A l’occasion de la première journée mondiale du recyclage, un tout nouveau concept de supermarché est né. Il a la particularité d’être inversé : on y vient déposer nos vieux objets pour en récupérer d'autres gratuitement.
On préfère vous prévenir tout de suite, ce supermarché ne se trouve pas à Paris mais bien en province! Au Smicval Market, dans la petite ville de Vayres en Gironde, on peut venir déposer n’importe quel objet obsolète et en récupérer d’autres qui nous seront utiles. Une ancienne déchetterie totalement réhabilité où le troc se fait en bonne et due forme, en somme.
Son but : faire changer la vision des déchets pour redonner de la valeur aux objets et matériaux pour leur seconde vie. Ce gigantesque magasin, ingénieusement organisé, est divisé en plusieurs compartiments : cuisine, brico, déco… de quoi trouver son bonheur un peu partout.
Muni d’un caddie fourni à l’entrée, vous circulez entre les rayons, vous déposez vos objets inutiles et repartez avec d’autres qui vous inspirent. Ce qui ne trouve sa place sous aucun de ces préaux finit dans une recyclerie.
L’initiative va encore plus loin que la mise en place de ce système de troc puisqu’elle permet d’apporter une nouvelle vision de la gestion des déchets et d’éduquer les citoyens, de leur inculquer l’idée que les objets dont on ne veut plus peuvent avoir une deuxième vie dans un autre foyer. Le supermarché met pour cela à disposition de ses utilisateurs des ateliers éducatifs, destinés à instruire les plus jeunes comme les adultes sur la gestion de leurs vieux objets et sur leur possible réutilisation. On applaudit.
Dans un rapport, le premier de ce genre, l’organisation onusienne s’inquiète de la disparition de myriades d’organismes à la base de la production agricole.
L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) met en garde, dans un rapport alarmant publié vendredi 22 février, sur le risque de pénurie alimentaire dû à diminution drastique de la biodiversité dans l’agriculture et l’alimentation.
Ce rapport, le premier de ce genre jamais réalisé par la FAO, « présente des preuves toujours plus nombreuses que la biodiversité qui est à la base de nos systèmes d’alimentation, à tous les niveaux, est en baisse à travers le monde ».
Des myriades d’organismes qui sont aussi à la base de la production agricole, comme certains insectes, voire de micro-organismes, participent à cette biodiversité, mais sont menacés. Tous les jours des espèces ou des plantes, qui ne pourront jamais êtres retrouvées, disparaissent, avertit ce rapport.
Or les productions agricoles qui manquent de diversité dans les cultures sont beaucoup plus vulnérables à des chocs comme des maladies ou des parasites que celles qui reposent sur plus de biodiversité, assure la FAO. Et de citer en exemple les conséquences dramatiques de la quasi-disparition de la pomme de terre en Irlande au milieu du XIXe siècle, qui servait alors de nourriture de base aux paysans de l’île.
Une biodiversité particulièrement menacée en Amérique latine
Depuis, les pratiques agricoles visant à favoriser la biodiversité ont certes progressé, mais il reste encore beaucoup à faire, selon la FAO, qui appelle les gouvernements à se saisir du problème.
L’organisation des Nations unies prend également plusieurs exemples pour illustrer l’importance de cette biodiversité des espèces et des cultures. L’humanité cultive environ 6 000 plantes pour se nourrir, mais, en réalité, seules 200 d’entre elles contribuent à remplir son assiette et neuf seulement représentent 66 % de toutes les récoltes dans le monde.
L’organisation internationale souligne aussi que 75 % des récoltes dans le monde dépendent de la pollinisation, au moment où les colonies d’abeilles, par exemple, se font de plus en plus rares.
La France s’apprête à déployer la 5G, qui repose en partie sur l’utilisation d’ondes à très haute fréquence. Aucune étude épidémiologique n’ayant été faite, scientifiques, médecins, et jusqu’aux services de l’État s’alarment.
La cinquième génération de standards pour la téléphonie mobile, ou 5G, est la promesse de pouvoir se connecter d’où que l’on soit sur la planète. C’est aussi l’occasion d’aligner les superlatifs : de partout et tout le temps, ultra haut débit, transmission à moins d’une milliseconde. À tel point que certains parlent « de changement sociétal sans précédent à l’échelle mondiale », avec l’arrivée des objets connectés, 155 milliards d’ici 2025 [1], des villes intelligentes, des voitures autonomes, des robots chirurgiens, etc. Revers de la médaille, « la 5G augmentera l’exposition aux champs électromagnétiques de radiofréquence (CEM-RF) », ont prévenu, en septembre 2017, plus de 170 scientifiques issus de 37 pays. Ils réclament un moratoire « jusqu’à ce que les dangers potentiels pour la santé humaine et l’environnement aient été (...) évalués par des scientifiques indépendants de l’industrie (...) Il est prouvé que les émissions CEM-RF sont nuisibles à l’homme et à l’environnement ».
Dès 2011, le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait classé les radiofréquences comme « cancérogènes possibles pour l’Homme ». Puis en 2016, une étude étasunienne du National Toxicology Program de grande ampleur montrait que des rats exposés à des ondes développent des cancers. La même année, en juillet, une étude de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) estimait que ces « ondes ont des effets possibles sur les fonctions cognitives et le bien-être des plus jeunes ».
« Le problème de la 5G est similaire, mais en pire, aux problèmes que l’on constate déjà avec les premières générations de téléphone, du fait que les ondes sont pulsées »
Ces études scientifiques incontestées ne concernent pas directement la 5G. C’est d’ailleurs ce que souligne le rapport de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques du 11 décembre 2018 sur la 5G. Les auteurs relèvent « que le financement d’études indépendantes (...) est pour l’heure compromis : le projet de loi de finances 2019 a supprimé une taxe additionnelle qui servait jusqu’alors à ces financements. Et son remplacement par une subvention n’est pas acté ».
« Toute nouvelle technologie suscite des inquiétudes », relativise Gilles Brégant, directeur général de l’Agence nationale des fréquences (ANFR). Alors légitimes ou fantasmées ? Les craintes s’alimentent peut-être du fait qu’on semble mettre la charrue avant les bœufs : miser sur une technologie dont on ne peut mesurer les effets sanitaires que plusieurs années plus tard ne revient-il pas à faire de la population des rats de laboratoire ?
Car, en juillet 2018, le gouvernement a présenté sa feuille de route, prévoyant l’attribution de nouvelles fréquences aux opérateurs dès 2020, une couverture des principaux axes de transport par la 5G d’ici 2025. Contactée par Reporterre, l’Anses rappelle pourtant l’une de ses recommandations formulée dès 2013 : « Le développement des nouvelles infrastructures de réseaux doit faire l’objet d’études préalables en matière de caractérisation des expositions, en tenant compte du cumul des niveaux existants et de ceux qui résulteraient des nouvelles installations. »
Comme le fait remarquer la docteure Annie Jeanne Sasco, médecin épidémiologiste du cancer et coordinatrice en Europe de la pétition contre le déploiement de la 5G, « il faut du temps pour développer un cancer ». Comment évaluer en quelques mois les effets de nouvelles fréquences sur le vivant ? Sans parler des combinaisons de fréquences. Cela n’empêche pas la cancérologue d’affirmer que « le problème de la 5G est similaire, mais en pire, aux problèmes que l’on constate déjà avec les premières générations de téléphone, du fait que les ondes sont pulsées ». « L’être vivant n’est pas fait pour être exposé à ce type de champs électromagnétiques. Des cellules vivantes peuvent à la rigueur s’adapter à des expositions continues, estime l’épidémiologiste. Mais passer en “on/off, on/off, on/off” à la vitesse extraordinaire de la 5G ne va pas permettre à nos cellules de s’adapter. »
Car la 5G repose sur un ensemble de fréquences : celles assez classiques, situées dans la bande allant de 3,4 à 3,8 GHz, voisines du spectre de la 3G et de la 4G. Mais aussi sur une autre tranche du spectre électromagnétique, située aux alentours des 26 GHz. « Cette bande n’a jusqu’à présent jamais été utilisée pour des réseaux mobiles », souligne le régulateur des télécoms français, l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep), le 31 janvier 2019, qui encourage, comme le gouvernement, les villes à lancer des expérimentations en « situation réelle ».
L’autre caractéristique des bandes de très haute fréquence, dites « millimétriques », aux largeurs considérables, c’est d’être courte. Avantage pour le corps humain, les millimétriques ne pénètrent pas dans l’organisme à plus de 2 mm. « Cela dit, tempère le président des Robins des toits, Pierre-Marie Theveniaud, même à 2 millimètres, la conduction nerveuse en surface est modifiée, les tissus chauffent, sans compter que l’exposition est d’autant plus forte que le rapport poids/volume est grand. » Quid alors des effets sur les insectes, les abeilles, les oiseaux… et sur les enfants ?
« S’il n’y a pas de téléphone, vous n’êtes pas visé »
Inconvénient de cette faible pénétration pour la propagation des ondes en ville : elles sont facilement stoppées par des « obstacles urbains » tels que les immeubles, les arbres, le béton… Pour surmonter cette difficulté, les promoteurs de la 5G vont déployer des satellites dans l’espace et des petites antennes sur terre, les « small cells », qui vont s’incruster en ville au sein d’arrêts de bus, lampadaires, panneaux d’affichage, etc. jusqu’à tous les 100 mètres. JCDecaux, le publicitaire urbain, a ainsi annoncé qu’il allait accompagner une douzaine de villes en France dès cette année dans l’installation des petites antennes. Contacté par Reporterre, il regrette ne pouvoir révéler le nom des villes « du fait d’un accord de confidentialité avec les opérateurs ». Dans sa communication, le propriétaire de mobilier urbain publicitaire fait référence aux résultats positifs de l’exposition du public aux ondes d’une récente étude de l’ANFR, consacrée aux small cells, mais réglées pour la 4G !
L’étude conclut que « les small cells permettent de multiplier par trois les vitesses de téléchargement avec un bilan de l’exposition du public aux ondes positif notamment du fait de leur plus faible distance avec les utilisateurs ainsi que la réduction de la puissance d’émission des smartphones de 2 à 5 fois ; ce qui limite ainsi l’exposition aux ondes tout en prolongeant l’autonomie des batteries ». Quoi qu’il en soit, en 4G ou 5G, l’argument rassurant est le suivant : le téléphone émet moins fort et moins longtemps car les antennes sont plus proches. De plus, ajoute Gilles Brégant, de l’ANFR, « les constructeurs sont en train de développer des antennes pour la 5G qui peuvent se focaliser comme un projecteur vers le téléphone qui est à proximité, ce qui permettra d’éviter une permanence de fonctionnement ». Et de conclure : « S’il n’y a pas de téléphone, vous n’êtes pas visé. » À raison de 75,5 millions cartes SIM en service en France au 30 septembre 2018 [2], le répit d’émission risque toutefois d’être court, du moins en journée.
Pour le docteur Marc Arazi, fondateur de l’association Alerte PhoneGate, 4G ou 5G, l’enjeu sanitaire repose sur la définition des normes : « Or, celles de la 5G sont en train d’être discutées ! » Depuis 2016, le médecin avertit sur le fait que « des centaines de modèles de téléphones portables, autorisés sur le marché, mettent en danger la santé de six milliards d’utilisateurs ». Une alerte qui trouve sa source dans des rapports de l’ANFR et de l’Anses publiés en 2016 et dont certaines données sont accessibles.
« Un manque de connaissance sur les niveaux d’exposition aux équipements radioélectriques utilisés près du corps pour les différents usages en conditions réelles »
Depuis juin 2017, la réglementation est plus protectrice : la directive européenne RED exige que la distance de test en « DAS tronc » soit fixée à maximum 5 mm au lieu de 15 à 25 mm auparavant. Le DAS, c’est le débit d’absorption spécifique, que contrôle l’ANFR en France. Il permet de mesurer le niveau d’exposition des utilisateurs aux ondes des téléphones mobiles. Auparavant, les constructeurs de portables pratiquaient les tests dans des conditions variables, mais jamais au contact du corps, collé à l’oreille, comme dans la poche de la veste, du pantalon ou dans un soutien-gorge.
L’Anses assure que les pouvoirs publics veillent désormais au respect des valeurs limites d’exposition réglementaires, « quels que soient les dispositifs émetteurs mobiles utilisés, selon des conditions raisonnablement prévisibles d’utilisation ». Les « conditions raisonnablement prévisibles » correspondent-elles à des « conditions d’utilisation réelles » ? Telle est la question. En tout cas, l’État s’en inquiète. Un courrier interne aux administrations que s’est procuré Alerte PhoneGate, d’octobre 2017, mentionne que « l’apparition de nouvelles technologies de communication mobiles, qui utilisent de nouveaux types de signaux (5G) » et « les données actuelles disponibles concernant essentiellement des signaux 2G, 3G et le wifi mettent en évidence un manque de connaissance sur les niveaux d’exposition aux équipements radioélectriques utilisés près du corps pour les différents usages en conditions réelles ». Et de conclure par une demande d’expertise « dans les meilleurs délais » : fin 2017 pour la partie I, fin 2018 pour les parties II et III. Mais, depuis, rien ne s’est passé.
Questionné à ce sujet par Reporterre, le ministère de la Transition écologique et solidaire explique que « l’avis relatif au dépassement du DAS est attendu pour mai 2019 et que celui relatif au nouvel indicateur le sera ultérieurement ». Ultérieurement… Pour rappel, l’Anses en 2013 recommandait des études « préalables ». Le ministère assure qu’une évaluation a été demandée pour juin 2019. Sachant que les premiers vrais téléphones 5G n’arriveront en France que cet été, le timing des tests risque d’être serré. En attendant, les expérimentations sur des « débits inégalés », pour des « usages inédits » fleurissent. Ainsi, 21 nouvelles stations 5G expérimentales ont été autorisées par l’ANFR en janvier dans la bande 3,5 GHz, pour un total de 78 stations autorisées en France [3].
[1] D’après les prévisions de l’Institut de l’audiovisuel et des télécommunications en Europe.
[2] Selon les dernières statistiques de l’Arcep dans son « observatoire des marchés des télécommunications » du 8 novembre 2018.
[3] 24 pour Orange, 19 pour SFR et 35 pour Bouygues Telecom.
Vous en rêviez? Ils l'ont fait! Il y a quinze ans, le gouvernement local de l'Etat de Sikkim en Inde, a ordonné de bannir l'utilisation de pesticides et de fertilisants chimiques. A l'époque, les agriculteurs étaient restés sceptiques et avaient dû faire face à des difficultés d'adaptation. Aujourd'hui le résultat de cette politique environnementale ambitieuse porte ses fruits.
Grâce à cette politique de transition écologique, Sikkim est devenu aujourd'hui, le premier Etat entièrement bio-organique au monde. En effet le petit Etat indien du Sikkim est un modèle pour le monde entier, dans un pays où l'agriculture raffole d'engrais et de pesticides chimiques, l'exemple de cet Etat du nord-est de l'Inde commence à faire des émules. La mesure d'imposer le bio a d'ailleurs permis la pousse de diverses plantes et a également favorisé le retour des abeilles!
Au Sikkim, celui qui enfreint les règles est traité comme un trafiquant de drogues! Partout au Sikkim, on fait de la publicité pour les aliments sains issus de l'agriculture biologique. Les engrais chimiques et les pesticides sont proscrits et ne peuvent pas être importés. Les géants des produits agrochimiques ne sont pas les bienvenus. Quiconque enfreint les règles est traité comme un trafiquant de drogue. Dans ce petit État du nord-est de l'Inde, les autorités ont le pouvoir de détruire les légumes et les fruits contaminés par des pesticides.
Une vie respectueuse de l'environnement: Le Sikkim est totalement différent du reste de l’Inde. À Gangtok, la capitale, les piétons remplacent les voitures, la pollution est rare, le plastique y est partout interdit et le gouvernement distribue même des poches en papier ou en tissu pour faire ses courses... La politique de l'Etat, c'est l’agriculture organique, l’horticulture, la floriculture, l’écotourisme et les énergies renouvelables, surtout hydraulique et solaire. Inaugurée en 2006, la campagne « Planter un arbre » oblige aussi chaque habitant à faire pousser un jeune plant tous les ans afin de lutter contre la déforestation.
Le Sikkim interdit également la chasse. Dans la région, comme ailleurs en Inde, quiconque s’aventure à tuer un animal sauvage encourt une amende d’environ 6 500 euros et un an de prison! "Les habitudes écolos ont conquis les habitants" Cette petite région himalayenne est en train de prouver qu’économie verte peut se conjuguer avec un développement réel et objectif. La croissance de son PIB augmente chaque année et à chaque récolte. Une première pour cet Etat, qui prouve qu’économie verte peut se conjuguer avec un développement réel et objectif. Depuis le lancement du programme « Mission verte », les habitudes écolos ont conquis les habitants et investi leurs pratiques quotidiennes. Une transition longue qui est aujourd'hui récompensée car Sikkim est à ce jour, le premier Etat entièrement bio-organique au monde!
La première édition française du rassemblement des jeunes pour le climat a rassemblé un millier de lycéens et d'étudiants au pied du ministère de la Transition écologique, à Paris.
François de Rugy, le ministre de la Transition écologique et solidaire, a dû sentir ses fenêtres tinter ce vendredi après-midi. Un petit millier de jeunes, en grève scolaire pour le climat, s’étaient donné rendez-vous au pied de son ministère (boulevard Saint-Germain à Paris) avec banderoles et mégaphones, pour réclamer une politique environnementale plus ambitieuse, aux cris de «et un, et deux et trois degrés, crime contre l’humanité».
Le rassemblement était annoncé depuis le 8 février. 300 étudiants réunis en assemblée générale sur le campus de Jussieu avaient voté à l’unanimité le début d’une grève scolaire pour ce 15 février, reconductible chaque vendredi. L’objectif : faire monter la pression jusqu’au 15 mars, date de la grève scolaire internationale lancée par l’égérie des jeunes écolos, Greta Thunberg.
«Je suivais tout ce que se passe ailleurs en Europe, en Belgique, en Allemagne et j’avais hâte que ce mouvement arrive chez nous !» s’enthousiasme Anouk, en 1ère ES au lycée Balzac dans le XVIIe arrondissement. «En France, les unions lycéennes sont très politiques, je ne me voyais pas aller les voir pour organiser une grève écolo.»
«Gouvernement dans l’inaction»
La particularité du mouvement français est de présenter chaque semaine au gouvernement une revendication «impérative pour éviter le désastre écologique», d’après les termes du manifeste publié dans la foulée de l’AG de Jussieu. La première, annoncée la semaine dernière, était de débloquer des moyens exceptionnels et contraignants pour s’engager dans la voie d’une réduction annuelle de 4% d’émissions de gaz à effet de serre.
«Une semaine pour faire avancer une revendication, c’est bien sûr un laps de temps très court mais c’est à la mesure de l’urgence climatique. Avec une demande hebdomadaire, on veut imposer notre agenda au gouvernement», explique Claire Renauld, en master d’affaires publiques à la Sorbonne et co-organisatrice de la grève. «Même si le gouvernement continue à se complaire dans l’inaction, cela nous permettra aussi de montrer aux citoyens l’ampleur des mesures à prendre», complète Antoine Soulas, étudiant à l’ENS d’Ulm et autre co-organisateur.
Si ces revendications ne sont pas entendues, les jeunes promettent dans leur manifeste «d’entrer en résistance, car face à l’inaction politique la seule solution est la désobéissance civile». L’objectif du jour : bloquer la circulation sur le boulevard Saint-Germain, pour ne laisser passer que les bus, n’a pas pu être mis en œuvre face à l’importante présence policière. Mais en bloquant temporairement le boulevard par un sit-in, les jeunes manifestants ont au moins réussi à convaincre les CRS de les laisser avancer jusqu’à l’entrée du ministère.
A peine arrivés, les plus motivés y improvisent une AG : faut-il tenter d’envoyer des représentants au ministre pour discuter ou se contenter de protester ? Le mégaphone circule et les avis divergent. «Si on refuse de négocier, on va perdre toute crédibilité», estime un lycéen. «Si on refuse le dialogue aujourd’hui, c’est parce qu’eux ont refusé l’action pendant des années», lui répond un autre.
Ne plus avoir d’enfant
Un peu en retrait, Neil, étudiant à Sciences-Po qui préfère ne pas donner son vrai prénom, soupire en entendant résonner des slogans anticapitalistes. «C’est important de porter un message non partisan, qui ne soit pas spécifiquement de gauche. L’environnement est un problème qui concerne tout le monde, il ne faut pas se couper des sympathisants d’autres courants politiques.»
Si la question des stratégies à adopter divise, tous rappellent l’urgence à agir et le caractère exceptionnel de l’enjeu. «La situation est inacceptable. On sait que certaines mesures permettraient de limiter les problèmes climatiques et rien n’est fait, juge Maud, 16 ans, en 1ère S à Louis-le-Grand. C’est à nous, les jeunes, de pousser pour que ça bouge parce que c’est de notre futur dont il s’agit, ce dont personne n’a l’air de se rendre compte.»
Certains ont l’impression d’être nés avec l’écologie, mais d’autres avouent sans complexe n’être pleinement conscients des enjeux du dérèglement climatique que depuis peu. C’est le cas de Quentin, 16 ans, lycéen à Claude-Monet, dans le XIIIe arrondissement. «Je ne me sens vraiment concerné que depuis le début de cette année scolaire. Avec tous les rapports qui paraissent, les mauvaises nouvelles qui s’accumulent. Les insectes et les oiseaux qui disparaissent, tous ces poissons morts en Australie, les vagues de froid en Amérique du Nord… Ça nous montre que la planète court à sa fin et qu’il faut qu’on se bouge maintenant.»
Alice, 19 ans, qui se dit pourtant sensibilisée à ces questions depuis plusieurs années, sent, elle aussi, l’urgence monter. «On a de plus en plus peur. Aujourd’hui j’en suis à un point où je ne veux plus avoir d’enfants parce que je ne veux pas qu’ils vivent dans un monde sans futur.» Un peu plus loin une pancarte brandie vers les fenêtres du ministère rappelle : «55 degrés en 2050 ? Vous serez morts. Pas nous.»