D'importantes quantités d'eau douce découvertes en Namibie
L’Afrique repose sur d’importantes réserves souterraines d’eau douce. La découverte d’une nouvelle nappe aquifère en Namibie peut en témoigner. Son volume permettrait d’alimenter les populations locales en eau potable durant plusieurs siècles. Par ailleurs, les effets d’éventuelles sécheresses pourraient être limités durant les quinze prochaines années.
De nombreux pays africains souffrent régulièrement d’un manque d’eau particulièrement dommageable pour la santé des populations et l'agriculture. Près de 330 millions d’habitants n’auraient toujours pas d’accès à l'eau potable. Pourtant, l’Afrique reposerait, selon Alan Mac Donald du British Geological Survey, sur d’importantes réserves d'eau souterraines. Leur volume total vient d'être estimé à 660.000 km3, soit 100 fois plus que celui des précipitations annuelles ou 23 fois plus que celui des eaux de surface stockées au sein des lacs (informations publiées dans la revue Environmental Research Letters ; ERL).
Une nouvelle découverte présentée en juillet dernier par Martin Quinger, du German federal institute for geoscience and natural resources (BGR), arrive à point nommé pour confirmer, s’il le fallait encore, les conclusions de l’étude d’Alan Mac Donald. Il s’agit d’une nappe aquifère théoriquement capable d’alimenter près de 40 % de la population namibienne (environ 800.000 habitants) durant 4 siècles (au taux de consommation actuel). Jusqu’à présent, ces personnes vivant dans le nord du pays, une région sèche, devaient s'hydrater grâce à de l'eau saumâtre apportée par un canal vieux de 40 ans.
Ohangwena II, un réservoir tampon contre le réchauffement.
Ohangwena II, la nouvelle nappe trouvée en 2006 et étudiée depuis, se situerait à 300 m de profondeur. Rien qu'en Namibie (elle empiète également sous l’Angola), elle s'étendrait sur 70 km en longueur et 40 km en largeur. Le volume de liquide contenu dans ses roches serait d’environ 5 milliards de m3. Malgré ses 10.000 ans, l’eau serait tout à fait potable, notamment car aucune pollution ne l’a détériorée durant sa percolation à l’époque.
Cette nappe présente un avantage considérable par rapport à ses homologues du Sahara : elle peut se recharger ! Une exploitation durable est donc envisageable. Une seule condition s’imposerait alors : ne pas consommer plus de 30 % de son volume, pour ne pas extraire plus que ce qui rentre. Le pompage sera simple et peu coûteux puisque l’eau est naturellement mise sous pression. Néanmoins, la localisation des installations d'extraction doit être choisie avec une grande précision car Ohangwena II repose sous une seconde nappe d’eau… salée. Les forages sauvages ou positionnés aléatoirement sont à proscrire, ils pourraient créer des connexions entre les deux réservoirs, au risque de contaminer l’eau douce.
L’agriculture est relativement limitée au nord de la Namibie, région parcourue par seulement deux cours d’eau. La découverte de cette nouvelle source d’eau pourrait donc révolutionner la production agricole locale en l’autorisant à s’étendre sur de plus grandes surfaces grâce à l'installation de dispositifs d’irrigation. Un réservoir qui pourrait également constituer un allié dans la lutte contre les conséquences du réchauffement climatique. Selon les estimations, l’eau contenue dans Ohangwena II permettrait en effet de résister à 15 années de sécheresse… de quoi autoriser la population à entrevoir l’avenir sous un meilleur jour.