Inde: des villageois tentent un dernier effort pour contrer un projet d’implantation de centrale nucléaire
Le combat sans fin mené par des villageois pour stopper le nouveau projet de construction d’une centrale nucléaire en Inde semble aujourd’hui s’intensifier. La semaine dernière au moins 51 personnes ont été arrêtées par les forces de l’ordre. Le rassemblement a tourné à la violence entre policiers et manifestants après que des milliers de personnes aient passé la nuit sur une plage, protestant contre le projet de construction du «Kudankulam Nuclear Power Project» prévu dans le sud de l’Inde.
Le 31 août dernier, la Cour Suprême de Madras a rejeté une pétition visant à stopper l’avancement du projet controversé. Le gouvernement a, d’autre part, annoncé le chargement d’uranium dans les réacteurs de la centrale pour le 11 septembre.
«Depuis plusieurs semaines, le gouvernement parle de ‘faire le plein de carburant’, sans jamais évoquer de date précise. Alors que les décisions de la Cour Suprême allaient à l’encontre de demandes des protestants, nous avons changé notre manière de revendiquer et avons voulu quitter le village» explique Léon, un manifestant du village d’Idinthakarai.
Selon Léon, après que des manifestants se soient rassemblés devant l’église, le gouvernement a fermé tous les accès routiers allant vers Kudankulam. En réplique, environ 8000 contestataires se sont rendus à la plage située à environ 500 mètres du site samedi.
«Toute la journée de dimanche nous étions là et tout le monde a dormi sur la plage pendant la nuit. Le 10 septembre, alors que certains manifestants sont repartis chez eux un moment pour se rafraichir et que seulement 300 personnes sont restées sur place, la police est arrivée et à commencé à menacer les personnes présentes», explique Léon.
Selon les autres manifestants, lors d’un échange avec la police, les forces de l’ordre ont commencé à pousser quelques personnes. Puis, le groupe de contestataires a poussé de son côté. La scène s’est rapidement transformée en panique et des gaz lacrymogènes ont été utilisés.
«J’étais sur le rivage. Les officiers de police et les femmes parlaient. Soudainement, une bouteille de gaz lacrymogène s’est enflammée et à brûlé ma jambe. Je n’aurais jamais pensé qu’une telle chose aurait pu arriver», raconte Jeniker, des points de suture à la jambe.
La répression a été sévèrement critiquée par Greenpeace et Amnesty international.
Les villageois pensent que le site nucléaire représenterait un grand danger. Plus d’un million de personnes vivent à moins de 30km du site, un nombre d’habitants impossible à évacuer en cas de problème. La population s’en inquiète, ayant qui plus est en tête l’accident de Fukushima.
Dans un communiqué, l’activiste de Greenpeace, Karuna Raina réitère: «La mise en service d’une centrale nucléaire devrait être inenvisageable sans un consensus entre les parties prenantes».
Selon les médias locaux, après que les manifestants aient été «pris en sandwich» entre les policiers et la mer, plusieurs personnes n’ont trouvé comme défense que de jeter du sable. Certaines personnes ont été vues s’enfuyant dans des bateaux, tandis que d’autres sont restées longtemps dans l’eau lors des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre.
Gloudin, pêcheur du village et père de huit enfants, est un des manifestants ayant été blessé. Il a décrit comment tout s’est très vite passé: «La police cernait environ 300 activistes le lundi matin. Tout s’est déroulé en quelques secondes. Au moment où je me suis retourné, j’ai été frappé à la tête par un bâton».
Le 10 septembre, les protestations se sont étendues à une ville adjacente: Tuticorin. Un fermier y est décédé après que la police a ouvert le feu lundi soir, après une journée de manifestations. Mardi, le mouvement protestataire s’est aussi déplacé à Chennai et Coimbatore.
La police a inculpé plusieurs manifestants après qu’ils aient mis le feu à une maison. Le groupe a également bloqué la route allant de Tuticorin à Nagercoil et a tenté de stopper le train Mysore Express à la gare de Tuticorin.
Le jour suivant, les différents sur la question de la construction de la centrale sont parvenus jusqu’à la Cour Suprême par l’intermédiaire d’une pétition visant à restreindre le gouvernement de New Delhi et d’autres autorités de mettre en place ce projet controversé.
Dans un dernier effort pour barrer la route à l’uranium, l’activiste G. Sundarrajan a composé une pétition spéciale de retrait (Special Leave Petition – SLP) s’opposant à la décision de la Cour Suprême de Madras et invoquant la non-mise en œuvre des divers projets de l’équipe du gouvernement, qui «met en danger la sécurité de millions de citoyens».