Contre l’avis de la Fédération des chasseurs, Emmanuel Macron interdit la chasse à la glu cette année
La France était le dernier pays de l’Union européenne à autoriser dans cinq départements du Sud-Est, à titre dérogatoire, cette pratique interdite par la directive Oiseaux.
Emmanuel Macron a décidé d’interdire cette année la chasse à la glu, a annoncé l’Elysée jeudi 27 août, dans l’attente d’une réponse de la Cour de justice de l’Union européenne (UE) sur cette méthode de chasse controversée. Le chef de l’Etat a pris cette décision mercredi, après avoir reçu le président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC), Willy Schraen, en présence de la ministre de la transition écologique, Barbara Pompili, a précisé la présidence.
La chasse à la glu consiste à recouvrir de colle des baguettes, appelées gluaux, fixées sur des branches d’arbre ou au sommet de grandes perches. Les grives et merles noirs qui se posent sur ces pièges sont décollés puis mis en cage : ils servent alors d’appelant pour attirer, en chantant, d’autres oiseaux tirés par les chasseurs. La France est le dernier pays de l’Union européenne à autoriser dans cinq départements du Sud-Est, à titre dérogatoire, cette chasse interdite par la directive Oiseaux.
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Une capture jugée « non sélective » par l’UE
Début juillet, dans le cadre d’une procédure d’infraction ouverte il y a un an, la Commission européenne avait adressé à Paris un avis motivé dans lequel elle lui demandait de « réexaminer ses méthodes de capture d’oiseaux ». Elle souligne que la colle n’est pas une méthode sélective et donnait trois mois au gouvernement pour répondre, faute de quoi elle pourrait saisir la Cour de justice de l’UE.
Selon les militants de la Ligue de protection des oiseaux (LPO), si seuls les grives et merles sont ciblés, tous les petits passereaux sont victimes des gluaux : mésanges, rouges-gorges, fauvettes, et même parfois de plus grands oiseaux comme des faucons crécerelles.
Willy Schraen, à la tête de la puissante FNC, insiste, lui, sur le fait que les oiseaux capturés aux gluaux ne sont pas tués, mais relâchés à la fin de la saison, et assure que cette méthode n’a pas d’impact sur la biodiversité. « En quoi ça dérange l’Europe et notre ministre ? », s’était-il interrogé mi-août sur France Inter. Pour la ministre de la transition écologique, Barbara Pompili, fragilisée par la réintroduction des néonicotinoïdes sur les cultures de betteraves, cet arbitrage représente une avancée, et fait mentir les déclarations régulières du patron de la FNC, qui se vante de ses liens privilégiés avec le président.
« On a une chasse légale qui vient d’être arbitrairement arrêtée, c’est inacceptable », a dénoncé vendredi sur BFMTV Willy Schraen, annonçant son intention « d’attaquer l’Etat » pour faire renverser une « décision prise dans un contexte très politique, (où) les pressions sont fortes ».
En 2004, la Cour de justice de l’Union européenne avait condamné l’Espagne, jugeant que les conditions de la chasse à la glu y étaient contraires à cette directive, notamment son article 8, qui précise que les Etats membres doivent interdire le recours à tout moyen de capture ou de mise à mort « non sélective ».