La lutte contre le réchauffement climatique a pris du retard
Les émissions de gaz à effet de serre (GES) en 2020 pourraient excéder de neuf milliards de tonnes le plafond fixé pour limiter le réchauffement de la planète, met en garde un rapport rédigé par trois groupes de recherche sur le climat.
Selon ce document présenté jeudi à Bonn, où les négociateurs de 180 pays sont réunis pour deux jours, certains pays ne semblent pas prêts à respecter les objectifs de réduction des émissions de dioxyde de carbone définis à Kyoto en 1997 pour éviter que le réchauffement de la planète dépasse deux degrés Celsius d'ici la fin du siècle.
Pour respecter ce seuil, au-delà duquel les effets sur les récoltes et la fonte des glaciers seraient catastrophiques, les scientifiques estiment que les émissions de GES ne doivent pas excéder 44 milliards de tonnes d'équivalent CO2 en 2020.
L'Agence internationale de l'Energie a annoncé jeudi que ces émissions avaient augmenté de 3,2% en 2011 pour atteindre un niveau record, à 31,6 milliards de tonnes.
Cette hausse est essentiellement provoquée par la Chine, principal émetteur de CO2 au monde avec une augmentation de 9,3%. Les émissions des Etats-Unis et de l'Europe ont en revanche baissé, respectivement de 1,7% et de 1,9%.
Les experts réunis à Bonn préparent un nouvel accord sur le climat qu'ils espèrent voir adopté au plus tard en 2015. Ils s'emploient à ce que les objectifs ambitieux de réduction des émissions soient appliqués après l'expiration du protocole de Kyoto à la fin de l'année.
Or, selon les auteurs du rapport, les disputes procédurières et les contraintes économiques ont déjà écarté un certain nombre de pays de la voie tracée.
"Il est clair que beaucoup de gouvernements sont loin d'appliquer les politiques qu'ils se sont engagés à mettre en oeuvre, politiques qui ne sont elles-mêmes pas suffisantes pour maintenir la hausse de la température en-dessous de deux degrés", estime Bill Hare, directeur de Climate Analytics.
"Nous avons déjà constaté un écart considérable et les politiques actuelles ont peu de chances de réduire cet écart. En fait, il semble même que c'est le contraire qui se produit", déplore-t-il.
Au rythme actuel, le réchauffement global de la planète va dépasser 3,5 degrés et cela pourrait même être pire si les objectifs 2020 ne sont pas tenus, prévient le rapport.
"Cela aurait des effets considérables sur les pays en développement", souligne Bill Hare. "Et cela aurait un impact majeur sur l'Europe avec des vagues de canicule, des pénuries d'eau et des problèmes de santé comme on n'en a jamais connus".