Feux de forêt: l'Amazonie souffre du changement climatique

Publié le par Gerome

La forêt tropicale amazonienne, qui couvre 5,5 millions de km2, ne souffre pas uniquement de la déforestation, qui a réduit sa surface de près de 20% depuis 1970 pour la seule partie brésilienne. Elle est également victime d’un mal plus discret mais qui devient encore plus ravageur: les feux de sous-bois.


Jusqu’à présent, l’étendue du phénomène échappait largement aux objectifs des satellites d’observation de la Terre, en particulier ceux de la Nasa. Mais une nouvelle méthode d’analyse permet désormais de suivre leur activité, et les dégâts se révèlent supérieurs à ceux de la déforestation.

 

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Ces incendies masqués touchent le sud de la forêt amazonienne. Leur développement est lié à deux phénomènes simultanés. D’abord, l’activité humaine, de plus en plus importante sur la lisière sud de la forêt. Les hommes sont les auteurs des départs de feux (cuisine, camping, cigarettes, automobiles, restes de combustion des déchets agricoles…). Ensuite, le changement climatique crée des conditions favorables à la propagation des incendies sous couvert.

 

Alors que les feux de savane en Amazonie peuvent se déplacer à la vitesse de 100 mètres par minute, ceux de sous-bois ne progressent qu’à 0,5 mètres par minute et leurs flammes ne dépassent pas quelques dizaines de cm de hauteur. Mais ils peuvent durer pendant des semaines.

Lors des pires années (2005, 2007 et 2010), la surface touchée par ces incendies a été plusieurs fois supérieure à celle de la déforestation elle-même. L’étude de la Nasa estime que, entre 1999 et 2010, elle a atteint 85.500 km2, soit 2,8% de la surface totale restante de la forêt amazonienne.


Les résultats montrent également une absence de corrélation entre la déforestation et les feux de sous-bois. Pendant les années de plus forte activité pour la première (2003 et 2004), les incendies ont affiché leurs taux les plus bas.

 

Ce constat a fortement surpris les chercheurs. «Lorsque vous avez un feu de joie d’un kilomètre carré qui expédie des cendres incandescentes dans la forêt adjacente, pourquoi n’observe-t-on pas plus de feux de sous-bois?», se demande Doug Morton, responsable de l’étude au Goddard Space Flight Center de la Nasa.

Le coupable s’est révélé être le climat. En réalité, les fortes fréquences de feux de sous-bois coïncident avec une faible humidité nocturne. Cette dernière est mesurée par l’instrument AIRS (Atmospheric Infrared Sounder), qui se trouve à bord du satellite Aqua de la Nasa.


Preuve de cette corrélation, la présence de très nombreux feux de sous-bois dans des régions de réserves indigènes où la déforestation n’existe pas. Ce sont donc les mécanismes climatiques, associés aux pratiques humaines, qui rendent le sud de la forêt amazonienne si sensible aux feux de sous-bois.

La Nasa a, par ailleurs, établi un lien entre la température de surface de la mer et la fréquence de ces feux liée aux variations d’humidité des sols. Or, cette température de surface des mers est liée aux grands phénomènes climatiques comme El Nino, mais aussi au réchauffement de la planète.


Les chercheurs tentent maintenant de perfectionner leurs modèles en intégrant les informations provenant de plusieurs systèmes de mesure par satellite. Avec l’objectif d’anticiper la survenue de conditions favorables à la propagation des feux de sous-bois dans la forêt amazonienne.

 

 


Publié dans Nature

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