Ce que le changement climatique va coûter à l’Afrique
Le coût de l’adaptation au changement climatique en Afrique pourrait s’élever à 200 milliards de dollars par an d’ici 2070 si le réchauffement ne dépasse pas les 2°C.
L’Afrique subira de plein fouet le changement climatique, détaille cette étude publiée en marge de la conférence climat à Varsovie et qui cite notamment « la disparition totale des récifs de corail avant même un réchauffement de 4°C », , indique mardi 19 novembre un rapport de l’ONU.
« Rater la cible des 2°C ne coûtera pas seulement aux gouvernements des milliards de dollars mais menace également la vie et les conditions de vie de centaines de millions de personnes sur le continent africain et ailleurs », a déclaré le vice-secrétaire général du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) Achim Steiner dans un communiqué.
Le coût de l’adaptation au changement climatique en Afrique pourrait s’élever à 200 milliards de dollars par an d’ici 2070 si le réchauffement ne dépasse pas les 2°C, et à 350 milliards si la température monte encore, indique le rapport de l’ONU.
« Même avec un réchauffement de 2°C d’ici 2050, la malnutrition en Afrique va augmenter de 25 à 90% », en raison de l’impact des températures et de la sécheresse sur les cultures, a-t-il ajouté.
Un coût de 7 à 15 milliards d’euros par an
Le coût de l’adaptation pour l’Afrique aujourd’hui est de 7 à 15 milliards par an. Si le réchauffement est contenu à 2°C, il « s’élèvera à 35 milliards de dollars par an d’ici 2040 et 200 milliards d’ici 2070″, avance le rapport.
Mais « si aucune mesure d’adaptation n’est prise, les dommages pourraient coûter jusqu’à 7% du PNB de l’Afrique d’ici 2100 dans un monde à 3,5-4°C ».
La communauté internationale s’est donné comme objectif de limiter le réchauffement à 2°C par rapport à la période pré-industrielle, mais les émissions de gaz de serre ne cessent d’augmenter et la température moyenne mondiale est actuellement sur une inquiétante trajectoire de près de 3,5°C à 4°C, selon le PNUE.
Les pays industrialisés ont promis de mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 pour aider les pays du Sud à notamment s’adapter au changement climatique, mais ces derniers, ne voyant rien venir, s’inquiètent de voir les pays riches revenir sur leurs engagements.
Le rapport détaille les impacts potentiels pour l’Afrique du changement climatique qui s’accompagnera, selon les scientifiques, d’une multiplication des évènements extrêmes.
En Guinée-Bissau, Mozambique et Gambie, jusqu’à 10% de la population est menacée par des inondations annuelles d’ici 2100.
Les zones arides en Afrique, qui représentent déjà environ la moitié du continent, vont croitre de 4%, et les nappes phréatiques pourraient baisser de 50 à 70% en Afrique du nord, ouest et australe avec un réchauffement de 4°C.
Concernant la perte de biodiversité, jusqu’à 40% des 5.000 espèces de plantes étudiées pourraient disparaître d’ici 2085 avec un réchauffement de 2°C.
Et avec un réchauffement de 3.5-4°C, les ressources en poisson pourraient décliner dans les lacs Chilwa, Kariba, Malawi, Tanganyika et Victoria, et priver les communautés avoisinantes de plus de 60% de leurs sources de protéines.