Le Canada veut autoriser l’entrée d’OGM non approuvés par ses experts
Le Canada pourrait devenir le premier pays au monde à autoriser l’importation d’aliments pour consommation humaine contenant de faibles quantités d’organismes génétiquement modifiés (OGM) non approuvés par ses propres agences de réglementation. Une décision économique pour le gouvernement fédéral, mais qui portera atteinte à notre système de salubrité alimentaire, disent les opposants.
Ottawa vient de terminer une deuxième étape de consultation sur une politique de gestion de la «présence de faibles quantités» (PFQ) de cultures GM dans tous les grains et produits alimentaires importés destinés aux humains et aux animaux. Les PFQ renvoient uniquement à des OGM non autorisés par le pays importateur.
Les pourcentages d’acceptation proposés sont de 0,1% ou 0,2%, qu’Ottawa juge «non susceptibles de poser un risque». Mais pour le Réseau canadien sur les biotechnologies (RCAB), qui regroupe des organisations opposées aux OGM de tout le pays, rien ne permet de dire que cette dose est sans danger, puisqu’elle ne repose sur aucune étude scientifique.
Pour sa part, l’Union européenne accepte des doses d’OGM qu’elle n’a pas approuvés jusqu’à 0,1% pour l’alimentationanimale et dans certaines circonstances seulement.
Le RCAB s’inquiète de l’effet qu’une telle acceptation aurait sur la confiance des consommateurs à l’égard de notre système de salubrité alimentaire. On demande aux Canadiens «d’accepter des aliments GM comme étant des aliments sûrs, même si Santé Canada ne les a pas jugés sûrs pour la consommation humaine», peut-on lire dans son mémoire au Comité permanent de l’agriculture.
Ottawa invoque de son côté la hausse prévue des cultures OGM dans le monde, qui passeront d’une trentaine à plus de 100 d’ici 2015, ce qui accroîtra nécessairement les cas de PFQ.
Tolérance zéro
De nombreux pays appliquent une politique de tolérance zéro envers les cultures GM non approuvées par leurs agences. Dès que des quantités infimes sont détectées, ces importations peuvent être rejetées. «Cela entraîne une certaine imprévisibilité et peut avoir des retombées économiques néfastes sur les échanges commerciaux mondiaux [...]. Ces dernières années, certaines perturbations du commerce attribuables à la PFQ ont coûté des millions de dollars aux négociants de céréales et aux économies locales», explique Agriculture et Agroalimentaire Canada sur son site Internet.
Le RCAB estime pour sa part que la politique n’atteindra pas les objectifs économiques souhaités. «Plutôt que d’améliorer la position des produits canadiens dans les marchés internationaux, il est fort probable que l’acceptation de la PFQ portera atteinte à la réputation internationale du Canada à l’égard de sa réglementation sur la salubrité alimentaire et de l’intégrité de son système alimentaire – car elle ouvre la voie à la contamination de notre système alimentaire, sans assurer une surveillance réglementaire nationale», écrit l’organisme. Le projet de politique est accessible à http://goo.gl/m8GU6.