Les arbres de la ville de Gap continuent de tomber sous les assauts des tronçonneuses
Je viens par la présente lettre vous faire part de mon indignation la plus profonde suite à un nouvel abattage d’arbres en face de l’école Porte-Colombe. Je suis citoyen gapençais, né à Gap, et jamais de mémoire de gapençais on n’avait vu un maire aussi méprisant face à l’environnement et la nature dans son ensemble.
Je ne vais pas faire ici étalage de tous les arbres que vous coupez depuis plus de dix ans mais aujourd’hui la coupe est pleine. Nous sommes de plus en plus nombreux à Gap, à nous inquiéter de votre politique écologique, si politique il y a…
Lorsqu’on flâne dans les rues de Gap, deux choses interpellent : vos « belles » places à la provençale, lisses et épurées comme une piste de bowling et les arbres de type « bonzaï » qui arborent les rues et lesdites places. Lorsqu’on s’approche un peu plus près et qu’on se dirige vers un de ces arbres nouvellement plantés, on se rend compte de plusieurs choses : leurs petites tailles laissant penser à un trait génétique proche du nanisme, leur style de parasol que la taille de vos ouvriers leur ont donné ainsi que leur tronc chétif.
On s’aperçoit également que la plupart de ces jeunes arbres portent en périphérie de leur tronc un anneau de fer, ce n’est malheureusement pas le signe de l’alliance des jeunes mariés mais bien le signe d’une domestication de l’homme sur la Nature. Les arbres étant doués de proprioception (c'est-à-dire la capacité à percevoir et sentir ce qui se trouve dans notre entourage immédiat), stoppent leur croissance car ils détectent cet anneau de fer proche de leur tronc.
Alors, Monsieur Didier, permettez moi une réflexion très personnelle mais comme je l’évoquais au mois de mars avec Monsieur Jean Pierre Martin par mail, vous donnez la sensation que la ville de Gap entretient une peur ou une psychose à l’égard des grands arbres, y voyant une terrible menace potentielle si d’aventure ils devaient chuter et s’abattre sur quelqu’un ou quelque chose. La société de la judiciarisation a crée la peur du lendemain, des peurs infondés et déraisonnables.
J’étais le témoin malheureux hier devant l’école de Porte-Colombe des dernières heures de ces arbres. Je les ai vus chuter, mourir sous mes yeux, je n’ai pu m’empêcher de laisser monter l’émotion en moi et je repensais alors à tous ces beaux et grands arbres que vous avez abattus, les considérant comme du mobilier urbain… A Gap, on coupe des arbres, comme on dévisse des bancs.
Je me demande également pourquoi vous avez fait appel à une entreprise privée pour effectuer cette tâche alors que vos services techniques ont tous les équipements nécessaires pour le faire…
Monsieur le Maire, nous vous demandons de cesser cette politique insensée d’abatage des arbres de la ville. Ils sont nécessaires et apportent des bienfaits non négligeables à la vie de la cité, ils apportent de l’ombre et de la fraicheur, point crucial notamment par ces fortes chaleurs, leur système racinaire élaboré maintient la terre et évite les glissements de terrain, ils sont une barrière naturelle aux vents et aux bruits, ils favorisent les lieux de rencontre, ils permettent, on le sait tous, la captation du dioxyde carbone et plus les arbres sont grands, plus ils peuvent dépolluer les villes. La science nous apprend que les arbres apportent des bienfaits palpables et vérifiables tant sur le corps, que sur l’esprit, ils apaisent les personnes qui se trouvent à leurs abords en sécrétant des hormones.
Une étude publiée en 2004 par l’Agence responsable des forêts au Japon a montré que le sang de personnes ayant marché dans les bois contient un taux de cortisol beaucoup plus bas que celui de personnes ayant couvert la même distance en ville. Or, cette hormone est considérée comme une des principales hormones du stress. Roger Ulrich, qui étudie le comportement humain à l’université A&M du Texas note également que les patients guérissent plus vite quand leur chambre donne sur un espace vert. Ces derniers souffrent moins de nausées et prennent moins d’analgésiques.
Monsieur le Maire, quelle société voulez-vous construire ? Une ville dépourvue de grands arbres, grise et froide, remplacée par de chétifs bonzaïs, une ville étouffante ou l’air ne circule plus ? Une ville gangrénée par la violence ? Car là où les arbres disparaissent, la violence grandit.
L’arbre est le meilleur ami de l’homme.
Merci de votre attention