Le WWF s'alarme du recul de la biodiversité
La biodiversité a reculé de 28% en moyenne depuis 1970, avertit le WWF dans un rapport mardi, ajoutant que deux planètes Terre ne suffiraient même pas à répondre aux besoins de l'activité humaine si rien n'est fait d'ici 2030.
Aujourd'hui même, ajoute l'organisation de défense de l'environnement, il faudrait que la Terre grossisse de moitié pour fournir assez de terres et de forêts face aux niveaux actuels de la consommation et des émissions de gaz carbonique.
Cette conclusion figure dans le rapport biannuel du WWF sur la biodiversité, qui recense les espèces végétales et animales.
Or les gouvernements ne s'orientent pas vers un accord sur ce dossier lors du sommet sur le développement durable qui aura lieu du 20 au 22 juin à Rio, vingt ans après le premier Sommet de la Terre dans la métropole brésilienne, déplore le directeur général de WWF International, Jim Leape.
"Je pense que nous nous inquiétons tous de voir que les pays qui négocient au sein du système des Nations unies pour aboutir à un résultat à Rio n'ont pas montré leur volonté de répondre vraiment à ces défis", a-t-il dit.
Le sommet Rio+20 devrait attirer quelque 50.000 participants dont des organisations écologistes résolues à faire pression sur les politiques pour que des objectifs soient fixés en matière de développement durable.
En 1992, la réunion de Rio avait ouvert la voie au protocole de Kyoto sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais les températures moyennes de la planète se dirigent malgré tout vers une "augmentation catastrophique" d'ici la fin du siècle, selon le WWF.
"L'INERTIE DU SYSTÈME"
Pour Jim Leape, les Etats peuvent prendre de nombreuses initiatives unilatérales sans être "pris en otages" par l'absence de progrès dans les négociations sur le climat pour remplacer le protocole de Kyoto, qui expire cette année.
Le directeur général de WWF International s'insurge par ailleurs contre les subventions aux énergies fossiles qui mobilisent selon lui plus de 500 milliards de dollars par an.
A la question de savoir pourquoi les défenseurs de l'environnement ne parviennent pas toujours à faire entendre leurs arguments, Jim Leape a répondu en dénonçant "l'inertie du système".
"Nous avons bâti au cours du dernier siècle une économie fondée sur les énergies fossiles en nous appuyant sur l'hypothèse que les ressources de la Terre étaient inépuisables. C'est la même chose avec les océans, où l'on prend du poisson comme s'il n'y avait pas de lendemain, comme si le poisson sera toujours là", a-t-il expliqué.
"Deuxièmement, nous le faisons dans un contexte de marchés qui continuent d'envoyer de mauvais signaux. (...) Les marchés peuvent bien fonctionner si les prix reflètent la vérité mais pour le moment, ils ne le font pas, avec d'énormes écarts."