L’énergie solaire deviendra de plus en plus attractive
L’énergie solaire au même prix que le charbon ? C’est ce que prévoit un groupe de réflexion formé par le gouvernement chinois. C’est du reste déjà le cas dans certaines régions australiennes et First Solar, leader américain du secteur, a créé il y a deux ans un module qui coûte seulement un dollar (0,69 euro) par watt (W) produit. Ce qui paraît aujourd’hui exceptionnel devrait toutefois devenir la norme dans les années à venir : selon un rapport du cabinet Ernst & Young publié cet été, fabriquer un module solaire à ce prix deviendra en effet monnaie courante.
Ainsi l’énergie solaire se vendra-t-elle moins cher avec le temps, mais même si des subventions gouvernementales viendront certainement favoriser elles aussi son développement et sa compétitivité à l’échelle locale, le photovoltaïque ne devrait pas devenir de sitôt la première source d’énergie au monde. Car si elle attire davantage de plus en plus d’investisseurs à l’échelle mondiale, la fabrication de panneaux solaires restera inévitable. Or celle-ci a un coût élevé, qui représente en moyenne 50% du budget total des entreprises de la filière, grosso modo 40% pour les plus grandes.
Alors comment gagner en rentabilité tout en construisant ses propres panneaux ? Cette équation que nombre de sociétés n’ont pas encore résolu aurait cependant une solution. Un fabricant de cellules solaires australien a en effet annoncé la semaine dernière qu’il allait délocaliser son usine en Chine, où les coûts de production sont moindres, d’où une concurrence féroce qui a fini par avoir raison d’Evergreen Solar, compagnie américaine pionnière qui vient de déposer le bilan et a préféré fermer son usine dans le Massachusetts en espérant qu’un repreneur chinois se présente.
La concurrence de l’Empire du Milieu a également des conséquences sur les entreprises françaises. Pour nombre de PME, le moratoire étatique de trois mois sur les projets de plus de trois kilowatts crête (KWc) a en outre été synonyme, au mieux, de ralentissement préjudiciable des activités. « La concurrence chinoise est-elle imbattable ? », titrions-nous en février dernier, alors que nombre de professionnels du secteur voyaient d’un (très) mauvais œil la décision du gouvernement d’instaurer un nouveau cadre. Persuadée du contraire, la ministre de l’Ecologie Nathalie Kosciuscko-Morizet, promeut aujourd’hui un concept « Made in France » qui revient à privilégier le qualitatif au quantitatif, contrairement à la Chine.
« Le dispositif précédent favorisait le volume et le prix, soulignait-elle mois dernier. La réglementation actuelle, elle, aspire à créer une excellence à la française qui sera consacrée par un label permettant aux entreprises françaises de « faire valoir leurs atouts en termes de performances et de fiabilité ». On attend maintenant de voir s’il sera suffisant pour que les entreprises chinoises, à défaut d’abandonner leur leadership, perdent des parts de marché.