Limiter le réchauffement climatique à +2°C n'est plus possible
Les accords internationaux, qui seront rediscutés au sommet de Durban dans un mois, seraient largement insuffisants pour ne pas franchir ce seuil fatidique...
C’est le seuil que les climatologues espéraient ne pas franchir: au-delà d’un réchauffement global de la planète de +2°C par rapport à l’ère pré-industrielle, le climat pourrait devenir imprévisible. Or, selon une étude parue dans la revue scientifique Nature fin octobre, il serait déjà trop tard pour contenir le réchauffement en dessous de cette limite.
L’équipe de scientifiques a étudié les émissions de gaz à effet de serre et leur impact sur le climat dans plusieurs cas de figure. «Parmi les scénarios qui permettraient de rester en-dessous de 2°C avec une probabilité supérieure à 66%, les émissions devraient connaître un pic entre 2010 et 2020 et descendre à 44 gigatonnes d’équivalent CO2 en 2020 (alors que l’on était à environ 48 gigatonnes en 2010).» Il faudrait donc trouver un moyen de faire baisser les émissions de CO2 de 8,5% par rapport à 2010.
Or, actuellement, les émissions de gaz à effet de serre continuent de croître d’année en année: entre 2009 et 2010, une augmentation record de 500 millions de tonnes de CO2 a été enregistrée par le ministère américain de l'Energie. Le 30 mai dernier, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) annonçait un niveau record d’émissions en 2010 dans les secteurs de l'énergie, de l'industrie et des transports et un record de concentration de CO2 dans l'atmosphère avait été mesuré à Mauna Loa (Hawaï) en mai. Alors que la science préconise un niveau maximum de 450 ppm (partie par million) pour contenir un réchauffement de l'ordre de 2°C, la concentration était alors d’environ 395 ppm.
Malgré les accords internationaux, notamment ceux de Cancun en décembre 2010, dont l’objectif était de limiter le réchauffement climatique à +2°C, les engagements pris par les Etats ne permettent pas, même s’ils étaient réalisés, de descendre à un niveau d’émissions permettant de rester sous ce seuil. L’augmentation des émissions de CO2 en 2010 est due majoritairement aux Etats-Unis, à la Chine et à l’Inde, mais d'importantes augmentations ont également été notées en Arabie Saoudite, Turquie, Russie, Pologne et Kazakhstan. La plupart des pays européens ont connu une augmentation modérée, mais seuls une poignée de pays a réussi à diminuer ces émissions, parmi lesquels la Suisse, l'Azerbaïdjan, la Slovaquie, l'Espagne, la Nouvelle-Zélande et le Pakistan.