Le recyclage des mégots va bon train
Grâce au dénommé Tom Szaky…
Les fumeurs sont sans doute (très) rares à s’en rendre compte, mais l’impact environnemental de leurs mégots est considérable. Nonobstant la participation de la prospère industrie du tabac à la déforestation – quelque six cent mille arbres sont abattus chaque année dans le monde pour pouvoir honorer la demande [NDLR : La seule consommation de tabac serait par ailleurs à l’origine d’un rejet annuel dans l’atmosphère de deux millions six cent mille tonnes de CO2 (dioxyde de carbone) et de cinq millions six cent mille tonnes de CH4 (méthane) si l'on en croit une étude de la Fondation de recherche de la Florida State University (États-Unis) ] -, ceux-ci mettent en effet de longues années à se dégrader.
De quoi, pour les consommateurs sensibilisés à la cause environnementale, arrêter net ou moins radicalement opter pour la cigarette électronique. De quoi aussi applaudir la démarche de Tom Szaky, jeune PDG de l’entreprise américaine TerraCycle - installée dans le New Jersey et qui emploie une centaine de personnes dans le monde -, lequel peut se targuer d’avoir mis sur pied le tout premier programme au monde de recyclage des mégots de cigarettes.
« Lancé au Canada en mai, étendu depuis aux États-Unis et en Espagne, (ledit programme) assure la collecte des mégots et des cendres via des bénévoles, et leur transformation en plastique, ensuite utilisé pour de nouveaux produits, dont des… cendriers », résument nos confrères de l’AFP. Une manière intelligente de boucler la boucle et que finance – et promeut – l’industrie du tabac, qui a visiblement bien compris les bénéfices qu’elle peut tirer de sa contribution en termes d’image.
Conquérir l’Europe
Quel que soit le pays, les bénévoles (tous des adultes qui se voient récompensés par l’attribution de points pouvant ensuite être utilisés pour financer des projets caritatifs), eux, « récoltent les mégots et les envoient à l’antenne nationale de TerraCycle, qui paye même l’affranchissement », souligne l’Agence. Des mégots qui font ensuite l’objet d’un traitement minutieux puisqu’ils sont stérilisés avant d’être disséqués. Plus exactement, le papier et le tabac sont séparés avant de finir en compost. Quant à l’acétate de cellulose utilisé dans le filtre – une matière plastique -, il sera fondu et réutilisé pour faire toutes sortes de nouveaux produits qui seront à leur tour commercialisés, précise l’AFP.
Innovant et profitable à tous sans exception, le concept de M. Szaky, selon lequel de mille à deux mille milliards de mégots sont jetés chaque année dans le monde, a d’ores et déjà dépassé les espérances de ce dernier, pas peu fier : « Nous avons récupéré très vite plus d’un million de cigarettes. Des organisations formidables ont assuré les ramassages […] L’industrie du tabac était tellement enthousiaste qu’elle a lancé le programme aux États-Unis et en Espagne. Et dans les quatre prochains mois, il sera lancé en France, en Allemagne, en Suisse, en Autriche, en Norvège, au Danemark, en Suède, en Finlande et peut-être au Mexique. »
Et d’ajouter : « Quand nous sommes allés voir l’industrie du tabac, et leur avons montré le plastique que nous faisons à partir des mégots, ils n’en revenaient pas. » Malin, méthodique et visionnaire, M. Szaky veut cependant aller beaucoup plus loin et résoudre tous les problèmes de déchets qui existent – « et avant tout, les produits dont on pense qu’ils ne sont pas recyclables ».
Très vaste programme. Encore que son programme de collecte des chewing-gums est déjà au point…