L’engouement des riches collectionneurs pour les animaux exotiques menace la biodiversité
L’engouement croissant des riches collectionneurs pour les espèces exotiques n’est pas sans danger pour ces dernières.
Déjà critiqués pour leur participation au réchauffement climatique, toute-puissance pétrolière oblige, les pays du Moyen-Orient – qui, pour certains d’entre eux, ont tout de même commencé, assez timidement néanmoins, à prendre le pli de l’énergie durable – sont aussi dans le collimateur de plusieurs associations de protection de l’environnement en raison de la passivité de leur législation en matière de respect de la vie animale. Venus enquêter sur place, plus exactement au Yémen, nos confrères du Guardian mettent en avant l’engouement que suscitent les animaux exotiques dans les pays du Golfe auprès des riches collectionneurs.
De fait, le commerce est devenu de plus en plus lucratif, tandis que les espèces les plus demandées investissent des enceintes le plus souvent exiguës. Les lions, dont on a vu à plusieurs reprises qu’ils étaient désormais en danger en raison notamment de la destruction de leur habitat, sont les principales et les plus emblématiques victimes de ce phénomène, véritable dérive « bling-bling » aux conséquences bien réelles pour une biodiversité qui n’avait vraiment pas besoin de cela.
La majorité des espèces en captivité donnent des petits qui sont ensuite exportés vers l’Arabie Saoudite, frontalière du Yémen, avec lequel la frontière est, au moins par endroits, des plus « poreuses », les Émirats Arabes Unis et le Qatar. Directeur de la Born Free Foundation en Éthiopie interrogé par le quotidien, Stephen Brend juge le commerce « vaste, rentable » et peu sujet aux poursuites. « L’effet sur les populations d’animaux sauvages de la région, mais aussi sur la société civile est dévastateur et c’est sans doute pourquoi il est florissant », analyse-t-il, dénonçant en filigranes le manque criant d’ambition des règlements en vigueur.
«Il existe un sentiment selon lequel le crime contre la faune n’en est pas véritablement un »
« Une étude réalisée par le bureau des Nations Unies contre la drogue et le crime suggère qu’il existe des liens étroits entre les transferts illicites d’armes, de personnes, de drogues et d’espèces animales. Par conséquent, il semble que les animaux soient simplement une autre victime de l’anarchie », ajoute-t-il.
Responsable d’une ONG dédiée à la protection des léopards au Yémen également interrogé par le Guardian, David Stanton corrobore : «Il existe un sentiment selon lequel le crime contre la faune n’en est pas véritablement un. Les Yéménites qui sont impliqués dans le commerce des espèces sauvages savent certainement, pour la plupart, que ce qu’ils font est illégal, mais je doute que beaucoup d’entre eux estiment qu’il est contraire à l’éthique ou immoral. »
Immoral, ledit commerce est aussi – surtout – meurtrier puisqu’on estime que de 60 à 70% des animaux victimes de la traite vers les pays du Golfe meurent en transit. De même, trois cents bébés léopards mourraient chaque année.
Des données qui doivent faire réfléchir les pouvoirs publics concernés.