A travers les yeux d’un ours polaire
Après la caméra embarquée sur un ours brun de Slovénie, l’Institut d'études géologiques des Etats-Unis (USGS) a lui aussi équipé de caméras, fixées sur le cou, quatre ourses polaires (sans petits) évoluant en mer de Beaufort à Prudhoe Bay, dans le nord de l'Alaska. Les résultats de cette expérience, réalisée en avril, viennent d'être publiés sous la forme d'une vidéo, la première à donner un tel aperçu de la vie quotidienne de ces mammifères emblématiques de l'Arctique et menacés par le réchauffement climatique.
On peut ainsi y voir une ourse poursuivre un phoque sous l'eau, mettre à l'eau une carcasse gelée de phoque ou interagir avec l'une de ses congénères.
Cette expérience, qui avait avorté l'an dernier pour cause de batteries qui n'ont pas supporté les températures glaciales, a été lancée afin de mieux comprendre comment les ours polaires réagissent à la fonte de la banquise arctique provoquée par le changement climatique.
Les scientifiques de la branche biologie de l'USGS étudient depuis des décennies les habitudes de l'ours polaire, en termes de déplacements, d'habitat ou de chasse, en utilisant la télémétrie, afin de repérer l'emplacement des animaux. Cette année, les colliers vidéos leur permettent d'aller plus loin en établissant un lien entre les données de localisation et le comportement réel de l'animal enregistré par les caméras.
En 2013, la banquise arctique a légèrement récupéré après la fonte spectaculaire et sans précédent de 2012, mais son étendue reste une des plus faibles jamais observées et sa vitesse de fonte s'accélère. L'an dernier, elle a ainsi atteint au plus bas (le 13 septembre) la superficie de 5,1 millions de km2, soit bien en deçà de la moyenne des minimums observés entre 1979 et 2012, qui s'établit à 6,1 millions de km2 selon le National Snow and Ice Data Center (NSIDC) américain.
Les ours blancs, confrontés à la disparition de leur habitat, ainsi qu'au manque de nourriture, risquent de voir leur population s'effondrer. Selon les scientifiques, les deux tiers des 20 000 à 25 000 représentants de cette espèce, classée depuis 1982 dans la catégorie vulnérable sur la liste rouge des espèces menacées, pourraient disparaître d'ici 2050.
Audrey Garric