Des citoyens cambodgiens s’organisent pour protéger les forêts

Publié le par Gerome

Pour lutter contre le trafic du bois des forêts cambodgiennes, des citoyens se sont constitués en véritables patrouilleurs et risquent leur vie. Leur colère a encore augmenté après le meurtre du plus célèbre d'entre eux, abattu par un agent de la police militaire le mois dernier.

 

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Frustrés par l'inaction des autorités cambodgiennes, des patrouilleurs-citoyens risquent leur vie pour lutter contre le trafic de bois qui décime les forêts du pays. Une réaction qui se fait encore plus virulente après que le plus célèbre d’entre eux, Chhut Vuthy, a été abattu par un agent de la police militaire le mois dernier. Il était à ce moment-là en train de collecter des preuves sur l'exploitation forestière illégale.

Il y a fort à parier que le gouvernement de Phnom Penh a tenu à étouffer l’affaire qui en dit long sur la politique environnementale du pays. En effet, les autorités ont été très critiquées pour avoir autorisé des entreprises proches du pouvoir à détruire des centaines de milliers d'hectares de forêts. Même les zones protégées ont été détruites pour planter des hévéas, des cannes à sucre ou pour construire des barrages. Les ONG qui se battent pour l’environnement ont lié ces concessions au trafic de bois, et accusé l'armée de protéger les entreprises.


"Etant donné l'inaction du gouvernement ou son incapacité à mettre fin à l'exploitation forestière illégale et à arrêter à la déforestation , je pense que c'est maintenant à la population cambodgienne de faire quelque chose", relève Ou Virak, président du Centre cambodgien pour les droits de l'Homme. Les villageois qui dépendent des forêts pour survivre ont donc décidé que les patrouilles forestières créées l'an dernier par le militant ne mourraient pas avec lui. "Nous sommes tous des Chhut Vuthy", ont lancé ses partisans lors d'un récent rassemblement en son hommage. "Nous devons protéger la forêt avant qu'elle ne disparaisse. La forêt est notre bol de riz" a lancé Chan Yeng, 58 ans, militante et patrouilleuse citée par l'AFP.


Une baisse des crimes forestiers grâce aux militants


Avec l'exploitation forestière illégale les forêts cambodgiennes ne couvraient plus que 57% du territoire en 2010 (contre 73% en 1990), selon l'ONU. Et les militants ne protestent pas en vain semble-t-il. Après avoir parlé aux trafiquants, collecté des preuves de leurs activités et les avoir empêchés de profiter des bénéfices du bois, Chan Yeng affirme avoir constaté une baisse des crimes liés à l'exploitation de la forêt.

Les patrouilleurs mènent aussi des actions coup de poing comme brûler des caches de bois rares valant des dizaines de milliers de dollars. En juin, ils ont prévu une action coordonnée d’envergure. Ils arpenteront alors les forêts de dix provinces. Une opération risquée, mais que les militants sont prêts à mener pour sauver leurs forêts.

 


Publié dans Les bonnes nouvelles

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