Canal du Midi : les arbres se meurent
Les arbres devraient être abattus à cause d'un champignon...
Les amoureux des platanes qui bordent le Canal du Midi, voués à l'abattage à cause d'un champignon tueur, attendent le feu vert du ministère de l'Agriculture pour l'expérimentation de traitements, a-t-on appris vendredi de sources concordantes.
Les 42.000 platanes pour la plupart bicentenaires qui flanquent le chef d'oeuvre de Pierre-Paul Riquet doivent être abattus et remplacés par d'autres arbres dans le cadre d'un vaste programme de restauration de sa voûte arborée destiné à lutter contre la progression du chancre coloré, un mal pour l'instant incurable. A la fin de l'année 2013, 8.000 platanes auront ainsi été abattus et un millier d'arbres replantés dans le cadre de ce programme évalué à environ 200 millions d'euros sur 20 ans, a expliqué vendredi à l'AFP Jacques Noisette, porte-parole de Voies navigables de France (VNF), gestionnaire de l'ouvrage inscrit au patrimoine mondial de l'humanité.
Des élus locaux, notamment celui de Sallèles-d'Aude, village de 2.500 habitants traversé à la fois par le Canal du Midi et par le Canal de Jonction, une branche de la voie d'eau construite au XVIIe siècle pour relier la Garonne et la Méditerranée, se sont émus du sort funeste réservé aux platanes et ont cherché des solutions alternatives. «Depuis des années, je m'oppose à l'abattage systématique», a dit à l'AFP Yves Bastié, expliquant avoir été en contact avec un laboratoire proche de Toulouse, le Cetev, qui voulait «faire des essais sur le platane avant de le condamner définitivement. Je ne veux pas voir défigurer ma commune sans avoir au moins tout essayé. Au bout d'un an et demi, j'ai réussi à convaincre VNF», a-t-il ajouté.
VNF explique avoir reçu nombreuses propositions pour affronter le fléau, dont certaines «fantaisistes», mais les projets du Cetev et d'une autre société ont retenu l'attention. Ces deux dossiers doivent encore être validés par le ministère de l'Agriculture, a ajouté Jacques Noisette. En cas de feu vert, l'idée est de pouvoir commencer à expérimenter les traitements durant la prochaine campagne d'abattage qui aura lieu de février à avril 2014. «On réserverait un certain nombre d'arbres» à ces expériences, a souligné Jacques Noisette.
En l'absence de réponse du ministère, le maire de Sallèles-d'Aude, celui de Castelnaudary Patrick Maugard, également président de l'association des maires de l'Aude et le directeur général de VNF Marc Papinutti viennent de lui écrire pour lui faire part de «l'urgence de ce dossier très sensible» et lui demander une réponse favorable. «Si on laisse passer le printemps, après la sève remonte dans les arbres, et on ne pourra plus traiter», souligne Yves Bastié. «L'urgence, elle est là. Il faut tenter, un arbre c'est un être vivant, tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir.»