Il a fait 23,2 °C au Groenland mercredi 28 juillet. Environ 22 gigatonnes de glace ont fondu en une seule journée, une fonte suffisante pour couvrir l’État américain de Floride de 5 cm d’eau.
Triste record. La troisième plus grande fonte des glaces en 24 heures au Groenland a été observée mercredi 28 juillet. De quoi recouvrir toute la Floride de 5,1 cm d’eau, selon des scientifiques. Les deux autres records datent de 2012 et 2019.
Environ 22 gigatonnes de glace ont fondu dans la seule journée de mercredi : 12 gigatonnes se sont écoulées dans l’océan et 10 gigatonnes ont été absorbées par la neige et pourront regeler, a expliqué Xavier Fettweis, climatologue à l’université de Liège, en Belgique.
Cercle vicieux
Selon Marco Tedesco, climatologue à l’université de Columbia, aux États-Unis, de tels événements peuvent créer un cercle vicieux, entraînant davantage de réchauffement et de fonte. La neige, en fondant, ne protège plus le verglas et le sol qui se trouvent en dessous et absorbent plus de soleil. Moins de rayons sont renvoyés hors de l’atmosphère.
Les scientifiques estiment que la fonte de la calotte glaciaire du Groenland, la deuxième plus grande masse de glace de la planète, est à l’origine d’environ 25 % de l’élévation du niveau de la mer observée au cours des dernières décennies.
23,2 °C au Groenland
Marco Tedesco et d’autres scientifiques sont d’avis que les modèles utilisés pour prédire la perte de glace ne prennent pas en compte l’évolution de la circulation atmosphérique. Cela voudrait dire que ces modèles sous-estiment la fonte des glaces au Groenland, qui se trouve à la croisée des océans Arctique et Atlantique.
De plus, l’Arctique se réchauffe plus rapidement que le reste de la planète, entre autres à cause de la fonte de la banquise qui fait apparaître l’océan, dont les eaux absorbent les radiations solaires du fait de leur couleur sombre.
Mercredi, la température de l’air au Groenland, « inquiétante » selon l’Union européenne, a atteint 23,2 °C à Constable Pynt, dans l’est de l’île.
Ils condamnent "la surexploitation de la Terre" : des scientifiques renommés tirent la sonnette d'alarme ce mercredi après une "hausse sans précédent" des catastrophes climatiques, des inondations aux canicules, en passant par les cyclones et les incendies.
Les "signes vitaux" de la planète s’affaiblissent sous les coups de l’économie mondiale, ont mis en garde ce mercredi des scientifiques de premier plan, s’inquiétant de l’imminence possible de certains "points de rupture" climatiques.
Ces chercheurs, qui font partie d’un groupe de plus de 14 000 scientifiques ayant plaidé pour la déclaration d’une urgence climatique mondiale, estiment que les gouvernements ont de manière systématique échoué à s’attaquer aux causes du changement climatique : "la surexploitation de la Terre".
Depuis une évaluation précédente en 2019, ils soulignent la "hausse sans précédent" des catastrophes climatiques, des inondations aux canicules, en passant par les cyclones et les incendies.
Gaz à effet de serre, épaisseur des glaciers, déforestation...
Sur les 31 "signes vitaux" de la planète, qui incluent les émissions de gaz à effet de serre, l’épaisseur des glaciers ou la déforestation, 18 atteignent des records, selon ce texte publié dans la revue BioScience.
Ainsi, malgré la chute des émissions de gaz à effet de serre en raison de la pandémie de Covid-19, les concentrations de CO2 et de méthane dans l’atmosphère ont atteint des niveaux record en 2021. Les glaciers fondent 31% plus vite qu’il y a quinze ans et la déforestation en Amazonie brésilienne a elle aussi atteint un record en 2020, transformant ce puits de carbone crucial en émetteur net de CO2.
Dans son rapport soumis à 195 pays, le GIEC - Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat - explique que désormais, deux régions du globe sont trop chaudes et donc inhabitables.
Le rapport du GIEC sera officiellement publié le 9 août prochain. Il servira de base sur laquelle s'appuyer pour établir les décisions en matière de lutte contre le changement climatique prises lors de la COP26 en novembre prochain à Glasgow en Ecosse. Mais avant même la publication de celui-ci, plusieurs informations inquiétantes ont déjà pu être médiatisées par France Télévisions.
Le golfe Persique, invivable pour les humains ?
Parmi les sources d'inquiétudes étayées par les spécialistes, la canicule humide risque de rendre certaines zones du monde inhabitables comme c'est le cas à Jacobabad au Pakistan, et Ras Al Khaimah, dans le golfe Persique. Dans ces deux régions où les fortes chaleurs sont associées à une importante humidité de l'air, la vie y est devenue presque impossible pour l'Homme.
"Quand l'air est sec, (…) on est capable de résister à des chaleurs extrêmes, 60 degrés, jusqu'à 100 degrés si ça ne dure pas trop longtemps", détaille la journaliste Valérie Heurtel. Au contact d'un air sec, la sueur s'évapore, et c'est cette évaporation qui nous rafraîchit, ajoute-t-elle. Dans un air saturé en humidité, la sueur a du mal à s'évaporer, résultat le corps est en surchauffe."
Le phénomène du thermomètre mouillé
Selon un projet de rapport mené par des experts climat de l'ONU et publié par l'AFP en juin 2021, "la capacité à résister à ces extrêmes s'évalue par un concept connu des scientifiques : la 'température humide' ou du 'thermomètre mouillé', transcrite par le sigle TW". Selon les scientifiques, l'être humain ne peut survivre longtemps à 35 degrés TW. "Après une demi-douzaine d'heures, en l'absence de rafraichissement artificiel, cela entraînera des défaillances d'organes et la mort", souligne Colin Raymon, chercheur à la Nasa et auteur principal d'une étude datant de mai 2020.
Il y a un peu plus d'un an, le scientifique avait déjà identifié les deux sites dans le golfe Persique comme inhabitables pour l'Homme, les 35°TW y ayant déjà été atteints.
30 ans d'avance sur les prévisions des climatologues. Si les climatologues connaissaient déjà la menace des canicules humides, celles-ci étaient initialement prédit pour 2050.
"L'Asie du Sud et du Sud-Est, le golfe Persique, le golfe du Mexique, ou des parties du continent africain, sont les régions les plus exposées", précisait le rapport de l'ONU. LE GIEC souligne que les régions tropicales et les villes côtières sont les plus en danger face au réchauffement climatique en raison de l'évaporation de la mer.
Alors que déluges et incendies ravageurs font la Une à travers le monde, 195 pays commencent lundi l'adoption des nouvelles prévisions des experts climat de l'ONU, un rapport de référence qui devrait conforter les appels à agir plus vite et plus fort contre le changement climatique.
Sept ans après la dernière évaluation, ce nouveau rapport du Giec tombe au milieu d'une avalanche de catastrophes qui ont remis les impacts du dérèglement climatique au premier plan, des précipitations exceptionnelles en Chine et en Allemagne aux températures délirantes au Canada.
Mais malgré le choc des images, certains craignent que ce regain d'intérêt ne soit que passager alors que des actions cruciales pour l'avenir de l'humanité sont réclamées aux dirigeants de la planète qui doivent se réunir en novembre pour la conférence climat COP26 à Glasgow (Ecosse).
"En ce moment, tout le monde parle de l'urgence climatique, et à juste titre. Mais dès que ces tragédies seront terminées, nous oublierons probablement à nouveau et continuerons comme avant", s'est inquiétée sur Twitter la militante Greta Thunberg, qui a entraîné des millions de jeunes dans les rues ces dernières années pour réclamer aux gouvernements de réduire drastiquement et immédiatement les émissions de gaz à effet de serre.
Le rapport du Giec, qui doit être publié le 9 août, dont le "résumé pour les décideurs" va être négocié ligne par ligne à huis clos en virtuel pendant deux semaines, doit mettre à jour son évaluation et ses prévisions climatiques: hausse de la température mondiale, augmentation du niveau des océans, intensification des événements extrêmes. Deux autres volets doivent être publiés début 2022. Celui sur les impacts, dont l'AFP a obtenu une version préliminaire, montre comment la vie sur Terre sera inéluctablement transformée d'ici à trente ans, voire plus tôt. Mais il n'arrivera qu'après la COP26.
"Les chiffres et les statistiques sont inestimables mais ce dont le monde a besoin maintenant, plus que tout, c'est d'action climatique. Les peuples à travers le monde l'exigent", a plaidé la semaine dernière la responsable climat de l'ONU Patricia Espinosa. "Ils veulent un leadership audacieux et courageux qui nous éloigne du chemin actuel de destruction pour nous amener sur le chemin résistant au changement climatique que l'accord de Paris nous a promis", a-t-elle ajouté.
En signant cet accord en 2015, la quasi totalité des pays de la planète se sont engagés à réduire les émissions de CO2 pour limiter le réchauffement "bien en deçà" de +2°C par rapport à l'ère pré-industrielle, si possible +1,5°C.
- Rester sous +1,5°C? -
Alors que la planète s'est déjà réchauffée d'environ 1,1°C et que chaque fraction de degré en plus apporte son lot d'événements extrêmes supplémentaires, ce seuil de +1,5°C est depuis devenu l'objectif prioritaire de nombreux militants et responsables politiques. Mais peut-on y arriver? C'est l'une des questions auxquelles devrait répondre l'évaluation par le Giec de milliers d'études scientifiques les plus récentes.
Si certains doutent que le défi puisse être relevé, d'autres --parfois par peur de décourager-- insistent pour dire que ce n'est pas impossible. "Limiter le réchauffement à +1,5°C est encore physiquement, techniquement et économiquement possible. Mais pas pour longtemps si nous continuons à agir trop peu et trop tard", estime Kaisa Kosonen, de Greenpeace.
Pour espérer ne pas franchir ce seuil, il faudrait réduire chaque année les émissions de 7,6% en moyenne, entre 2020 et 2030, selon l'ONU. Et si 2020 a vu une baisse de cette ampleur en raison de la pandémie de Covid-19, un rebond est attendu. Et l'Agence internationale de l'énergie prédit même des émissions record d'ici 2023, vu la faible part des plans de relance consacrée aux énergies propres.
"Mais si on n'y arrive pas, si on peut arriver à 1,6°C c'est mieux que 1,7°C, et 1,7°C, c'est mieux que 1,8°C", note le climatologue Robert Vautard, un des auteurs du Giec. "Les confinements sur l'année 2020 ont donné une baisse d'émissions de 6 à 7%, si on veut arriver à une baisse des émissions de 40 ou 50% en 2030, on voit le travail qui reste à faire. C'est presque un Covid de plus par an, c'est évidemment pas comme ça qu'on le souhaite", indique-t-il à l'AFP. "Cet effort est colossal mais le jeu en vaut la chandelle".
La destruction de la forêt et des savanes amazoniennes pour cultiver du soja a un impact négatif direct et rapide sur ces cultures. En cause, la modification du climat local conduisant à des canicules faisant ainsi perdre des milliards aux agro-industries chaque année, en plus de nuire à la biodiversité et au climat global.
C’est le serpent qui se mord la queue. Déforester pour planter davantage et finalement produire moins, en voilà un paradoxe. Il ne semble pourtant pas si abstrait pour les scientifiques qui travaillent sur les services écosystémiques rendus par les forêts, et qui tirent la sonnette d’alarme depuis des années face à la déforestation.
"La destruction des forêts et autres écosystèmes fait instantanément monter la température et réduit les précipitations dans les environs proches du lieu de la destruction, ce qui brûle les plants de soja et porte gravement atteinte à la rentabilité du secteur", déclare dans un communiqué Rafaela Flach, auteur principal d’une étude parue le 12 juillet 2021 dans la revue World Development. Dans ce travail, les chercheurs ont évalué la valeur économique du biome (vaste zone géographique qui partage un climat, une faune et une flore similaire) amazonien et de ses services écosystémiques au regard des cultures de soja.
En 2019, la culture du soja représentait 49% des terres cultivées et 41% des revenus agricoles au Brésil. 37% des cultures de soja mondiales se trouvent d'ailleurs sur le territoire du géant d'Amérique du Sud ce qui en fait le plus gros producteur. Économiquement, l’enjeu est de taille et va de pair avec la consommation de viande par l’Homme. En effet, 87% du soja importé en Europe est destiné à nourrir les élevages animaux.
Une richesse irremplaçable
L’exposition au soleil et à la chaleur aide les cultures à croître, mais au-delà d’un certain seuil, la productivité diminue. En analysant les données des cultures de soja entre 1985 et 2012 dans les biomes de l’Amazonie et du Cerrado, les auteurs ont montré que la déforestation adjacente aux champs de soja est directement liée à la hausse de jour de canicules dans ces zones.
La perte de revenus due à une exposition accrue aux canicules sur cette période s’élèverait à 158,5 dollars par hectare et par an pour l'Amazonie et à 85,4 $ ha/an pour la région du Cerrado, soit une perte de plusieurs milliards de dollars chaque année ! Les chercheurs ont ensuite modélisé la perte monétaire future sur la période 2020-2050 si la déforestation continuait à ce rythme, si le code forestier régulant la déforestation illégale n’était plus appliqué, et enfin si la déforestation s’arrêtait complètement.
Sans surprise, continuer dans la même trajectoire ou ne plus réguler la déforestation coûterait des milliards de dollars supplémentaires. Pis, ces effets caniculaires s’additionneraient au réchauffement climatique causant des canicules plus sévères. Une autre étude récente montre que chaque jour de canicule supplémentaire au-delà des 30°C réduit la production de soja de 1 à 5%. "L’impact économiques de la déforestation sur la canicule et la réduction des précipitations est préoccupant. Mais lorsque l’on étudie ces impacts associés et que nous incluons le changement climatique, l'effet total peut être écrasant pour l'économie", alerte Rafaela Flach.
La prévention de ces phénomènes météorologiques n’est qu’un des services écosystémiques que rend la forêt tropicale. Elle régule également la saisonnalité des précipitations locales et le ruissellement entre autres. La déforestation perturbe la quantité de chaleur absorbée par la surface de la terre, mais aussi le refroidissement lié à la réduction de l'évapotranspiration par les plantes. Ces changements climatiques sont connus sous le nom de changement climatique biogéophysique. Les changements climatiques causés par les émissions de gaz à effet de serre, en revanche, sont appelés changements climatiques biogéochimiques.
Une déforestation historique
En trois ans, l'administration de Jair Bolsonaro, le président du Brésil, a affaibli 57 lois environnementales, réduisant les amendes pour des actes illégaux d’atteinte à l’environnement de 70 % en seulement 6 mois, de mars à août 2020. Cette publication voit le jour alors que le Brésil est confronté un épisode de sécheresse inquiétant. La déforestation en Amazonie a également progressé de manière spectaculaire, établissant de nouveaux records pour chacun des trois derniers mois, sans compter la saison des incendies ayant débuté plus tôt que la normale cette année. "La bonne nouvelle, c'est qu'il y a ici un côté gagnant-gagnant.
Par le passé et même aujourd'hui, de nombreuses terres sont déboisées au détriment de la production alimentaire et du climat", déclare Michael Obersteiner, coauteur de l'étude et directeur de l'Environmental Change Institute de l'université d'Oxford. "Le secteur du soja a la possibilité de réduire ce risque en mettant fin à la déforestation. Ce faisant, il profite à son industrie - sans parler de sa contribution majeure au ralentissement du changement climatique mondial."