Les pollutions agricoles pèsent lourd sur la facture d'eau
Selon un rapport du Commissariat général au développement durable, les régions les plus polluées par les pesticides et les engrais voient leur facture d'eau augmenter considérablement...
Les excès d’azote et de pesticides coûteraient entre 1.000 et 1.500 millions d’euros aux ménages français. Un rapport du Commissariat général au développement durable (CGDD), publié le 30 septembre, alerte sur les coûts d’épuration des eaux polluées par l’agriculture: pour les ménages des localités les plus touchées, les dépenses supplémentaires pourraient atteindre 494 euros par ménage ou 215 euros par personne et par an.
Sur les 1.000 à 1.500 millions d’euros annuels que coûtent les pollutions diffuses agricoles, le CGDD estime que la facture d’eau est alourdie de 640 à 1.140 millions d’euros. Le retraitement de l’eau potable et des eaux usées représente à lui seul 480 à 870 millions d’euros par an, auxquels s’ajoutent les coûts de nettoyage des captages eutrophes. Les surcoûts d’énergie liés au pompage des conduites encombrées par les algues et végétaux coûte ainsi de 60 à 100 millions par an.
Le recours à des captages en dehors des zones polluées et «systématiquement plus éloignés des agglomérations que les anciens», ainsi que le mélange d’eaux «contaminées» et d’eaux propres représentent 100 millions d’euros supplémentaires. Cette pratique, «qui n’est pas sans révéler un désarroi certain des collectivités locales concernées, écrit le CGDD, pose de vraies questions éthiques et a tendance à se généraliser depuis quelques années. Les producteurs d’eau potable des agglomérations disposant de plusieurs ressources d’eau d’origines géographiques distinctes se sont lancés dans le mélange des eaux contaminées avec les eaux «propres» au travers d’interconnections de réseaux de production d’eau potable».
Si l’on ajoute 220 millions d’euros liés à la consommation d’eau en bouteille pour l’alimentation des enfants en bas âge et 160 millions pour le filtrage de l’eau du robinet à domicile dans les zones les plus polluées, les ménages supportent quasiment l’intégralité du coût des pollutions agricoles qui nuisent à la qualité de l’eau.
On est donc bien loin du principe «pollueur-payeur»: «Sur 2007 et 2008, les agences de l’eau ont engagé 144 millions d’euros au titre de la lutte contre la pollution agricole alors qu’elles n’ont encaissé qu’environ 11 millions d’euros de redevance de pollution des agriculteurs: l’analyse des budgets des agences de l’eau fait ainsi apparaître un solde net annuel de 60 à 70 millions d’euros de dépenses dues aux pollutions agricoles et majoritairement financées par la redevance domestique, c'est-à-dire par la facture d’eau potable du consommateur domestique», relève le CGDD.
Une des solutions pour améliorer la qualité de l’eau dans les captages et réduire les coûts de retraitement consiste à favoriser l’agriculture raisonnée ou bio au dessus des captages.