L’Alsace s’ouvre à la géothermie profonde

Publié le par Gerome

L’idée est de tirer profit des températures anormalement élevées des profondeurs du bassin rhénan.

 

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Non, l’actualité énergétique en Alsace ne se résume pas à la seule fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin), prévue pour fin 2016. La plus vieille unité atomique française – elle a commencé à fonctionner en 1978 -, construite sur une zone sismique, en bordure du Grand Canal d’Alsace, en proie à de nombreux incidents ces dernières années et qui fait encore plus jaser depuis l’accident de Fukushima (Japon), représente environ les deux tiers de la consommation énergétique de la région, aussi sa mise hors service pourrait-elle sérieusement perturber l’alimentation locale en électricité.


Elle suppose en tout cas d’importants réaménagements et un soutien renforcé à l’énergie durable, dans une région qui est déjà l’une des plus écolos de l’Hexagone et même la première en termes de production d’électricité d’origine solaire. L’Alsace n’étant pas spécialement exposée aux vents, en plus d’être la troisième région la plus dense de France métropolitaine, il serait illusoire d’imaginer un déferlement d’éoliennes. On peut en revanche croire en une exploitation maximum de son potentiel géothermique et plus particulièrement de celui du bassin rhénan.


Ce dernier se distingue sur le plan géologique par des « températures élevées à des profondeurs relativement faibles (cinquante degrés celsius à quatre cents mètres, deux cents degrés celsius à cinq mille mètres) », détaillent nos confrères de Reuters, qui rappellent également que lesdites températures « ont permis d’y mettre en service, en 2008, une centrale électrique expérimentale d’1,5 gigawatts (GW) ».


Ils ont par ailleurs couvert l’inauguration hier du chantier de la future centrale géothermique de Rittershoffen (Bas-Rhin), laquelle fournira à l’horizon 2015 vingt-quatre mégawatts (MW) thermiques vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept à l’usine Roquette Frères (NDLR : Un groupe industriel spécialisé dans la transformation des céréales) pendant une durée minimum de vingt ans. Une première mondiale qui se traduira par une économie annuelle conséquente d’environ trente-neuf mille tonnes de CO2 (dioxyde de carbone) et qui constitue un formidable défi.

 

Un grand défi à relever


« Est-ce qu’on va trouver de l’eau ? Est-ce que sa température sera suffisamment élevée ? Est-ce que le débit sera suffisant ? », s’est ainsi demandé, interrogé par l’agence, Fabrice Gourdellier, président d’Ecogi, la société exploitante, propriété conjointe de Roquette Frères, d’Électricité de Strasbourg et de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC). Subventionné à hauteur de vingt-cinq millions d’euros par l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), cet ambitieux projet qui couvre une surface de deux hectares participe des objectifs définis par le Grenelle de l’environnement en matière de développement de la géothermie, une source d’énergie encore peu connue du grand public, mais qui assure déjà en partie, par exemple, les besoins en chauffage de l’aéroport d’Orly.


Pour l’heure, un mât de forage de quarante-cinq mètres de haut creuse un premier puits « dont le diamètre de quarante-sept centimètres au sommet se réduira à vingt centimètre en bas, à deux mille cinq cents mètres de profondeur », précise Reuters. Et d’ajouter : « C’est à cette profondeur que les géologues pensent trouver, dans une roche naturellement fracturée, une eau à cent quatre-vingt degrés offrant un débit de deux cent trente mètres cubes par heure qui validera le projet. »


Un second puits sera creusé l’an prochain afin de réaliser une boucle de convection de l’eau et ensuite de procéder à la construction de la centrale. « Un échangeur y transfèrera la chaleur de l’eau du circuit géothermique primaire, saturée de sel, à la boucle d’eau secondaire qui alimentera l’usine, à quinze kilomètres de là, via une canalisation enterrée et calorifugée », décrypte l’agence.

Un processus assez complexe donc, mais qu’Ecogi semble d’autant plus apte à maîtriser que deux décennies de recherche en géothermie ont été conduites dans la commune de Soultz-sous-Forêt (Bas-Rhin), située à quelques kilomètres de Rittershoffen. Certes coûteux, le projet, lui, a vocation à servir de vitrine à la géothermie, qu’il ne faudrait pas éluder lors du débat national sur la transition énergétique…

 

 


Publié dans Les bonnes nouvelles

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