Les biocarburants sont-ils aussi écolo qu'on a bien voulu nous le faire croire ?
Parmi les énergies renouvelables, les biocarburants de première génération ont suscité de très grandes attentes. Samuele Furfari constate que, soudainement, les écologistes eux-mêmes les ont voués aux gémonies. Extraits de « L’écologie au pays des merveilles »
Les biocarburants de première génération utilisent la partie noble de la plante. Le bioéthanol est produit à partir du sucre de la betterave sucrière, la canne à sucre, du blé ou du maïs par un processus de fermentation tout comme est produite la bière ou le genièvre. Le biodiésel est fabriqué par une réaction chimique entre de l’huile tirée de plantes oléagineuses – comme la graine de tournesol ou le colza – et du méthanol produit par la pétrochimie.
Les biocarburants de seconde génération seront produits par des réactions chimiques en tentant d’exploiter cette fois toute la plante. Travailler un sol pour ensuite ne tirer qu’une petite partie qui va servir comme carburant conduit à des surcoûts, de sorte que les biocarburants de première génération ne sont viables que parce qu’il y a des subsides octroyés à l’agriculture et des exemptions fiscales sur leur utilisation.
Par contre, travailler la terre qui va donner une plante qui sera entièrement transformée en carburant pourrait conduire à une réduction du prix de revient. Cette production se base sur la technique de gazéification du charbon, déjà hors de prix si elle est réalisée avec du charbon, une énergie pourtant concentrée ; en l’appliquant à la biomasse, une énergie diluée, les inconvénients seront plus grands encore…
Pourtant, la production de ce biocarburant de seconde génération est attendue avec intérêt. Mais il n’arrive pas sur le commerce, malgré des décennies de recherche… L’Italie a soulevé cette question lors du conseil « énergie » du 24 novembre 2011, en demandant s’il ne fallait pas reporter l’obligation de la directive européenne, puisque le texte légal le permet. Mais cela n’a pas soulevé l’enthousiasme des autres États membres qui estiment qu’il ne faut pas revenir sur la décision prise.
Les écologistes considèrent que les biocarburants sont le fruit pourri dans la magnifique corbeille des énergies renouvelables. L’hostilité des associations envers cette filière est énorme. Nombre d’études démontrent leur « non-durabilité ». Mais il faut se méfier des études, car il est aisé de leur faire dire ce que l’on veut démontrer. L’une d’entre elles, cependant, demandée par le G20 de novembre 2010, doit retenir notre attention.
Elle a été préparée par dix organisations internationales, dont la Banque mondiale et diverses agences des Nations unies, dont la FAO. Ce travail rapporte qu’entre 2000 et 2009, la production de bioéthanol a quadruplé, et celle de biodiésel a été multipliée par dix, une croissance exponentielle due à la volonté des gouvernements de rendre obligatoire leur usage et, partant, de subventionner leur production. Selon cette étude, le prix des graines, des oléagineux et des huiles végétales devrait augmenter respectivement de 13 %, 7 % et 35 % par an entre 2013 et 2017.
Comme les agriculteurs sont stimulés par ses prix subventionnés, ils abandonnent leur production de blé pour ces produits, nécessaires aux carburants synthétiques. La production de bioéthanol absorbe 20 % de la production mondiale de sucre de canne et 4 % de celle du sucre de betterave. En estimant que cela a des conséquences sur l’alimentation des populations des pays pauvres, cette étude conclut que les dirigeants du G20 devraient mettre fin aux mécanismes de soutien ou d’obligation de consommation des biocarburants ainsi produits. Mais reconnaître ses erreurs et revenir en arrière est difficile. Le G20 a préféré ne pas se prononcer.