Diable de Tasmanie : une arche de Noé pour les survivants
Le diable de Tasmanie, touché de plein fouet par une épidémie de cancer contagieux et incurable, est en voie d’extinction fulgurante. LesAustraliens, conscients du danger de voir leurs diables totalement disparaître de la planète dans les cinq ans à venir, ont crée un refuge dans le but de sauver l’espèce. Le but des concepteurs : offrir aux diables sains une chance de se reproduire.
L’île de Tasmanie est tout sauf un paradis pour ses diables. Les scientifiquesaustraliens l’admettent, le petit marsupial carnivore des lieux est menacé de « disparition inéluctable » par une épizootie de tumeurs faciales. Il est question ici d’une forme rare de cancer qui n’a été décrite et analysée qu’à partir de 1996. Et comme l’indique l’écologisteTim Faulkner, « la situation a eu le temps d’empirer radicalement depuis : la population a diminué de 91% en l’espace des 15 dernières années ».
Kathy Belov, professeur en génétique animale à l’université de Sydney a apporté un éclaircissement dans la revue Science : « Le diable de Tasmanie a un handicap : Il souffre d’un mauvais système imunitaire -son isolement sur sa petite île y a contribué-, ce qui empêche son organisme de reconnaître des cellules cancéreuses et donc de combattre cette maladie contagieuse qui le décime, à l’origine d’une formation d’excroissances qui apparaissent autour du museau et qui s’y développent jusqu’à ce que l’animal succombe, au bout de trois à six mois ».
Bien entendu, les soigneurs n’ont pas attendu pour tenter de trouver des solutions. Alors que la mise au point d’un vaccin permettant de sauver le diable de Tasmanie est encore bien hypothétique, les scientifiques se sont également orientés vers une seconde option : Ils ont crée un refuge, en Australie, à Tomalla Station sur le flanc des collines de BarringtonTops, au nord de Sydney. Et c’est dans cet espace, une ferme de 500 hectares qui a reçu le nom tout trouvé deDevil Ark (l’Arche du Diable, en référence à l’Arche de Noé), que des premiers diables en bonne santé, mâles et femelles, ont d’ores et déjà été accueillis. Ils y seraient autour d’une centaine à l’heure actuelle.
Selon le soigneur Adrian Good, affecté au lieu, « les premiers signes indiquent que les diables s’y sentent à merveille. 24 diablotins y sont déjà nés en 2011 ». Et, tout le monde l’espère, la tendance devrait se poursuivre. Les membres de l’espèce qui y éliront domicile pourront s’y reproduire pour, au final, être réintroduits sur l’île de Tasmanie. L’objectif est de parvenir à 350 diables à l’horizon 2016 avant de franchir le cap du millier après cette date. Et si tout se passe comme prévu, les diables pourront reconquérir l’île de Tasmanie dans 30 ans. Dans les enclos de Devil Ark, les animaux évoluent dans une végétation dense rappelant leur habitat naturel. Et au menu des diables figure un plat typiquement australien : des carcasses de kangourous !