En Ecosse, les dépenses publiques seront désormais également libellées en CO2

Publié le par Gerome

L'Ecosse a décidé d'innover sur le front de la lutte contre le réchauffement. Dorénavant, ses dépenses publiques seront certes libellées en livres sterling, mais elles seront également traduites en émissions de CO2 . Le 17 septembre, Edimbourg a publié son premier projet de loi de finances vert pour 2010-2011. On y apprend que les 33 milliards de livres de dépenses publiques pour la prochaine année fiscale se traduiront par l'équivalent de 11,5 millions de tonnes de CO2 émises, "soit, 14% des émissions totales de l'Ecosse en 2004", a précisé le gouvernement.


Les ministères les plus dépensiers sont également les plus pollueurs. Ainsi, celui des collectivités locales, qui devrait coûter aux contribuables près de 11,6 milliards en 2010, émet près de 4,3 millions de tonnes de CO2 . Celui de la santé et du bien-être (11,5 milliards de dépenses) en dégage près de 3,5 millions. Le ministère des affaires rurales et environnementales fait figure d'exception, en grande partie parce qu'il gère l'agriculture : avec un budget de 587 millions de livres seulement, il est à l'origine de près de 0,56 million de tonnes de CO2 émises, et s'affiche ainsi comme celui dont l'argent dépensé est le plus polluant.

De manière prévisible, il apparaît également que c'est la consommation d'énergie liée à ces dépenses publiques qui est la principale source d'émissions de CO2 : elle représente 29% des 11,5 millions de tonnes de CO2 identifiées. "Ce qui montre une nouvelle fois à quel point il est urgent que nous produisions plus d'énergie propre (charbon propre, énergies renouvelables)", a commenté le gouvernement - le charbon ne pourra être tenu pour propre que lorsque seront maîtrisées la capture et la séquestration du CO2.

Alors qu'en juin Edimbourg a adopté une loi en vertu de laquelle l'Ecosse s'engage à réduire ses émissions de CO2 de 80% d'ici à 2050 et de 42% d'ici à 2020, le gouvernement a jugé utile de prendre cette initiative qui lui permettra de mieux identifier ses points faibles et de mieux mesurer son action.

Les fonctionnaires aussi

Les organisations environnementales ont applaudi l'initiative, qui, à en croire les pouvoirs publics écossais, serait une première mondiale. "En ces temps de contrainte budgétaire, il est important que chaque livre dépensée soit une livre avec une empreinte carbone basse", a jugé WWF Scotland, qui espère que cette "démarche d'identification" s'accompagnera "rapidement d'une démarche pro-active".

Patrick Harvie, le leader du parti vert écossais, a regretté que les calculs d'Edimbourg ne tiennent pas compte des émissions des voitures et des camions empruntant les infrastructures publiques. Selon lui, elles se montent à 10,5 millions de tonnes, alors que le prébudget attribue aux investissements publics autoroutiers une émission de 213 000 tonnes, précise-t-il, "soit la moitié de celles de l'agence des retraites des fonctionnaires écossais".

John Swinney, le ministre écossais des finances, a reconnu que ses calculs devaient encore être affinés. Mais il a précisé qu'ils tenaient déjà compte de l'empreinte carbone des fonctionnaires, qu'ils soient au travail ou à la maison. A quand la prime au fonctionnaire le plus vert ?
LE MONDE | 28.09.09 |


Publié dans Les bonnes nouvelles

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