règles de transparence qui imposent aux entreprises de fournir des chiffres d'émissions de polluants atmosphériques en temps réel.


Le projet de loi fait l'objet d'intenses débats depuis plus de deux ans. Un des articles les plus contestés de sa première mouture était l'interdiction faite aux organisations non gouvernementales d'attaquer les pollueurs en justice, un droit réservé à une agence gouvernementale.

Ce droit a depuis été étendu aux ONG environnementales enregistrées depuis au moins cinq ans en dépit, selon Cao Mingde, qui a participé à de nombreuses discussions sur le sujet, des pressions des industries polluantes sur les responsables gouvernementaux.

 

 


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Des oeufs bio pour des poules qui le sont moins

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Avec le lait et les légumes, les œufs sont les aliments bio les plus vendus. Face au succès, les éleveurs de poules doivent faire appel à des importations de grains dont la certification et l'origine sont parfois difficiles à tracer.

 

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Selon l'Institut Technique de l'Aviculture (ITAVI), les œufs bio ont connu un taux de croissance annuel de 16% en moyenne sur 5 ans - même si les œufs issus d'élevage en cages concernent encore 70% des poules pondeuses.

Effet d'aubaine, la plupart des grands élevages industriels s'y sont mis; mais comment parviennent-ils à nourrir toutes ces poules qui, malgré des étiquettes champêtres, sont loin de picorer en plein champ? En 2012, la barre des 20.000 hectares de céréales certifiées bio a été franchie (et même 25.000 en comptant les hectares en conversion), mais les céréaliers bio ne produisent pas que pour les volailles.


Le premier à poser la question est l'agronome et industriel Pierre Weill qui, dans son livre "Mangez, on s'occupe du reste" (Plon), juxtapose la consommation d'œufs et les surfaces dédiées: "Une poule mange des grains, mais on n'en produit pas assez pour nourrir tous ces appétits" explique-t-il à l'AFP. Il faut donc faire appel aux importations, du maïs d'Ukraine ou de Roumanie, des tourteaux de soja d'Argentine - généralement OGM. Le système, selon lui, pousse au crime, même sans volonté de tricher.


Fondateur de l'entreprise Valorex, spécialiste de la nutrition animale, il raconte avoir importé un chargement de graines de lin bio d'Italie. "On est passé par un courtier suisse sérieux et elles sont arrivées certifiées... Et puis récemment j'ai reçu un courrier du ministère italien de l'agriculture annonçant, navré, qu'après enquête il s'agissait en fait de lin de Moldavie, pas bio du tout".


- Conversions opportunistes -


"Ces fraudes de grande ampleur sont structurelles: ce n’est pas une exception, c’est la règle. Sans elles, pas moyen d'approvisionner les rayons Bio des supermarchés. Tous les opérateurs y sont soumis" estime-t-il. "En bio, les poules sont élevées dans des bâtiments et nourries aux grains" reprend-il. Même si la taille maximale est limitée à 3.000 poules par bâtiment et à trois bâtiments par exploitation, avec accès obligatoire au plein air.


Théoriquement, rappelle Elisabeth Mercier, directrice de l'Agence Bio chargée de la promotion de l'agriculture biologique, "au moins 95% de l'alimentation des poules pondeuses doivent être biologiques". A titre temporaire, l'offre n'étant pas suffisamment développée dans l'Union Européenne, un apport de matières riches en protéines, limité à 5% du total, a été autorisé (garanti sans OGM). Mais "qu'il s'agisse de productions nationales ou d'importations, la traçabilité doit être assurée", et "les informations sur l'origine, la nature et les quantités de matières premières pour alimenter les animaux" doivent être précisées, assure-t-elle.


Selon l'Agence bio, les œufs sont avec le beurre et le lait les produits bio les plus achetés en grande surface (52% en 2013) et à 99% "Made in France". Or "80% de la production ce sont des gros industriels, rappelle Christian Marinov, directeur de la Confédération française de l'Aviculture. "L'éthique est-elle la même qu'avec les petits producteurs?" s'interroge-t-il, en mentionnant de vifs débats au sein de l'interprofession, entre "les anciens, qui vendent sur les marchés, et les nouveaux bio".


Pour lui, les seconds ont surtout rejoint le créneau du bio qui leur permet, grâce à un marketing bien compris, de vendre plus cher - pas loin du double comparé aux œufs de batterie. Et les contrôles des élevages bio sont "plutôt moins nombreux que ceux en Label rouge ou Garanti en plein air", jure-t-il.

C'est justement pour en finir avec ces petits arrangements que le commissaire européen à l'Agriculture, Dacian Ciolos, a réclamé une révision du règlement bio au sein de l'UE, avec la volonté d'aller vers davantage de rigueur et moins de dérogations. La discussion commence à peine et suscite déjà des controverses.


"Le Bio local qui maintient un lien au sol est inattaquable mais sa mondialisation est difficile", juge Pierre Weill qui plaide pour "le développement des mesures d'analyse rapide qui révèlent l'origine des aliments et leur mode de production. Et pas un tampon accolé au fond de la Moldavie ou du Kazakhstan".

 

 


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Monsanto veut contrôler le business des abeilles

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C’est une des stratégies les plus secrètes de la firme Monsanto, promoteur mondial des semences transgéniques : investir les différentes entreprises qui font de la recherche sur les abeilles. Aux Etats-Unis, les apiculteurs s’inquiètent de la politique du géant des OGM.

 

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Après les semences, les pesticides, les engrais... Voilà que Monsanto s’intéresse à la pollinisation. Ou plus précisément, aux abeilles. Un tiers de notre alimentation dépendrait de leur patient travail, un service évalué à 153 milliards d’euros par an par une équipe de chercheurs de l’INRA.

Depuis quelques années, Monsanto s’intéresse à la mauvaise santé des abeilles, et explique vouloir les sauver à coup de recherche génétique. Le principal promoteur des plantes transgéniques débarque dans un contexte très difficile pour les apiculteurs.


Depuis la fin des années 1990 en France, et l’hiver 2006-2007 aux Etats-Unis, les essaims semblent victimes d’un mal mystérieux. Environ 30 % (presque un tiers !) des ruches meurent chaque année, sans explication apparente. Alors qu’une mortalité "normale" selon les apiculteurs, s’établit autour de 10 %.

Les scientifiques n’ont pas réussi à trouver une seule explication à ce "syndrome d’effondrement des colonies", mais un ensemble de causes qui provoqueraient la disparition des colonies d’abeilles :


- des causes "pathogènes" comme certains parasites, virus ou champignons,
- le manque de diversité génétique (les abeilles ont été sélectionnées pour leur productivité, mais sont moins adaptées à leur milieu),
- le manque de nourriture dû à une agriculture intensive qui réduit la biodiversité,
- les pratiques des apiculteurs, qui notamment aux Etats-Unis transportent les ruches à travers tout le pays pour polliniser les cultures et affaiblissent leurs essaims par ces voyages incessants,
- enfin (et surtout ?) les pesticides : "Le catalogue des produits phytopharmaceutiques dénombre aujourd’hui 5 000 produits commerciaux dont l’utilisation selon des méthodes non autorisées est susceptible de provoquer des dommages irréversibles sur les colonies d’abeilles", indique un rapport de l’ANSES daté de 2008.

 

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Monsanto rachète une entreprise de préservation des abeilles


Pour endiguer cette disparition, les recherches vont bon train. Et c’est là que Monsanto entre en scène. En 2011, la multinationale rachète Beeologics, une entreprise spécialisée dans la recherche et la production de solutions pour améliorer la santé des abeilles. "Notre mission est de devenir les gardiens de la santé des abeilles partout dans le monde", indique son site internet.


Dans un communiqué de presse la firme américaine justifie ce rachat : "Monsanto sait que les abeilles sont une composante clé d’une agriculture durable dans le monde."

Beeologics a développé un produit à base d’ARN (une sorte de copie de l’ADN qui permet aux cellules de fabriquer les protéines dont elles ont besoin) pour lutter contre certains virus : "Une copie d’une séquence d’ARN du virus est introduite dans la nourriture des abeilles et leur organisme le perçoit comme un signal pour détruire le virus" explique Jay Evans, chercheur spécialiste de la génétique des abeilles au ministère de l’agriculture des Etats-Unis. Ce traitement, appelé Remebee, "réduit le syndrome d’effondrement des colonies", promet Beeologics.

"La technologie à l’air sûre et c’est un succès, c’est pour cela que Monsanto a racheté Beeologics", poursuit le chercheur, joint au téléphone.


Mais Christoph Then, vétérinaire, spécialiste des biotechnologies et ancien expert pour Greenpeace, ne partage pas cet enthousiasme : "Le procédé utilisé a été découvert il y a seulement quelques années. On ne connaît pas encore tous ses effets, il y a débat dans la communauté scientifique." Surtout, Beeologics a testé les conséquences de son produit sur les abeilles, mais qu’en est-il sur d’autres organismes ? "L’ARN utilisé n’est pas stable et peut passer d’un organisme à l’autre, poursuit cet expert. Donc à ce stade, cette technologie n’est pas assez sûre pour être utilisée dans l’environnement."

Pourtant au ministère de l’Agriculture américain, Jay Evans prédit déjà un bel avenir à ce remède pour les abeilles : "La technologie va se développer dans les prochaines années." Beeologics espère même commercialiser un produit qui, grâce au même procédé, rendrait les abeilles résistantes au varroa, l’un de leurs parasites les plus destructeurs et contre lequel les apiculteurs sont de plus en plus démunis. Ce marché des traitements pour abeilles est dans doute minuscule comparé à celui des semences ou des pesticides, mais cela permet au moins à Monsanto de se racheter une image auprès de certains apiculteurs.


Un "sommet sur la santé des abeilles"


D’ailleurs, pour montrer son implication dans la protection des abeilles, Monsanto est allé jusqu’à organiser en juin de l’année dernière un "sommet sur la santé des abeilles" à son siège de Chesterfield.

Réunissant chercheurs, apiculteurs et industriels, l’initiative a étonné aux Etats-Unis. Au programme des discussions, les multiples causes du syndrome d’effondrement des colonies. A savoir la destruction des habitats et des sources de nourriture des abeilles, le virus varroa... et les pesticides.

 

Au programme des discussions, les multiples causes du syndrome d’effondrement des colonies. A savoir la destruction des habitats et des sources de nourriture des abeilles, le virus varroa... et les pesticides.

Il s’agirait d’une belle opération d’enfumage, pour faire oublier que les pesticides sont les principaux responsables de la disparition des abeilles, estime l’association environnementale Pesticide Action Network. Elle dénonce les "efforts insidieux de Monsanto et des autres fabricants de pesticides pour discréditer les études scientifiques sur les impacts des pesticides sur les abeilles". Selon elle, Monsanto tente de faire croire que les pesticides ne sont qu’un problème mineur et que c’est le varroa destructor, ce parasite des abeilles, qui serait la menace la plus sérieuse...

"Les abeilles dérangent, rappelle Henri Clément, porte-parole de l’UNAF (Union National des Apiculteurs de France), elles posent la question de la qualité de l’environnement. Elles sont des lanceurs d’alerte et ont été les premières touchées par les pesticides."


Les néonicotinoides, nouveau danger

 

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Surtout, remarquent les apiculteurs, l’apparition du syndrome d’effondrement des colonies coïncide étrangement avec la mise sur le marché d’une nouvelle classe de pesticides à partir des années 1990 : les néonicotinoides.. Produits par Bayer ou Syngenta (par ailleurs producteurs, eux aussi, de semences transgéniques), ils enrobent aussi les semences de Monsanto, notamment les graines de maïs.

Leur action consiste à attaquer le système nerveux central des insectes. Chez les abeilles, une étude a ainsi montré, pour un néonicotinoide couramment utilisé, qu’il désoriente les abeilles : elles ne retrouvent plus la ruche. "Cela entraîne un risque de disparition de la colonie", indiquent les chercheurs.


Ces pesticides affaibliraient aussi les défenses imunitaires des abeilles, indique une autre publication scientifique, les rendant plus sensibles aux parasites, aux maladies, ou au manque de nourriture quand la saison n’est pas clémente... Bref, ils seraient l’élément déclencheur, davantage que tous les autres facteurs responsables du syndrome d’effondrement des colonies.

Les soupçons sur ces pesticides nouvelle génération sont suffisamment étayés pour que l’Union Européenne ait décidé de suspendre l’utilisation de trois néonicotinoides pendant deux ans (depuis le 1er décembre 2013). Mais les apiculteurs demandent une interdiction ferme. "Les abeilles sont des empêcheurs de tourner en rond, un grain de sable dans l’engrenage de Monsanto", poursuit Henri Clément.

 

Monsanto continue de détourner l’attention. Par exemple, l’entreprise est fière de citer parmi les "co-organisateurs" de son sommet sur la santé des abeilles le Project Apis m, un programme qui déclare fournir du matériel aux laboratoires et proposer des bourses aux jeunes scientifiques. Mais surtout, il incite les agriculteurs à semer des plantes nourrissantes pour les abeilles en période de pollinisation. Une autre action pour "sauver" les abeilles, financée par Monsanto.


Monsanto rachète une firme stratégique du royaume des abeilles


Le congrès de Chesterfield a également été l’occasion pour l’entreprise de se faire des contacts intéressants. Autre "co-organisateur", le Honey Bee Advisory Council ou Comité de conseil sur les abeilles. C’est une organisation créée par Monsanto, qui se vante d’y réunir "des membres de l’industrie apicole, des experts et des membres du monde académique". On y trouve notamment un ancien président de l’Association américaine des apiculteurs, mais aussi Gus Rouse, propriétaire de Kona Queen, la plus grosse entreprise de production de reines d’abeilles aux Etats-Unis. Une firme qui mérite la plus grande attention.


Située à Hawaii, Kona Queen produirait plus de 200 000 reines par an - le chiffre exact reste secret. Car ce marché ne compte que trois grands producteurs qui, pour des raisons de concurrence refusent de les dévoiler. Même avec les statistiques officielles, Danielle Downey, représentante du ministère de l’agriculture américain auprès des apiculteurs d’Hawaii ne peut faire que des estimations : "Environ 25 % des reines des Etats-Unis et 50 % des reines au Canada viennent d’Hawaii".

L’Etat du Pacifique sous bannière étoilée profite de son climat favorable pour produire des reines presque toute l’année. "Ce sont les premières de la saison, les apiculteurs d’Amérique du Nord les font venir pour pouvoir développer leurs colonies plus tôt au sortir de l’hiver, raconte Danielle Downey. Avec l’apparition du syndrome d’effondrement des colonies, les apiculteurs ont de plus en plus besoin de reines pour remplacer les essaims perdus. La demande dépasse la production, et l’industrie est en pleine croissance".


La production de reines est donc un secteur économique qui pourrait s’avérer de plus en plus rémunérateur, même s’il ne dépasse pas là pour l’instant quelques millions de dollars. Se rapprocher du principal producteur de reines des Etats-Unis permet aussi à Monsanto de mettre un pied dans la sélection génétique des abeilles, une des pistes aujourd’hui privilégiées par les chercheurs pour améliorer leur santé.

 

Dans une ruche, il n’y a qu’une seule reine, mère de toute la colonie. Son patrimoine génétique est de première importance. Depuis longtemps, les reines ont été sélectionnées pour leur productivité. Désormais, on les sélectionne aussi pour leur résistance à ces multiples facteurs responsables du syndrome d’effondrement des colonies. A Hawaii, "nous travaillons sur des abeilles résistantes au varroa par insemination artificielle", indique Danielle Downey.


Des abeilles transgéniques ?


Alors Monsanto envisage-t-il de créer des abeilles transgéniques ? La question a été débattue au Congrès mondial des apiculteurs en septembre dernier. "Monsanto a bien manipulé le colza pour qu’il résiste à leur propre désherbant et maintenant ils peuvent vendre à la fois les semences et le RounUp, rappelle Gilles Ratia, président de la Fédération Internationale des apiculteurs Apimundia. Alors on les soupçonne de vouloir comprendre le métier d’élevage de reines pour les rendre résistantes aux graines enrobées de néonicotinoides, ou à leur maïs OGM sécréteur d’insecticides. Ils déposeraient un brevet, puis ils vendraient à la fois les semences et les abeilles pour les polliniser !"


Un étrange événement, survenu en mars 2012, vient renforcer ces soupçons. Aux Etats-Unis, les ruches d’un célèbre naturaliste, Terrence Ingram, ont été saisies par le ministère de l’agriculture de l’Illinois. Il travaillait depuis plus de quinze ans sur les effets du RoundUp, l’herbicide mondialement connu de Monsanto, sur les abeilles. Après des années de sélection génétique, trois ruches et leurs reines avaient résisté plus d’un an, malgré les épandages de RoundUp.


Au début du printemps, les inspecteurs du ministère ont débarqué "sans aucun avertissement, raconte Terrence Ingram, joint par Reporterre. Ils ont pris trois ruches, et tué les reines des deux autres. Ils ont déclaré que mes ruches étaient contaminées par la loque américaine. Ce qui est faux, j’avais les preuves qu’elles étaient saines mais je n’ai pu les présenter que trois semaines plus tard au tribunal, c’était trop tard. Tout était déjà détruit."

Le travail de Terrence Ingram avait de quoi gêner Monsanto. "Il est certain que le RoundUp tue mes abeilles : en 1996, mes 250 ruches ont été exposées au RoundUp et toutes sont mortes. Depuis, chaque année je rachète des essaims, chaque année le RoundUp est répandu, et chaque année ils meurent... Sauf celles qui avaient enfin développé une résistance. Aujourd’hui, je ne sais toujours pas où sont les ruches que l’on m’a prises, si elles ont été vraiment détruites." Certaines associations environnementales des Etats-Unis soupçonnent Monsanto d’avoir volé les ruches, pour mener des recherches. "Je n’ai aucune preuve qu’ils soient derrière cela", tempère le naturaliste.


Au Congrès sur la santé des abeilles organisé par Monsanto, un apiculteur a relayé l’inquiétude de sa profession à propos des abeilles OGM, indique un journal local. Réponse de Jerry Hayes, responsable de la recherche sur les abeilles chez Monsanto : "Nous n’avons pas l’intention de modifier génétiquement une abeille, ou d’en créer une qui ne polliniserait que les semences de Monsanto. Notre but est de protéger leur santé."

Le scientifique Jay Evans se veut lui aussi rassurant : "Pour l’instant personne n’a jamais fait cela, la génétique des abeilles est trop complexe. Et puis, on ne se permettrait pas d’aller dans ce sens pour les abeilles : ce serait trop dangereux. Le seul insecte que l’on ait génétiquement modifié est le moustique responsable de la malaria. C’est une maladie terrible et même là, il a fallu vingt ans que la technique soit sociaiement acceptée. Je ne pense pas que nous aurons un jour des abeilles génétiquement modifiées."


Quoi qu’il en soit, pour l’instant, Monsanto n’a pas encore sauvé les abeilles. Sur internet, les écolos américains s’amusent sur un ton doux-amer à imaginer ce qui se passerait si les abeilles disparaissaient... Ils signalent à Monsanto qu’un laboratoire d’Harvard, le Microrobotics Lab a déjà développé un robot pollinisateur. Le Robobees serait bientôt capable de remplacer les abeilles dans les champs d’amandiers ou de maïs... "Mais les abeilles robots ne savent pas danser", rappelle un article du Guardian Liberty Voice.


Source : Marie Astier pour Reporterre.

 

 


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L'île la plus écologique du monde est née!

Publié le par Notre Terre

C'est la plus petite île de l'archipel des Canaries et la moins connue des touristes: El Hierro se prépare pourtant à faire parler d'elle en devenant bientôt la première île au monde 100% autonome en électricité grâce aux énergies renouvelables.

 

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Pour cela, elle mise sur sa principale richesse, le vent qui balaie à longueur d'année les 278 kilomètres carrés de son paysage atypique, entre montagnes verdoyantes et étendues de roche volcanique, au large des côtes africaines.

Mais «le vent n'est pas constant», d'où l'idée de le combiner avec une autre ressource, l'eau, explique Juan Manuel Quintero, directeur général de la centrale Gorona del Viento, située près de la capitale Valverde.

Selon un schéma unique au monde, l'installation associe cinq éoliennes et deux bassins, l'un à 700 mètres au-dessus du niveau de la mer, l'autre 650 mètres plus bas.


Le parc éolien, d'une puissance de 11,5 mégawatts, couvrira amplement la demande des usines de dessalement d'eau de mer et des quelque 10.000 habitants (8 mégawatts en heures de pointe).

L'excès d'électricité servira à propulser l'eau de mer adoucie du bassin inférieur vers le supérieur.

Et quand le vent tombera, l'énergie hydraulique prendra le relais, en relâchant l'eau du haut vers le bas, offrant une puissance de 11,3 mégawatts.

Ce système «nous donne une garantie dans la fourniture d'électricité», souligne Juan Manuel Quintero, qui supervise les derniers essais en grandeur nature avant la mise en service de la centrale d'ici quelques semaines.


Lors de l'inauguration officielle prévue fin juin, elle couvrira 50% de la demande en électricité, et veut monter au fil des mois jusqu'à 100%.

De quoi éviter à l'île, réserve de la biosphère de l'Unesco, d'émettre chaque année 18.700 tonnes de CO2 et de consommer 40.000 barils de pétrole. La centrale au fioul restera comme solution exceptionnelle de dépannage.

 

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- 'Laboratoire' -


 

«C'est un projet qui est considéré au niveau mondial comme pionnier et l'un des plus importants dans la production d'énergies renouvelables», assure Alpidio Armas, président du Cabildo, l'autorité locale.

«La vraie nouveauté d'El Hierro est que les techniciens arrivent, sans être connectés à un quelconque réseau national ou insulaire, à garantir une production électrique stable, issue à 100% d'énergies renouvelables, en s'affranchissant de l'intermittence du vent», confirme Alain Gioda, historien du climat à l'Institut de recherche pour le développement (IRD) à Montpellier, qui a visité l'île une dizaine de fois.


Le projet va plus loin, espérant convertir d'ici 2020 le parc automobile (6.000 voitures) à l'électrique grâce à un accord avec Renault-Nissan. Une usine de recyclage d'huile en biodiesel vient aussi d'ouvrir.

Par sa taille et population réduites, «El Hierro peut être une forme de laboratoire», estime Alpidio Armas, et un exemple pour les îles du monde entier, où vivent 600 millions de personnes. Déjà Hawai, Samso (Danemark), Oki (Japon), Aruba (Pays-Bas) et l'Indonésie s'y sont intéressées.

L'île, caillou perdu à l'extrême ouest des Canaries, a aussi été invitée à exposer son cas dans plusieurs congrès internationaux, à Malte et en Corée du Sud notamment.


D'un budget de 80 millions d'euros, la centrale appartient à 60% au Cabildo, 30% au producteur d'électricité Endesa (Enel) et 10% à l'Institut technologique des Canaries.

«Nous avons voulu être propriétaires de la majorité de la centrale: cela signifie que les bénéfices et possible pertes, donc le destin de Gorona del Viento, ce sont les habitants de l'île eux-mêmes qui s'en occupent», précise Alpidio Armas.

Pas de factures allégées pour eux (le tarif de l'électricité étant identique dans tout le pays), mais les recettes de la centrale gonfleront le budget de l'île: «nous parlons d'un à trois millions d'euros» par an, «ce sont des revenus pour l'île qui peuvent être reversés à la population, dans le prix de l'eau, l'entretien des infrastructures, les politiques sociales...»


El Hierro, avec un chômage à 32%, espère aussi attirer de nouveaux visiteurs: «nous ne pouvons pas renoncer aux bénéfices qu'apporte le tourisme, mais nous ne voulons pas d'un tourisme massif», comme ailleurs aux Canaries, dit le président du Cabildo.

L'île vise plutôt les amoureux de la nature et des sciences, à l'image des stagiaires allemands que reçoit déjà la centrale.

 

 


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