Des produits toxiques détectés dans les produits de quatorze grandes marques de vêtements
Le dernier rapport de Greenpeace ne fait pas dans la dentelle : sur les soixante-dix-seize échantillons provenant de quatorze grandes marques de vêtements * qu’a examiné l’ONG, cinquante-deux présentent des traces de substances chimiques toxiques. « Des éthoxylates de nonylphénol (NPE) ont été détectés dans deux tiers de ces échantillons », a souligné Li Yifang, représentante de l’association en Chine, lors de la présentation de l’étude.
Précisons que les NPE sont des produits couramment utilisés dans les détergents et dans la production de textile naturels et synthétiques. A priori inoffensifs, ils présentent cependant un danger lorsqu’ils se décomposent, mutant alors en nonylphénol (NP), un perturbateur hormonal susceptible à la fois de contaminer la chaîne alimentaire et de s’accumuler au sein des organismes, menaçant leur fertilité, leur système de reproduction et leur croissance.
Conçus pour la plupart en Asie (Chine, Vietnam, Malaisie, Philippines), les échantillons ont été prélevés dans dix-huit pays, dont huit Etats-membres de l’Union Européenne (UE), où l’utilisation du nonylphénol est officiellement interdite dans l’industrie textile depuis 2003. « Ce n’est pas seulement un problème pour les pays en développement (PED) où sont fabriqués les textiles : étant donné que des quantités résiduelles de NPE sont relâchées quand les vêtements sont lavés, ils s’insinuent dans des pays où leur usage est interdit », a résumé Li Yifang. Si les risques sont bien connus des professionnels, les entreprises textiles continueraient cependant de faire comme si.
« Toutes ces marques figurent sur la liste des entreprises qui cautionnent ce type de pratiques. Il est temps qu’elles aussi prennent leurs responsabilités », a enjoint Greenpeace dans un communiqué.
Ce deuxième volet n’est pas plus réjouissant que le premier, publié le 13 juillet dernier et selon lequel les fournisseurs des grandes marques textiles empoisonnent l’eau de certains fleuves chinois avec leurs déchets. Confrontée à de graves accusations, la direction de Nike s’est résolue à suivre l’engagement de celle de Puma, qui a promis de garantir à l’horizon 2020 « une transparence totale vis-à-vis de tous les produits chimiques rejetés par les usines […] et de mettre à profit son influence, ses connaissances et son expérience pour mettre un terme à l’utilisation de substances chimiques dangereuses par l’industrie du textile ». Il était temps !