De Rio 92 à Rio 2012 : et si la crise économique permettait enfin d'évoluer sur la question du développement durable ?
La Conférence internationale sur l'environnement commence ce mercredi à Rio. Il y a vingt ans, son aînée avait déjà déchainé les passions sur les mêmes problématiques. Dans un contexte de crise mondiale, les questions écologiques pourront-elles relancer à la fois l'appareil économique tout en protégeant notre environnement ?
Comment concilier développement et environnement ? La question fut posée pour la première fois aux gouvernements à la conférence organisée par les Nations Unies en 1972 à Stockholm. Depuis, les décideurs politiques du monde entier se retrouvent tous les 10 ans. Le prochain Sommet de la Terre qui se tient à Rio du 20 au 22 juin est donc le quatrième du genre. Il ne viendrait pourtant à personne l’idée de parler de Stockholm + 40 ! Qu’a donc introduit de si particulier la conférence de 1992 ? Et que subsiste-t-il, 20 ans après, de son illustre éponyme ?
En premier lieu, la conférence de Rio de 1992 a introduit une rupture dans l’organisation des réunions internationales. Lors des précédents sommets, les gouvernements étaient les seuls acteurs convoqués dans l’enceinte des Nations Unies. Les représentants de la société civile restaient dans l’ombre, activant les leviers plus ou moins ambigus du lobbyisme. Le sommet de la Terre de 1992 a introduit une nouvelle façon d’organiser la coordination internationale avec la participation d’acteurs représentant la communauté scientifique et la société civile.
Pour appréhender les questions écologiques globales comme le changement climatique ou la biodiversité, les décideurs politiques ont besoin d’une information de qualité et accessible en provenance de la communauté scientifique. C’est la raison pour laquelle le Groupement des Experts pour le Climat (GIEC), créé cinq ans avant le sommet de Rio a joué un rôle essentiel pour alimenter les discussions sur des bases communes. Simultanément la présence de représentants de la société civile, syndicats, entreprises et organisations non gouvernementales, a fait passer le nombre de personnes concernées par le sommet de quelques centaines de négociateurs mandatés par les gouvernements à plusieurs dizaines de milliers de personnes représentant les différentes parties prenantes. C’est un facteur de complexité pour l’organisation des conférences, mais un levier majeur pour inscrire les discussions dans les débats de société.
Seconde nouveauté du sommet de 1992 : trois conventions juridiques internationales en matière de diversité biologique, de lutte contre la désertification et d’action face aux changements climatiques ont été signées puis ratifiées à sa suite par une grande majorité de pays dans le monde. C’est ce que rappellent régulièrement les organisations écologistes lorsqu’elles militent pour un nouvel accord climatique « juridiquement contraignant ».
Des trois conventions, c’est celle sur le changement climatique qui a le plus marqué la vie internationale. Elle a posé les bases d’une négociation continue sur les changements climatiques via la réunion annuelle de la « Conférence des Parties » ; elle a conduit à l’adoption du protocole de Kyoto qui a traduit les principes de la convention par des engagements de réduction d’émissions pour les pays riches assortis d’instruments économiques innovants : le mécanisme pour un développement propre a déclenché des investissements de plusieurs dizaines de milliards de dollars dans les pays en développement.
Les instruments du protocole de Kyoto sont aujourd’hui à bout de souffle e l’absence d’engagements suffisants des pays d’ici 2020. Il n’y aura pas d’avancée en la matière à Rio. Dans le meilleur des cas, la conférence débouchera sur une déclaration générale sur la « croissance verte » que chacun appelle de ses vœux sans en donner un contenu opérationnel.