Abeilles : le rôle des pesticides confirmé dans leur surmortalité
Alors que les abeilles sont en Europe comme en Amérique du Nord victimes d'une inquiétante surmortalité, les chercheurs tentent sans relâche de déterminer l'origine du phénomène qui menace le fonctionnement des écosystèmes. Une équipe de scientifiques vient de confirmer le rôle des pesticides dans cette surmortalité.
Exposées à des pesticides, même à faible dose, les abeilles affectées par un parasite, le Nosema ceranae, ne peuvent pas survivre. C'est ce que révèle une étude menée par des chercheurs du CNRS, de l'INRA et de l'Université Blaise Pascal, dont les conclusions sont publiées par la revue scientifique PLoS ONE. Les insecticides sont depuis longtemps soupçonnés d'être l'une des origines du déclin des colonies d'abeilles en Europe et en Amérique du Nord. Les chercheurs s'accordent à penser que ce phénomène est la conséquence d'une combinaison de facteurs. Une piste qui vient d'être confirmée.
Comme l'explique le CNRS sur son site Internet, des abeilles naissantes saines et d'autres contaminées par le champignon Nosema ceranae ont été exposées de façon chronique à de faibles doses d'insecticides, inférieures à celles considérées comme mortelles. Les chercheurs ont alors vu les abeilles infectées succomber. "Cet effet combiné sur la mortalité des abeilles apparaît pour une exposition quotidienne à des doses pourtant très faibles" souligne le communiqué. En outre, le phénomène ne dépend pas de la famille d'insecticides, note le CNRS, puisque les deux molécules utilisées au cours de l'étude, le fipronil et le thiaclopride, appartiennent à des familles différentes, celle des phénylpyrazoles et celle des néonicotinoïdes.
Une interaction fatale
Si le mode d'action de cette synergie n'a pas encore été identifié, cette découverte "montre donc que l'interaction entre nosémose et insecticides constitue un risque significatif supplémentaire pour les populations d'abeilles et pourrait expliquer certains cas de surmortalité". L'étude prouve que des doses d'insecticides considérées comme ne pouvant pas entraîner la mort peuvent être fatales à des abeilles déjà fragilisées. Elle révèle selon le CNRS, "la nécessité d'améliorer la gestion et la protection du cheptel apicol face au danger que représentent les pollutions environnementales et les pathogènes (seuls ou en combinaison) sur la santé de l'abeille".