Ce que nous réserve la météo dans vingt ans
Les vins de Bourgogne n’auront pas le même goût en 2035. Et d’ici vingt ans, alors que les Parisiens devront s’habituer aux invasions de chenilles urticantes, la Sologne aura à faire face à un risque accru d’incendies de forêt. A en croire les climatologues, la question n’est plus de savoir si la Terre se réchauffe, mais quelles conséquences cette hausse inéluctable du mercure aura sur nos vies quotidiennes.
La France a adopté l’an dernier un plan d’adaptation au changement climatique : 230 mesures à mettre en œuvre d’ici à 2015 afin de préparer nos villes à une température moyenne plus élevée de deux, voire quatre degrés d’ici à la fin du siècle.
Pour aider agriculteurs, élus et entreprises à mieux anticiper les vagues de canicule et de sécheresse attendues dans leur région, Météo France a présenté hier un nouveau portail Internet, qui fournit des projections régionalisées réalisées dans les laboratoires français de modélisation du climat).
« Pour tous les investissements à long terme, chaque région devra adapter ses routes, ses maisons, ses usines, son agriculture au climat qui va changer », souligne Pierre-Franck Chevet, directeur général de l’énergie et du climat au ministère de l’Ecologie.
Biot, 1230 m d’altitude, renonce au ski alpin
Dans les Alpes, le changement est déjà visible. « On constate une multiplication des sécheresses depuis dix ans et certains élus envisagent désormais une gestion plus collective et plus économique des ressources en eau », affirme Christophe Chaix, chargé de mission changement climatique au sein d’un bureau d’études savoyard.
Le maire de Biot (Haute-Savoie), dont dépend une petite station située à 1 230 m d’altitude, a annoncé hier sa décision d’arrêter le ski alpin pour se reconvertir dans les activités de « montagne douce » (ski de fond, raquettes, VTT…). « Les stations de moyenne montagne n’ont pas d’avenir à dix ou quinze ans en raison du changement climatique, estime le sous-préfet de Thonon-les-Bains, Jean-Yves Moracchini. Plus une station se reconvertit tôt et plus elle sera attractive. »
3,5°C
C’est l’élévation moyenne des températures que pourrait connaître la France d’ici à la fin du siècle, selon le scénario le plus pessimiste étudié par les scientifiques et retenu dans le Plan national d’adaptation au changement climatique, dévoilé l’an dernier. Une hypothèse que certains trouvent déjà périmée, parlant de 4 °C! Le scénario optimiste limite la hausse à 2 ou 2,5 °C. Les deux cas d’école se rejoignent : d’ici à la période 2030-2050, le thermomètre ne monterait que de 0,5 °C à 1,5 °C, avant un gros coup de chaud durant la seconde moitié du siècle. Dans les deux cas, l’augmentation ne serait pas uniforme à travers le territoire : dans le Sud-Ouest, par exemple, les températures les plus caniculaires pourraient dépasser de 6,7 °C celles atteintes aujourd’hui, qui franchissent déjà parfois le cap des 40 °C!