Au printemps dernier, dans les Alpes du Sud (Hautes-Alpes-05), l’exploitation intensive d’une porcherie aux 1072 porcs aux portes du Parc National des Ecrins était déclarée illégale. Notre association, aux côtés des riverains, avait demandé l’annulation du permis de construire et de l’enregistrement de l’exploitation : la justice nous a donné raison.
L’exploitation menaçait gravement la ressource en eau locale, destinée à la consommation de dizaines de milliers d’habitants.
Fin de l’histoire... ? Pas du tout !
En cette fin d’année, plutôt que de demander l'arrêt de l’exploitation, la préfecture, poussée par le lobby agricole productiviste, tente un passage en force en demandant une simple régularisation de la situation de l’éleveur, niant nos alertes et arguments.
NOUS SOMMES DETERMINES A NOUS OPPOSER A CETTE NOUVELLE TENTATIVE ET VOUS POUVEZ NOUS AIDER :
Pour finaliser le dossier et autoriser la poursuite de l’exploitation, la Préfecture du 05 doit prendre l’avis des citoyens (consultation du public).
Les chiffres laissent sans voix. Une étude publiée en novembre dernier par l’organisation internationale GRAIN et la Fondation Heinrich Böll dénonce « l’empreinte climatique démesurée des grandes entreprises du secteur de la viande et des produits laitiers ». Ainsi, les trois plus gros producteurs de viande dans le monde émettent autant de pollution que la France entière. Pour espérer pouvoir atteindre les objectifs climatiques fixés par l’accord de Paris, des efforts importants sont à réaliser dans le secteur sous l’impulsion des États, seuls à pouvoir soutenir les modèles agricoles alternatifs qui peinent à se développer sans une intervention politique.
Chacun le sait aujourd’hui, l’élevage industriel est l’un des secteurs les plus polluants parmi les activités industrielles humaines. Selon l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture, toutes filières de production animale confondues, le secteur de l’élevage serait à l’origine de 14,5 % de toutes les émissions de gaz à effet de serre de source anthropique. Pour que la lutte contre le changement climatique soit efficace, il s’agit donc de l’un des secteurs, au même titre que celui des énergies fossiles ou des transports, dans lequel les efforts à réaliser sont les plus importants. La critique est d’autant plus cruciale qu’il existe d’importants leviers pour faire évoluer la situation de manière positive, non seulement en se détournant de l’élevage intensif, mais également en réduisant la part de viande dans notre alimentation. Pour l’organisation Grain et la Fondation Heinrich Böll, l’engagement politique doit être le moteur de ce changement.
Selon les résultats de leur étude, « la croissance exponentielle de la production de viande et de produits laitiers rend l’accord de Paris impossible et la catastrophe climatique inévitable ». Pour étayer le propos, le document apporte un nouvel éclairage sur un secteur qui n’en fini pas d’être montré du doigt, au même titre que l’industrie fossile.
Les trois plus gros producteurs de viande polluent autant que la France
Pour cause, les chiffres ont de quoi faire sursauter : « trois producteurs de viande, JBS, Cargill et Tyson, ont émis, l’an dernier [2016. nddl], davantage de gaz à effet de serre que la France toute entière et presque autant que les plus grandes compagnies pétrolières comme Exxon, BP et Shell » apprend-t-on notamment. Le document relève également que « les 20 plus grandes entreprises de viande et de produits laitiers ont émis en 2016 plus de gaz à effet de serre que toute l’Allemagne, pourtant de loin le plus gros pollueur d’Europe. »
Ces chiffres qui ne laissent pas de doute quant à la catastrophe environnementale, et pas juste climatique, de la production industrielle de viande. Ils n’épargnent pas d’autres effets induits par l’élevage, notamment via la déforestation, comme la désertification des sols ou la perte de biodiversité. Une alimentation comprenant une plus grand part végétale dans l’ensemble de nos assiettes permettrait de réduire cette pression sur l’environnement. En effet, selon le type de viande produit, il faut entre 2,5 et 10 kg de protéines végétales pour produire 1 kg de protéine animale seul. Par corrélation, plus l’alimentation de la population mondiale est composée de viande, plus le besoin en espace agricole est important.
Les États appelés à ne plus éviter la question alimentaire
Les chiffres sont effrayants : non seulement l’industrie de l’élevage doit se transformer profondément, afin de retrouver une dimension humaine, mais en plus nous devons réduire notre consommation de viande de manière générale. Dans les deux cas, nous avons tendance à faire totalement l’inverse, avec une généralisation des logiques agro-industrielles dans le secteur alimentaire européen et une augmentation de la demande en viande à l’échelle mondiale.
Les solutions ne manquent pourtant pas.
Selon GRAIN, « les solutions existent. Elles demandent juste à être mises en place de toute urgence ». Ainsi, il faudrait notamment « rediriger l’argent public » de manière raisonnable, afin de soutenir un modèle agricole plus respectueux de l’environnement et « soutenir les petits producteurs ». Dans le même temps, diverses mesures pourraient être mises en place afin « d’empêcher les géants de la viande et des produits laitiers de détruire le climat et de réorienter nos mesures de soutien pour renforcer la résilience des petits paysans et des éleveurs. » Globalement, c’est donc un changement structurel que réclament les auteurs de l’étude, afin de mettre fin aux soutiens économiques des activités les plus polluantes, au profit de solutions alternatives comme l’agroécologie.
Faisant le même constat, l’ONG Greenpeace a lancé il y a quelques jours une campagne médiatique remarquée avec des propositions allant dans le même sens, demandant notamment au gouvernement français de mettre en place au moins deux repas végétariens par semaine dans les cantines scolaires. D’ailleurs, certains éléments laissent à penser qu’une partie de la population serait désormais en train de changer sa relation à la viande, et ce malgré le fait que ce type de nourriture représente un élément culturel fortement ancré dans les esprits.
Ainsi, selon un sondage de 2017 IFOP/Lesieurn, près de 30% des Français se décrivent comme flexitariens et 50% déclarent vouloir augmenter leur consommation de produits végétaux. Ces chiffres montrent que les Français sont de plus en plus conscients de la nécessité de réguler leur consommation de viande, en accord avec les études scientifiques les plus récentes. Et vous ?
Rencontre avec Ernst Zürcher, spécialiste reconnu de la forêt. Pour lui, les arbres sont la clé de la lutte contre le réchauffement climatique.
Ernst Zürcher est une référence pour les protecteurs des arbres et des forêts. Il est convaincu que les arbres pourront nous sauver. "L'homme le sait depuis toujours. Les civilisations qui réussissent sont celles qui s'allient aux arbres. Celles qui courent à leur perte laissent des déserts derrière elles." Un des points les plus important du fonctionnement des forêt réside dans leur gestion de l'eau. C'est là tout l'intérêt des forêts dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique pour l'ingénieur forestier. "L'eau va devenir de plus en plus précieuse. Et les forêts sont une façon de garantir la présence d'eau dans un paysage." Les arbres n'utilisent qu'une partie des précipitations pour la photosynthèse, le reste est stocké dans les sols forestiers très spongieux et riches en matière organique. Ces sols vont ensuite alimenter les sources, les rivières et les nappes phréatiques.
Les forêts sont donc nécessaires à notre avenir, mais il faut d'abord se mettre d'accord sur leur véritable nature. "Mais quelles forêts ? appui le forestier, il est important de constater qu'une forêt naturellement constituée est forcément composée d'arbres mélangés." Pour gérer les forêts de façon la plus naturelle possible, il faut comprendre leurs lois. Certains arbres s'associent entre eux, d'autres ne peuvent pas vivre ensemble.
C'est tout le contraire de la gestion forestière actuelle. L'heure est à la monoculture d'arbres identiques qui n'a rien d'une forêt. "C'est un système de concurrence absolue : un ensemble d'arbre du même âge et de la même espèce qui cherche la même eau, au même endroit, dans le même sol." précise Ernst Zürcher. Ces plantations sont très sensibles aux maladies et dépérissent très facilement. Il faut revenir au système naturel de forêt mélangée.
"Il faut enfin faire revenir une part de forêt dans les déserts agricoles que sont devenues certaines régions d'Europe." conclut le défenseur des arbres.
Ces produits représentaient, en 2018, entre la moitié et les trois quarts des tonnages de pesticides à base de glyphosate vendus en France.
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a annoncé, lundi 9 décembre, que 36 produits phytosanitaires à base de glyphosate ne seraient pas ré-autorisés. Passé un délai de grâce de quelques mois, ils ne pourront plus être utilisés en France à compter de fin 2020, précise l’agence dans un communiqué. L’Anses ajoute qu’elle n’a pas accordé leur première autorisation de mise sur le marché à quatre autres produits contenant la célèbre molécule herbicide.
Au total, en France, 69 produits à base de glyphosate ont dû soumettre à l’Anses une demande de ré-autorisation en 2017, consécutivement à la réhomologation pour cinq ans de la substance active, décidée au niveau européen. « Les 36 qui ne seront pas ré-autorisés représentaient en 2018 entre la moitié et les trois quarts des tonnages de produits à base de glyphosate utilisés en France, explique Caroline Semaille, directrice générale déléguée de l’Anses, chargée des autorisations de mise sur le marché des produits phytosanitaires. Cependant, tous les autres ne seront pas nécessairement ré-autorisés : les données fournies par leurs fabricants sont encore examinées. »*
L’agence de Maisons-Alfort précise que les fabricants des 36 produits rejetés n’ont pas fourni les données expérimentales suffisantes pour exclure un risque génotoxique de leurs produits – c’est-à-dire un risque de toxicité pour l’ADN. « Cela ne signifie pas que ce risque a été identifié, mais que les données transmises n’ont pas permis à l’agence de l’évaluer correctement », précise Mme Semaille. Quatre des onze nouveaux produits à base de glyphosate, en lice pour une première autorisation de mise sur le marché, n’ont pas été acceptés pour les mêmes raisons. Les sept autres ont été soit autorisés, soit sont toujours en cours d’examen.
Doutes sur la génotoxicité
Dans le système européen d’homologation des pesticides, les substances actives (en l’occurrence le glyphosate) sont autorisées au niveau communautaire, tandis que les produits formulés – contenant aussi des adjuvants destinés à potentialiser l’action des substances actives – sont évalués et autorisés au niveau national. « En 2017, à l’issue de la ré-autorisation du glyphosate pour cinq ans en Europe, la Commission a recommandé aux Etats-membres de veiller particulièrement à l’évaluation du risque génotoxique des produits contenant cette substance », poursuit Mme Semaille.
Contrairement aux apparences, la décision de l’Anses est disjointe de la controverse sur le glyphosate : en l’espèce, ce sont plus des doutes sur la génotoxicité de mélanges de produits contenant du glyphosate, que des doutes sur la génotoxicité de la substance isolée. Celle-ci a été considérée comme ne présentant pas de potentiel génotoxique par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) : l’Anses dit s’en tenir, pour l’heure, à cette opinion. L’Agence a toutefois lancé un appel à projet pour mobiliser des laboratoires de recherche sur ce sujet précis et évaluer la génotoxicité du glyphosate.
De son côté, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), l’agence de l’Organisation mondiale de la santé chargée d’inventorier et de classer les agents cancérogènes, estime que le glyphosate est bel et bien génotoxique ; le CIRC a classé le glyphosate comme « cancérogène probable » pour l’homme en mars 2015. La controverse sur la génotoxicité de l’herbicide repose largement sur les sources scientifiques mobilisées pour l’évaluation. Des travaux publiés en janvier dans la revue Environmental Sciences Europe ont montré qu’environ 70 % des études publiées dans la littérature scientifique attribuent un potentiel génotoxique au glyphosate ou à des produits contenant du glyphosate, tandis que 99 % des études industrielles, transmises par les fabricants aux agences réglementaires, ne trouvent pas à l’herbicide de telles propriétés.
La controverse n’est non seulement pas finie, mais devrait repartir de plus belle dans les prochains mois avec le lancement de la réévaluation européenne de l’herbicide, en vue de sa ré-autorisation, en 2022. En France, Emmanuel Macron s’était engagé en 2018 à une sortie du glyphosate à l’horizon 2021, avant d’affirmer, un an plus tard, que cet objectif n’était « pas faisable » à 100 %.