Le plus grand complexe photovoltaïque terrestre du monde a été inauguré en Allemagne
Situé près de Senftenberg, dans l’est de l’Allemagne, il a été construit en l’espace de trois mois sur l’ancien site minier de Meuro. Tout un symbole…
Très marqués par l’accident de Fukushima 1 (Japon), nos voisins d’outre-Rhin ont été des centaines de milliers à manifester pour réclamer une sortie du nucléaire dès les jours qui ont suivi le drame. Du pain béni pour les Grünen, qui militent depuis toujours pour que l’Allemagne révise son panache énergétique en accordant naturellement davantage d’importance aux technologies renouvelables.
À la tête d’un pays où l’atome a toujours déchaîné les passions et dans un contexte politique marqué par la forte poussée des écologistes – lesquels, avec le concours du SPD (parti social-démocrate), se sont même offerts le luxe de ravir le länder du Bade-Wurtemberg à la CDU et à ses alliés libéraux de la FDP -, la chancelière Angela Merkel a finalement donné un grand coup de pied dans la fourmilière en annonçant fin mai le démantèlement de l’ensemble des centrales nucléaires allemandes à l’horizon 2022. Une décision qui dans l’immédiat ne fait pas les affaires des compagnies nationales d’électricité E.ON, RWE et consorts (dans tous les sens du terme) et a également conduit Siemens à se recentrer sur les énergies propres.
S’il suppose de surcroît la mise en service de nouvelles centrales au gaz et au charbon et pourrait par conséquent remettre en cause les engagements pris par Berlin en matière de lutte contre le réchauffement climatique, le contre-braquage gouvernemental (NDLR : Mme Merkel s’était prononcée pour un allongement de la durée de vie des unités atomiques à l’automne dernier) est cependant aussi une aubaine pour les industriels des secteurs de l’éolien et du photovoltaïque. L’inauguration début mai du parc éolien offshore Baltic 1, le tout premier d’Allemagne à usage commercial, doit encourager les premiers. Les seconds, eux, ont certainement apprécié à sa juste valeur le raccordement au réseau électrique du complexe photovoltaïque dit « de Brandebourg », du nom du länder qui l’héberge.
Abritant quelque trois cent-trente mille modules cristallins fabriqués par l’entreprise Canadian Solar, il s’étend sur deux cents hectares. D’une puissance de base de soixante dix-huit mégawatts (MW) et à même de répondre aux besoins énergétiques de quelque cinquante mille foyers, ce « mégapark » « est une nouvelle preuve de la pertinence de l’Allemagne pour des projets de cette dimension », a commenté le ministre-président du Brandebourg Matthias Platzeck, qui l’a inauguré le 24 septembre dernier.
L’effort de développement de cet immense complexe, qui a coûté près de cent-cinquante millions d’euros et dont le financement a été assuré par trois banques allemandes, a été conduit par le promoteur berlinois Unlimited Energy. « Nous avons défini un périmètre de vingt-trois hectares uniquement pour les mélèzes, à l’extérieur du parc photovoltaïque. Les rangées de modules sont par ailleurs protégées par des ceintures coupe-vent et des ceintures vertes qui peuvent devenir un habitat de choix pour les oiseaux et d’autres espèces animales. Nous avons également attaché une importance toute particulière à la protection des plantes et des animaux lors de notre réflexion sur les concepts de maintenance du site », a précisé son directeur général Torsten Käsch.
« Les agglomérations et les communautés ne bénéficient pas uniquement d’un avantage environnemental : elles peuvent aussi bénéficier des revenus tirés de la taxation des parcs solaires ou des tarifs incitatifs lorsqu’elles les exploitent elles-mêmes. Les projets tels que celui-ci ont en outre un impact positif sur l’économie locale dans la mesure où la plupart des contrats de construction et d’exploitation sont confiés à des entreprises locales », a pour sa part souligné Dr. Shawn Qu, le PDG de Canadian Solar.