Le Père Noël, gros polleur bedonnant
La faute à une empreinte carbone astronomique.
On l’a dit et répété et la communauté scientifique est désormais quasi-unanime : le combat pour atténuer le réchauffement climatique et ses impacts est (très) mal engagé. À ce stade, on voit mal en effet comment le seuil de deux degrés celsius pourrait ne pas être dépassé d’ici au milieu du siècle, voire plus tôt, d’autant que les Nations Unies tardent à s’entendre sur un accord contraignant et plus ambitieux que le Protocole de Kyoto en matière de réduction des rejets de gaz à effet de serre.
En l'espace d'une nuit, le Père Noël émet autant de gaz à effet de serre que le Qatar en un an...
L’énergie durable ne se développe pas assez vite, les pays dits du Sud s’inquiètent des difficultés de leurs homologues du Nord à trouver un terrain d’entente pour leur accorder le soutien financier et logistique conséquent dont ils ont besoin pour pouvoir espérer surmonter l’épreuve climatique, la pollution atmosphérique ne diminue pas à l’échelle planétaire : le tableau est noir et les prophéties funestes. Dans cette triste affaire, il se trouve que le Père Noël a lui aussi une part de responsabilité étant donné son bilan carbone.
Calculé par Ethical Ocean et déjà évoqué l’an passé dans ces colonnes, celui-ci est tout simplement désastreux. « En une seule tournée de cadeaux, le 24 décembre, le père Noël émet autant de gaz à effet de serre que le Qatar en un an », résume ainsi le site Internet Youphil.com. Impressionnant.
Des alternatives écologiques sont possibles
Plus précisément, le Père Noël rejetterait près de… soixante-dix millions de tonnes de CO2 (dioxyde de carbone) dans la nuit du 24 au 25 décembre. Une nuit au cours de laquelle, à sa décharge, il parcourt environ cent quatre-vingt-seize millions de kilomètres pour distribuer aux enfants du monde entier quelque trois cent vingt-et-un mille tonnes de jouets. Indissociables de « Santa Claus » (NDLR : le Père Noël est appelé ainsi dans les pays anglo-saxons), les sept rennes qui tirent son traîneau, eux, produisent du méthane, un gaz à l’effet de serre vingt-trois fois plus puissant que le dioxyde de carbone, et rejettent plus de quarante mille tonnes dudit dioxyde dans l’atmosphère.
Et ce n’est pas tout : de la production des matières premières à leur distribution, l’ensemble des présents que les enfants retrouvent au pied du sapin ont généré un peu plus de soixante-huit millions de tonnes d’émissions de CO2, dont neuf cent quatre-vingt-trois mille sont rejetées par l’usine du Père Noël, installée au Pôle Nord. Quant à l’emballage papier utilisé pour confectionner les paquets cadeaux, il engendre à lui seul une émission de deux cent quatre-vingt-quatre mille tonnes de CO2 dans l’atmosphère.
Des chiffres pour le moins élevés, mais qui n’ont rien d’une fatalité. Le progrès technologique rend en effet possible – et souhaitable – un verdissement allant de l’installation de panneaux photovoltaïques sur le toit de l’usine précitée (à plus forte raison parce que le Pôle Nord est sujet à des périodes d’ensoleillement de vingt-quatre heures six mois sur douze) à l’installation de batteries au sodium rechargeables semblables à celles installées dans les véhicules hybrides sur le traîneau. Ces batteries permettraient de surcroît au Père Noël de se déplacer plus vite et de ménager les cervidés, forcément exténués après un aussi long périple.
Concernant les emballages cadeau, rien ne l’empêche d’opter pour du papier recyclé et biodégradable constitué de fibres naturelles. Soulignons enfin que les jouets éco-conçus sont de plus en plus répandus. Avec tout cela, le Père Noël peut atténuer son impact environnemental. Et, ce faisant, (re)commencer à vivre avec son temps.