C’est assez clair, les consciences s’éveillent et les consommateurs se tournent de plus en plus vers la filière BIO : la conséquence de cet engouement (près de 9 Français sur 10 ont consommé des produits BIO au moins occasionnellement, et 6 sur 10 régulièrement) est alors un emballement du marché. Mais là où le marché fleurit, les industriels se ruent. Commence alors la guerre des prix pour « du BIO abordable pour tous » !
Dans « Les dessous de l’alimentation BIO », Claude Gruffat explique que « le modèle de la grande distribution est incompatible avec la Bio. ». L’engrenage infernal commence par une négociation des plus grosses centrales d’achats et de distribution : Carrefour-Promodès, Lucie (centrale d’achat commune à Leclerc et à Système U), Opéra (centrale d’achats regroupant Casino-Cora, mais aussi Franprix, Leader Price, Monoprix-Prisunic), Auchan, et Intermarché qui mettent la pression sur les producteurs. Or ces producteurs se trouvent à l’étranger car la production française n’arrive pas à suivre (4% seulement sont consacrées au BIO en France) et est trop chère.
Vite et mal
On se retrouve alors avec des produits estampillés BIO soumis à des normes permissives (par exemple, le label bio européen autorise 0,9% d’OGM dans les produits BIO et les traitements médicamenteux), mixés avec des produits non BIO et surtout, qui ont fait des milliers de kilomètres avant d’arriver dans nos assiettes françaises. Stéphanie Pageot, présidente de la Fédération Nationale d’Agriculture Biologique (FNAB) souligne l’importance capitale de préférer un prix juste à un prix bas.
Aujourd’hui, le BIO de la grande distribution a largement dépassé celui des filières spécialisées (La Vie claire, Biocoop, Les Nouveaux Robinson, etc.) avec 45% de part de marché contre 37% et 18% pour les circuits courts (AMAP et vente direct). Seulement, les valeurs paysannes qui ont couvé les bases de l’agriculture biologique telles que le respect de la nature, la solidarité entre producteurs, l’autonomie alimentaire, la diversité des cultures et des élevages etc. en pâtissent beaucoup…
Distinction affirmée
Le directeur de la coopérative Norabio située dans les Hauts-de-France affirme qu’« aujourd’hui, une ferme de 1000 vaches en BIO, c’est possible. ». De son côté, l’association L214 a plusieurs fois dénoncé certaines fermes BIO et leurs conditions d’abattage déplorables en soulignant l’incapacité du BIO d’assurer une vie décente et une mort sans souffrances ou maltraitances des animaux.
Les normes du cahier des charges européen fixées en 1999 sont larges et permettent de contourner ce qui devrait être un véritable respect de l’environnement et un mode de production durable. Résultat : « une baisse des qualités gustatives des aliments, soit une standardisation-homogénéisation des produits, soit encore la disparition, la raréfaction ou le remplacement par des substituts industriels des produits artisanaux (fromages, charcuteries, pain, etc.) » expliquait Jean-Pierre Corbeau, professeur de sociologie à l’Université François Rabelais de Tours au XVIIème congrès de l’AISLF (Association Internationale des Sociologues de Langue Française en 2004.
Ethiquement bon
Les professionnels et les engagés dans la filière BIO se regroupent pour peser de tout leur poids dans la balance face à l’invasion industrielle ; par exemple, la marque « Ensemble, solidaire avec les producteurs » met un point d’honneur à privilégier l’adaptation aux conditions de production afin d’aJUSTEr les tarifs.
« Chaque année, en fonction des aléas climatiques et des rendements obtenus, les prix des produits peuvent varier à l’intérieur d’une fourchette. Ils sont garantis par contrat sur trois ans avec un plancher et un plafond. », déclare François Péloquin, agriculteur BIO et gérant du GIE Ferme de Chassagne en Charentes. En effet, en tant que consommateur, il faut accepter de payer plus cher un fruit ou un légume si l’année a été moins productive, il faut consommer des produits de saison, exit les fraises en hiver ! Renoncer à un confort superficiel et monté de toutes pièces.
C’est en 2010 que la FNAB a créé un cahier des charges français, le label BIO Cohérence qui, ajouté à la réglementation européenne, offre de vraies garanties sur une alimentation juste et éthique (nourriture 100% BIO, cultures et élevages confondus, interdiction des OGM et de l’élevage hors-sol, vente directe…). Les associations Nature & Progrès ou Déméter (agriculture biodynamique) ont également mis sur pied des cahiers des charges prônant une agriculture vraiment biologique.
Récapitulons :
– Préférer les circuits courts et la vente directe
– Consommer les fruits et légumes de saison
– Être prêt à payer un prix juste
– Favoriser les AMAP
En plus de respecter l’environnement et les producteurs, ces mesures vous permettront de de consommer des produits de qualité, bons pour la santé et riches en goût !
Source : larelevedelapeste.fr