Les villes les plus polluées de France
Si Paris occupe sans surprise la première place du classement établi par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), les villes suivantes ne sont pas forcément celles qu’on attendait.
Un (triste) rappel pour commencer : si l’on en croit l’estimation de l’OMS, la pollution atmosphérique, que les pouvoirs publics ont toutes les peines du monde à faire baisser, ferait chaque année quarante mille victimes sur le territoire national. Maladies cardiovasculaires, troubles pulmonaires voire cancers du poumon : le trafic automobile et l’activité industrielle toujours croissants ont en l’occurrence une responsabilité environnementale et sanitaire immense.
Tous deux contribuent activement à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, donc à l’aggravation du réchauffement climatique, et polluent gravement de nombreuses agglomérations du pays. La plus touchée est Paris, capitale européenne la plus dense, avec un taux de 38 microgrammes de particules fines PM10 par mètre cube d’air qui pourrait néanmoins baisser eu égard à l’ambitieuse politique de verdissement des transports mise en oeuvre par la municipalité. Inauguré en décembre dernier, le dispositif de location de voitures électriques Autolib’, pendant automobile du Vélib’, a en tout cas vocation à assainir l’atmosphère passablement « abîmée » de la Ville Lumière, tout comme la restitution d’une partie des voies sur berges de la rive droite aux piétons.
Avec un taux de 34 microgrammes de particules fines PM10 par mètre cube d’air, Antibes (Alpes-Maritimes), qui ne compte pourtant « que » 75 500 habitants, est l’inattendue deuxième du classement de l’OMS. D’aucuns auraient davantage pensé à Grenoble (Isère), construite dans une cuvette et régulièrement confrontée à des pics de pollution (), au Havre, à Rouen (Seine-Maritime) ou encore à Mulhouse (Haut-Rhin), grandes villes où l’activité industrielle est particulièrement soutenue.
Des atmosphères doivent être purifiées au plus vite
Viennent ensuite Lyon (Rhône), troisième commune la plus peuplée de France (environ 480 000 habitants hors agglomération), et Nice (Alpes-Maritimes), avec toutes deux 33 microgrammes de particules fines PM10 par mètre cube d’air. La métropole provençale a toutefois lancé elle aussi un dispositif de location de véhicules décarbonés en libre-service, en plus d’avoir considérablement étoffé son réseau de transports en commun.
Cinquième avec un taux lui aussi peu reluisant de 31 microgrammes, Valenciennes (Nord) (400 000 habitants, agglomération incluse) est quant à elle ex-aequo avec Marseille (Bouches-du-Rhône), deuxième agglomération de France, et Toulon (Var), une autre ville au trafic maritime intense. Les trois dernières places de ce « Top 10 » sont occupées par Montbéliard (Doubs), l’un des sites historiques du groupe automobile PSA, Lille (Nord) et, autre surprise, Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), trois villes qui affichent des taux légèrement inférieurs à 30 microgrammes de particules fines PM10 par mètre cube d’air.
Le classement de l’OMS rappelle, si besoin était, que les autorités nationales et locales ont encore beaucoup d’efforts à faire pour que la France, de surcroît sous la menace d’une amende de l’Union Européenne (UE), devienne une référence en matière de lutte contre la pollution atmosphérique. À quand les premiers péages urbains ? D’ici à leur hypothétique déploiement à l’entrée de certaines agglomérations où l’air devient de moins en moins respirable, le ministère de l’Écologie vient d’officialiser une refonte totale du dispositif des ZAPA (Zones d’actions prioritaires pour l’air), jugé injuste par les huit agglomérations volontaires pour une expérimentation – dont Paris, Aix-en-Provence et Lyon. Une nouvelle preuve que réduire la pollution de l’air n’est vraiment pas chose aisée…